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Formiris mise sur l’Europe
L’Europe de l’éducation est en marche. Référentiels communs, mobilité des étudiants et des enseignants, validation
des acquis de l’expérience se mettent en place. Une construction à laquelle Formiris a réfléchi en mai dernier.
Formiris a organisé, les 5 et 6 mai dernier, deux journées
d’étude sur la construction des parcours de professionnalisation
des étudiants, des enseignants et des salariés
en Europe. Un panel d’experts a ainsi aidé les 140 participants
1 à analyser la construction de l’Europe des intelligences
et ses implications sur la posture des enseignants.
« De quoi prouver que Formiris ne s’occupe pas que d’arbitrages
financiers mais sait s’ouvrir au vent nouveau de l’Europe
», a salué François David, président de l’organisme.
« Car il y a urgence à jouer l’investissement de la formation
dans ce domaine, lorsque l’on découvre que seuls 3 % des
étudiants profitent d’échanges Erasmus », complète Roger
Gaborit, secrétaire général de Formiris.
En effet, si la libre circulation des biens, mais aussi des personnes
et des savoirs, préside à la construction européenne, le
projet éducatif communautaire ne progresse qu’à petits pas.
Durant la dernière décennie, les processus initiés à Lisbonne
puis à Bologne ont néanmoins bâti des passerelles entre des
systèmes d’enseignement restés
très hétérogènes, souveraineté
des États oblige. Parmi les outils
favorisant la mobilité étudiante,
Élisabeth Arnold, experte en
formation professionnelle au
ministère de l’Éducation nationale,
a insisté sur l’importance
de ceux concourant à la reconnaissance
des diplômes entre
pays membres : l’Europass, un
portefolio avec, entre autres,
CV, cursus et compétences traduits
en langage communautaire,
mais aussi le cadre de
certification des diplômes et
un système de crédits pour
construire des équivalences
internationales. « Il ne s’agit pas d’harmoniser ni d’aligner les
référentiels en termes de durée ou de contenus mais d’organiser
la compatibilité des diplômes, de les rendre lisibles afin de
créer un climat de confiance ouvrant la voie à des collaborations
plus étroites. » Comme les formations communes existant
déjà dans le tourisme, par exemple, ou comme les
« doubles diplômes » élaborés entre équipes pédagogiques
partenaires. Collaborations que l’enseignement catholique
encourage, comme l’a rappelé Fulgence Koné, en charge de
l’international au Secrétariat général : « Nous accompagnons
les établissements et diocèses désireux de nouer des partenariats
éducatifs. Formiris est aussi engagé, avec six organismes
européens, dans un projet de formation au développement
durable. Nous pourrions également proposer des dispositifs
de formation ou des thèmes de recherche communs. »
Pour cela, les enseignants doivent changer de posture, comme
l’a démontré Jérôme Vignon, président des Semaines sociales
de France : « L’Europe de l’éducation se fonde sur le principe
d’une formation tout au long de la vie, accessible à tous, et sur
le concept de compétences. Un grand défi pour le système
français peu modulaire, peu ouvert aux décrocheurs et où les
clivages restent forts entre formation initiale et continue ainsi
qu’entre savoirs et aptitudes. »
Rôle crucial
Alberto, clown-analyste fait la synthèse humoristique de la table ronde sur la
mobilité professionnnelle à laquelle participaient (de g. à d.) : Fernand Girard,
délégué général du Sgec ; Anne Marie Charraud, du Conservatoire national des
arts et métiers ; Borhene Chakroun, chef de projet European Training
Foundation ; Philippe Lepeu, vice-président de Formiris Bretagne.
Pour relever ce challenge, Maurice Parodi, président du Collège
coopératif Provence-Alpes-Méditerranée, mise sur une pédagogie
à la Freinet et la logique de la VAE 2 . Le réseau des
établissements coopératifs alimente d’ailleurs une plate-forme
internet en six langues où échanges
et mutualisations participent
à construire l’espace formatif
européen. L’enjeu : « Bâtir une
communauté de pensée basée sur
l’interdisciplinarité, la transmission
didactique, une pédagogie
du sujet qui fasse la part belle à
la dimension collective et une réflexivité
qui garde l’action comme
perspective. » Un bémol, toutefois,
l’Europe entend développer cette
dynamique au service de la compétitivité
économique. Or, pour
forger une véritable conscience
européenne, Jérôme Vignon appelle
de ses vœux un projet éducatif
européen assis sur des valeurs
telles que la citoyenneté et l’interculturalité. Dans un monde
où la mobilité modifie les trajectoires professionnelles et les
organisations spatio-temporelles, interrogées notamment par
la formation à distance, les enseignants ont donc un rôle crucial
à jouer : donner du sens à ce mouvement perpétuel, faire vivre
de nouveaux espaces de coopération, diffuser une conscience
européenne…
virginie leray
1. Formateurs d’enseignants, directeurs de centres et d’organismes de formation, chefs
d’établissement premier et second degré, membres des universités catholiques, responsables
institutionnels (Formiris et Sgec) ainsi que des experts du CNRS, du Cnam et du Cereq.
2. Validation des acquis de l’expérience.
un titre européen qui s’Affirme
Mercredi 5 mai 2010, 24 Titres de formateurs d’enseignants et de cadres supérieurs pédagogiques ont été délivrés par Éric de Labarre,
secrétaire général de l’enseignement catholique. En quatre ans d’existence, cette certification a permis à 57 formateurs sur 80 candidats
d’obtenir une véritable reconnaissance professionnelle et institutionnelle, via la VAE. Ce Titre professionnel de niveau 1, reconnu aux
plans national et européen, est aussi accessible depuis 2008 par une formation de 440 heures délivrée par les cinq universités catholiques.
Formiris pilote ce dispositif suivi actuellement par plus de 250 personnes, pour la plupart des enseignants. VL
© V. Leray
N° 337, juiN-juillet 2010 Enseignement catholique actualités 11