Document PDF - ECA - Enseignement catholique actualites
Document PDF - ECA - Enseignement catholique actualites
Document PDF - ECA - Enseignement catholique actualites
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Actus/enseignement <strong>catholique</strong><br />
Un observatoire<br />
des programmes<br />
et des manuels<br />
A<br />
utour<br />
de Pierre Dussère (notre<br />
photo), pilote de l’observatoire des<br />
programmes et des manuels scolaires,<br />
quelques experts débattent de la<br />
façon dont quatre manuels d’histoire de 6 e<br />
traitent des débuts du christianisme. Tout<br />
est passé au crible par Françoise Ladouès,<br />
formatrice à l’Ispra de Bordeaux, dans un<br />
article qu’elle propose à la relecture : les<br />
titres, l’emploi du mot christianisme, le<br />
personnage de Jésus… L’objectif ? Mettre<br />
en ligne ce texte et d’autres, dans un magazine qui sera<br />
lancé à la rentrée sur le site <strong>Enseignement</strong> et religions 1 .<br />
« J’ai milité pour que ce groupe existe, explique Pierre<br />
Dussère 2 . Pour aider les enseignants à repérer le fait religieux<br />
et à le traiter dans leur discipline, il faut apporter un<br />
éclairage sur la façon dont il se trouve explicitement ou<br />
implicitement impliqué dans les programmes et les<br />
manuels scolaires. » C’est ainsi qu’est né, en juin 2008,<br />
cet observatoire au sein de la mission nationale Enseigne-<br />
Sept universitaires 1 , membres du conseil scientifique de<br />
l’Ifer 2 , ont réagi en mars dernier au projet du nouveau<br />
programme d’histoire en seconde. Dans un courrier<br />
adressé à Nicolas Sarkozy et à Luc Chatel, ils<br />
s’inquiétaient de l’appauvrissement que représenterait<br />
la disparition de l’étude des origines du christianisme<br />
en lycée. Leur lettre est restée sans réponse. La voici.<br />
Les réformes de ces dernières années<br />
avaient aidé à installer dans les programmes<br />
de seconde une approche des<br />
racines de la civilisation occidentale qui<br />
faisait une part significative au judéo-christianisme,<br />
et plus particulièrement à l’histoire<br />
des premiers mouvements chrétiens au<br />
temps de l’Empire de Rome. Cet apport<br />
permettait de rendre compte de la révolution<br />
culturelle engendrée par le christianisme<br />
dans les façons de vivre et de penser dans le contexte<br />
romano-pagano-hellénistique de l’époque. Il ouvrait à une<br />
approche des trois monothéismes juif, chrétien et musulman,<br />
appréhendés dans leurs liaisons historiques, leurs rapprochements<br />
et leurs spécificités.<br />
Ce chapitre du programme permettait de prendre en<br />
compte les importants travaux historiques développés<br />
depuis des décennies sur le champ des origines chrétiennes,<br />
travaux qui connaissent aujourd’hui un impact<br />
médiatique élargi.<br />
La disparition de cette problématique aurait des effets<br />
d’autant plus appauvrissants qu’il ne resterait, en guise de<br />
© S. Horguelin<br />
ment et religions. Il est composé d’une<br />
douzaine de participants, enseignants du<br />
second degré, IPR 3 , universitaires, qui<br />
représentent diverses disciplines. Parmi<br />
eux, René Nouailhat, bien sûr, pour<br />
lequel « ce groupe constitue une des initiatives<br />
les plus importantes du travail de<br />
discernement et de proposition poursuivi<br />
sur la prise en compte du fait religieux<br />
dans l'enseignement ». Pour le responsable<br />
du pôle <strong>Enseignement</strong> et religions du<br />
Sgec, il est en effet indispensable de<br />
regarder de près l’évolution des programmes.<br />
Et ce dernier de s’alarmer du<br />
fait que la réforme des programmes d’histoire<br />
en seconde « efface des aspects<br />
essentiels de cet enseignement » (cf. cidessous).<br />
Rien n’est décidément gagné en<br />
la matière ni avec le ministère de l’Éducation nationale ni<br />
avec les enseignants, souvent peu à l’aise pour aborder<br />
ces questions. D’où l’importance d’un observatoire qui a<br />
pour but de les outiller, via un site où ils trouveront des<br />
articles clairs et concrets écrits pour eux. sH<br />
1. Adresse : http://ens-religions.formiris.org - rubrique : « Observatoire des programmes<br />
et des manuels » (ouverture en octobre 2010).<br />
2. Il est aussi coordinateur de la mission <strong>Enseignement</strong> et religions pour l’Alsace.<br />
3. Inspecteurs pédagogiques régionaux.<br />
Les monothéismes déprogrammés en seconde<br />
Poisson dans les catacombes de Rome.<br />
présentation du christianisme privé de ses éléments constitutifs<br />
et de sa diversité initiale, que son seul « modèle »<br />
<strong>catholique</strong> et latin au temps de la chrétienté médiévale. Les<br />
conséquences sont tout aussi dommageables pour les<br />
autres monothéismes et les autres périodes historiques : le<br />
monde biblique effacé, le judaïsme encore réduit aux tragédies<br />
antisémites du xx e siècle, les Réformes du xVI e siècle<br />
évacuées, l’islam reposant une nouvelle fois sur le vide<br />
historique et anthropologique de ce qui l’a<br />
D. R.<br />
précédé et de ce qui a présidé à sa naissance<br />
et à ses développements.<br />
Au moment où l’on cherche, par une intégration<br />
plus importante des faits religieux<br />
dans l’enseignement, une meilleure intelligence<br />
des phénomènes historiques, cette<br />
disparition d’acquis significatifs des programmes<br />
précédents serait très regrettable.<br />
La suppression de l’histoire de la genèse<br />
des grandes religions est de nature à renforcer les schématismes<br />
et les représentations identitaires qui alimentent les<br />
communautarismes et la « sainte ignorance » de la culture<br />
dans laquelle ils se développent.<br />
La connaissance et la distance critique par rapport à l’inscription<br />
religieuse de sa propre culture sont les conditions<br />
nécessaires pour qu’un jeune puisse s’assumer pleinement,<br />
comprendre les autres et les respecter dans leurs différences.<br />
1. Mohammed Arkoun, Jean Carpentier, Jean Delumeau, Gérard Gobry, Philippe Joutard,<br />
René Nouailhat, Maurice Sachot.<br />
2. Institut de formation pour l’étude et l’enseignement des religions.<br />
12 <strong>Enseignement</strong> <strong>catholique</strong> actualités N° 337, juiN-juillet 2010