Document PDF - ECA - Enseignement catholique actualites

InItIatIves
associés à ce travail, a aussi été très enrichissante.
« Les élèves du dispositifrelais,
qui ont un problème d’image, sont
devenus tuteurs de certains de mes élèves.
La rencontre avec des non-voyants ou
des déficients visuels, a aussi permis de
libérer la parole autour du handicap »,
témoigne Hélène Olivier, enseignante
de l’UPI de Saint-Gabriel. Inscrits dans
le cadre du projet d’Agenda 21, des collégiens
du Likès, sensibles à la problématique
du développement durable, ont
eu la possibilité – par leur statut
« d’éco-délégués » –, de participer à certaines
étapes des chantiers de Kermaout.
Ce projet a donc généré une véritable
synergie institutionnelle, permettant des
rencontres et la naissance de liens forts
entre les différents acteurs : « Aéla, une
élève du dispositif-relais a pu venir faire
un baptême de l’air avec nous tandis
que ma déléguée de classe a visité l’archipel
des Glénan », se félicite Yvonne
Daoudal, enseignante de l’UPI du Likès.
Fort de cette aventure, Romain, 13 ans,
se prépare l’an prochain à réintégrer une
5 e générale : « J’ai réalisé ici que je ne
réussissais pas parce que j’étais trop
égoïste mais que si je me rendais utile
aux autres, les autres allaient pouvoir
m’aider. » Les séances dans le laboratoire
de SVT 3 à ciel ouvert lui ont aussi donné
le goût du travail en extérieur, comme
à Stéphanie, de l’UPI. Alors, pourquoi
pas paysagiste ? Il envisage un futur
possible.
Grand soulagement
Même chose pour Christophe, qui a
repris confiance, notamment grâce à un
stage dans une boulangerie pour lequel
il ne rechigne jamais à se lever aux
aurores. Il a déposé des dossiers d’inscription
en MFR 4 dans le but d’obtenir
son brevet et de poursuivre dans cette
voie en CAP 5 via l’alternance. Un grand
soulagement pour sa mère qui n’en
revient pas d’avoir dû attendre que son
fils perde pied, en 4 e , pour trouver un
dispositif adapté à ses difficultés :
« Dyslexique, Christophe traîne des difficultés
depuis le primaire. Tous ses
échecs l’ont fait terriblement souffrir.
Le jardin de plantes médicinales planté l’an dernier
est entretenu avec soin.
À tel point qu’il commençait à manifester
un comportement violent. Le projet
Kermaout et son travail en entreprise
l’ont métamorphosé. Au début il restait
en temps partiel dans son établissement
d’origine. Très vite, il est devenu interne
au Likès pour tirer tous les bénéfices du
dispositif. Il y a un manque cruel de
solutions alternatives. »
Pour que vive Kermaout, les partenaires
débordent de projets oxygénants
pour les élèves : la construction d’un
observatoire ornithologique sur le sentier
côtier, ou encore le partage d’expériences
en milieu naturel, dans le cadre
d’une collaboration avec la Suède (projet
Comenius Regio), voire avec un établissement
burkinabé, qui gère lui aussi
un jardin de plantes médicinales. Toujours
dans l’optique d’échanger et de
mutualiser les pratiques, une visite
d’étude sur site a été proposée du 7 au
9 avril dernier à des responsables de
l’enseignement catholique intéressés.
Une véritable invitation à enseigner
«hors des sentiers battus ».
1. Adresse : 20 place de la Tourbie, 29196 Quimper Cedex.
Tél. : 02 98 95 04 86. Internet : www.likes.org
2. Unité pédagogique d’intégration.
3. Sciences de la vie et de la Terre.
4. Maison familiale rurale.
5. Certificat d’aptitude pédagogique.
Le dispositif « À l’école de la forêt », proposé depuis 15 ans par les ministères
zde l’Agriculture et de l’Éducation nationale, s’adresse plutôt aux élèves du 1 er degré.
Il s’inscrit dans la généralisation de l’éducation à l’environnement pour un développement
durable (circulaire n° 2004-110 du 8 juillet 2004 parue au BO n° 28 du 15 juillet 2004).
Renseignements : www.ecoledelaforet.agriculture.gouv.fr
© V. Leray
QUELS DISPOSITIFS
ALTERNATIFS PRIVILÉGIER ?
Quelque 8 000 jeunes de moins de
16 ans menacés de décrochage, pour
cause de difficultés scolaires et/ou de
comportement, sont accueillis chaque
année dans des dispositifs proposant
une alternative au cursus classique,
comme la classe-relais du Likès, à
Quimper. Et il existe cinq autres types
de structures s’adressant à un public
en voie de marginalisation : les centres
Défense deuxième chance (Épide),
encadrés par d’anciens militaires, les
centres éducatifs renforcés, les centres
éducatifs fermés, les centres d’action
éducative (CAE), les foyers d’action
éducative (FAE). Malgré des résultats,
ces structures, expérimentales,
n’offrent de solutions qu’à un nombre
confidentiel de jeunes, alors que
plus de 100 000 d’entre eux quittent
chaque année le système scolaire
sans qualification.
Au lieu de miser sur une généralisation
de l’existant, depuis les états généraux
contre la violence à l’école, le ministère
envisage d’autres pistes comme des
centres de réinsertion scolaire, censés
répondre aux élèves ayant des
problèmes disciplinaires. Ils ont été
annoncés par Nicolas Sarkozy les
20 avril et 25 mai, lors de déplacements
à Bobigny et dans le Val-d’Oise, dans
son discours du 5 mai, et au gré
des faits divers ayant des établissements
scolaires pour cadre. Trois, quatre,
voire une dizaine de ces internats pour
les moins de 16 ans, encadrés par des
enseignants volontaires, des éducateurs
de la PJJ et des jeunes effectuant leur
service civique pourraient ouvrir à la
rentrée prochaine. Problème : « Il n’y a
pas d’enveloppe budgétaire spécifique »,
prévient Luc Chatel. Évoquant « une
logique d’expérimentation, sur très peu
d’établissements », le ministre de
l’Éducation nationale explique :
« Nous allons partir de l’existant, mais
en l’adaptant un peu, car aujourd’hui,
les dispositifs-relais n’accueillent pas
forcément des élèves perturbateurs,
mais en difficulté scolaire. […] Il n’y
aura pas de réponse unique, mais un
panel de solutions, en musclant les
structures existantes. » De quoi
interpeller lesdites structures. Et de quoi
rappeler à l’enseignement catholique
qu’il est urgent de proposer une prise
en charge des élèves difficiles, qui fasse
écho à son caractère propre. Pour que
souplesse et individualisation prévalent
sur des mesures coercitives… VL
44 Enseignement catholique actualités N° 337, juiN-juillet 2010