Document PDF - ECA - Enseignement catholique actualites
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DossIer<br />
D o s s I e r<br />
Face à la modification du rapport<br />
au temps, à la crise du sens, de la<br />
place de l’éducateur, des savoirs<br />
et de la transmission…, comment<br />
l’enseignement <strong>catholique</strong> peut-il s’inscrire<br />
dans le courant de la « modernité » et<br />
en même temps être cet espace relationnel<br />
indispensable à l’homme pour<br />
grandir ?<br />
Parmi les différents défis éducatifs vers<br />
lesquels les acteurs du réseau sont appelés<br />
à mettre le cap, le premier mis en lumière<br />
le 21 mai 2010 est un « bien-vivreensemble<br />
» qui fasse grandir chacun<br />
dans son originalité et lui permette de découvrir<br />
ses talents dans l’ambition de faire<br />
société. Or, face à l’excès d’individualisme<br />
et aux tentations de repli, rien n’est moins<br />
évident : « Concrètement, l’individualisme<br />
en classe se traduit par cette conception totalement<br />
erronée selon laquelle si on ne<br />
réussit pas on ne peut s’en prendre qu’à soimême<br />
et que tout se résume à une équation<br />
individuelle, analyse Xavier Nau, professeur<br />
de philosophie à Bordeaux. Notre premier<br />
travail consiste donc à donner confiance à<br />
chacun des jeunes, à porter sur tous un<br />
Les nouveaux horizons<br />
de l’espérance éducative<br />
Les profondes mutations culturelles,<br />
technologiques, sociales,<br />
économiques, professionnelles<br />
ne peuvent laisser le monde scolaire<br />
indifférent. Elles façonnent les<br />
contours d’une nouvelle navigation<br />
nécessairement de plus en plus<br />
solidaire et inventive.<br />
AURÉLIE SOBOCINSKI<br />
regard toujours renouvelé qui leur permette<br />
de trouver leur place, sans leur faire perdre<br />
de vue que la réussite est solidaire ou n’est<br />
pas, que le collectif est un élément de construction<br />
et de progression commune. »<br />
Car ce qui motive un élève, bien avant le<br />
projet professionnel, c’est sa place et sa reconnaissance<br />
dans le groupe, met en avant<br />
Louis-Marie Piron, chef d’établissement à<br />
Bourg-en-Bresse. D’où la nécessité selon<br />
Marie-Agnès Renault, directrice de l’Institut<br />
supérieur de formation des professeurs de<br />
Bretagne, de « repenser les relations entre<br />
les élèves, en les faisant travailler avec celui<br />
qui n’est pas forcément leur ami, en leur<br />
permettant au quotidien de se découvrir différents<br />
grâce à des temps institués d’échange,<br />
de partage, de débat, sous la médiation du<br />
discours de l’adulte et de la règle… ». Dans<br />
ce cadre, l’école est non seulement lieu d’apprentissage<br />
mais instrument d’une pédagogie<br />
du sens et du lien social.<br />
Cette réflexion doit porter plus largement<br />
sur l’organisation de l’établissement, ajoute<br />
Louis-Marie Piron. Elle suppose un accueil<br />
égal de toutes les familles, sans les enfermer<br />
dans leur origine, leur culture, leur conception<br />
de l’éducation. Elle invite à s’interroger sur<br />
l’homogénéité créée par le jeu des options,<br />
des classes de niveau… Elle appelle une vie<br />
en équipe intense et un management inventif<br />
qui supposent la participation de tous les<br />
membres de la communauté éducative, y<br />
compris les personnels de service et les parents.<br />
« Nous ne sommes pas encore allés jusqu’au<br />
bout du concept de communauté éducative<br />
qui fait qu’on partage une communauté de<br />
destin en osant porter les uns sur les autres<br />
un nouveau regard »,estime Denis Baguenard,<br />
délégué de tutelle pour les Frères de Saint-<br />
Gabriel.<br />
À l’heure de la tyrannie du zapping, de<br />
l’instantanéité, du court terme, une autre<br />
« Réenchanter l’école »<br />
« J’ai beaucoup aimé l’appel de M. Delevoye<br />
à réenchanter l’école car je suis convaincue<br />
qu’il faut communiquer aux élèves le bonheur<br />
d’apprendre. J’aurais souhaité que l’on parle<br />
davantage de l’exemplarité qui doit servir cet<br />
objectif : les éducateurs doivent témoigner<br />
qu’il est possible de s’épanouir dans son travail.<br />
En revanche, je refuse totalement l’idée que l’enseignant doive<br />
s’effacer devant l’élève ou qu’il faille déscolariser l’école alors<br />
que les jeunes manquent déjà de cadre, de repères. »<br />
Christine Dilger, présidente de l’Apel de la Côte-d’Or<br />
« Avoir l’audace de créer »<br />
« Les apports du 21 mai ont été très denses.<br />
J’aurais aimé toutefois que l’on s’arrête sur<br />
une dimension importante : la richesse de la<br />
mixité sociale. Quant aux chantiers prioritaires,<br />
il faut avoir l’audace de créer des<br />
espaces pédagogiques nouveaux. Formons<br />
des équipes qui aient à cœur de transmettre des savoirs qui s’interpénètrent<br />
! Cela implique bien sûr de décloisonner les disciplines.<br />
Autre urgence : proposer aux jeunes des lieux de<br />
gratuité et d’engagement humain et social dans la durée, des<br />
lieux de recherche de sens de la vie. »<br />
Sœur Nadia Aidjian, secrétaire générale de l’Urcec<br />
« Acquérir un sentiment d’appartenance »<br />
« Ce qui nous a été dit à Rungis n’est pas nouveau mais il est<br />
nécessaire de se réapproprier ces fondamentaux<br />
tous ensemble pour acquérir un sentiment<br />
d’appartenance qui n’est jamais gagné.<br />
Je retiens que “la fragilité n’est pas faiblesse”.<br />
Dans le monde d’aujourd’hui, les adultes et<br />
les jeunes sont bousculés de toutes parts.<br />
Compter avec la fragilité, c’est garder une<br />
espérance et tabler sur l’inattendu de la personne.<br />
»<br />
Agnès Lacroix, responsable du 1 er degré<br />
à la direction diocésaine d’Angers<br />
32 <strong>Enseignement</strong> <strong>catholique</strong> actualités N° 337, juiN-juillet 2010