Document PDF - ECA - Enseignement catholique actualites

Actus/enseignement catholique
Les parents veulent « autoriser l’autorité »
Pour son XVI e congrès, qui
s’est tenu à Montpellier
du 4 au 6 juin dernier,
l’Apel 1 a fait le choix
d’« autoriser l’autorité ».
« Un thème sur lequel
nous avons voulu réfléchir
sans nous laisser entraîner
dans les clichés »,
a souligné sa présidente,
Béatrice Barrraud, devant
une assemblée de
1 500 personnes.
Selon un sondage Apel/La Croix/CSA 2 qui a précédé le
congrès des Apel, l’autorité apparaît d’abord comme
le problème des autres : ils sont 82 % parmi les adultes,
66 % chez les jeunes à estimer que les parents en général
n’ont pas suffisamment d’autorité sur leurs enfants. Cependant,
les parents considèrent à une très large majorité (86 %) en
avoir assez sur leurs propres enfants, ce que confirment les
jeunes (à 89 %). Autre autorité en souffrance : celle des enseignants.
Deux parents sur trois reconnaissent qu’ils ne
soutiennent pas suffisamment l’autorité des professeurs et
un jeune sur deux le sait. Ce qui menace l’autorité des professeurs,
c’est en premier lieu la surcharge des classes, pour
quatre parents sur dix, avant le manque d’éducation de
certains enfants.
« Entre autorité raisonnée et autorité idéale, ce qui ressort
aujourd’hui, c’est un besoin de cohérence à la maison,
avec le projet éducatif de l’école, et de cohésion dans les
réponses apportées en communauté éducative», a déclaré
Dominique Dhooge, vice-présidente de l’Apel nationale,
en préambule au temps de réflexions et d’échanges.
En droit romain, a rappelé le philosophe Michel Serres,
grand témoin de ce congrès, le mot autorité, c’est d’abord
« auctor », qui désigne celui qui se porte garant d’un enfant
mineur, celui aussi qui est « auteur », responsable de ce
qu’il écrit et signe. Mais au-delà, le mot a un sens plus
profond encore : il vient du verbe latin « augere », qui
veut dire augmenter. « Ceux qui font autorité sont ceux
qui vous augmentent, qui vous élèvent. Celui qui vous
rabaisse n’a pas d’autorité. L’autorité n’a donc rien à
voir avec la soumission. »
Si l’autorité est en crise aujourd’hui, c’est parce qu’elle se
trouve à la confluence de trois histoires qui ont métamorphosé
notre rapport au monde, a expliqué pour sa part Luc Ferry,
ancien ministre de l’Éducation nationale : celle de la déconstruction
des valeurs et de l’autorité au xx e siècle avec
la chute de la population rurale, l’explosion de la mobilité…,
celle de la montée en puissance du monde de la
consommation, et celle enfin de la famille moderne centrée
sur l'amour de l'enfant.
Aboutissement d’un mouvement engagé dès la Renaissance
et l’apparition du projet moderne, les autorités « descendantes »
provenant du passé, du cosmos et de la théologie ne constituent
plus les références incontestées et ont laissé place à l’idée
révolutionnaire selon laquelle « l’augmentation » ne doit
© Apel
pas être cherchée ailleurs qu’en
soi-même, a précisé pour sa
part le philosophe Pierre-Henri
Tavoillot.
« Il y a besoin d’aller aujourd’hui
vers une autorité qui
intègre la globalité de la personne
de l’enfant et associe
parents et enseignants autour
de lui », a insisté la psychosociologue
Véronique Guérin.
Et d’encourager « toutes les
pratiques qui recréent le lien
école-familles ».
L’Apel n’a pas manqué de renouveler ses propositions en
ce sens. À commencer par la création de modules de formation
à la relation école/familles dans les cursus de formation
des enseignants de l’enseignement catholique et
la démultiplication des Rencontres Parents-Écoles ® dans
les établissements 3 .
Confiance
« Il n’y a pas d’autorité sans légitimité basée sur une
relation de confiance réciproque », a réaffirmé en clôture
du congrès Éric de Labarre, secrétaire général de l’enseignement
catholique, dans le « témoignage de confiance »
qu’il a adressé aux parents et au mouvement des Apel,
« élément essentiel de la constitution organique de l’enseignement
catholique ». Mais à l’aune des restrictions
budgétaires annoncées pour la rentrée 2011, une autre
relation de confiance essentielle semble interrogée : celle
avec l’État. « L’enseignement catholique n’entend pas se
soustraire aux efforts budgétaires mais l’effort demandé
doit être à la fois raisonné, débattu, juste et tenir compte
d'éléments comparables avec l'enseignement public. » En
réponse, Béatrice Barraud, a déclaré « ne pas exclure une
mobilisation prochaine ». As et Gdr
1. Association des parents d’élèves de l’enseignement libre. Internet : www.apel.fr
2. Publié dans La Croix du 2 juin 2010.
3. Voir ECA n° 336 avril/mai 2010, pp. 36-37.
© Apel
Apel : une nouvelle équipe
présidentielle
À la tête du mouvement des Apel, Béatrice
Barraud (notre photo), 56 ans, réélue pour
un mandat de deux ans à la présidence, fait
désormais équipe avec Caroline Saliou, 46 ans,
nouvelle vice-présidente. Chargée de mission
depuis deux ans au Bureau national en tant que trésorière, celleci
succède à Dominique Dhooge, dont l’engagement et la disponibilité
ont marqué le mouvement. La nouvelle équipe présidentielle
souhaite concentrer ses efforts sur la défense des moyens attribués
à l’enseignement catholique, l’équipement numérique des établissements,
l’intégration des enfants à besoins éducatifs particuliers,
la formation des présidents d’Apel, ou encore le jumelage avec
des associations européennes de parents d’élèves.
6 Enseignement catholique actualités N° 337, juiN-juillet 2010