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Le Libéralisme : Principes – Des Idées Vieilles Comme le Monde No.4que dans la Cité grecque, la citoyenneté reste un privilège. Ce sera un des apports duchristianisme de dire que tous les êtres humains sont égaux et ont les mêmes droits.C’est également dans le Taoïsme qu’on trouve la conviction qu’un ordre naturel s’instaurespontanément quand les êtres humains sont laissés libres d’agir : « Le bon ordre apparaîtspontanément lorsque les choses sont laissées à elles-mêmes. » (Zhuangzi). En mêmetemps que le principe de laissez-faire, les Physiocrates et leurs successeurs reprendrontcette idée d’ordre spontané, déclinée depuis Grotius au XVI e siècle jusqu’à Hayek au XX e .Mais ces principes de liberté ne sont que rarement respectés. Sauf quelques épisodesbrefs et localisés, une multitude de seigneurs locaux exercent un pouvoir le plus souventquasi-absolu, et se battent entre eux pour l’exercer. Ils trouvent un allié dans la religion,qui les aide à faire accepter leur pouvoir en les présentant comme les mandataires deDieu sur Terre. Malgré l’exhortation de Jésus, « rendez à César ce qui est à César, et à Dieuce qui est à Dieu », l’alliance des pouvoirs temporel et spirituels étouffe pendantlongtemps toute tentative d’évoluer vers une organisation libérale, voire de la proposer.Le libéralisme religieux se fait jour avec la Renaissance et la Réforme. Initialement, il neconteste pas le pouvoir temporel, mais demande aux rois de ne pas se mêler de religion.Un siècle avant la Révolution Française, John Locke est le premier à proposer une doctrinelibérale unifiée, où liberté politique et liberté religieuse sont présentées comme dérivantdu même principe philosophique de souveraineté de l’individu sur lui-même, fondant ainsila monarchie constitutionnelle que vont théoriser les philosophes des Lumières.Il va alors de soi que les actes économiques ne sont qu’un des domaines auxquels doiventêtre appliqués les mêmes principes libéraux. Jusque-là, des penseurs ont abordé desquestions morales isolées comme la légitimité du prêt à intérêt où la question du « justeprix ». Pour Thomas d’Aquin (XIII e siècle), seul Dieu peut connaître le juste prix des choses,et les humains doivent se contenter du prix qui réalise le meilleur compromis entre lesintérêts divergents du vendeur et de l’acheteur, autrement dit le prix de marché. Au XIV esiècle, Oresme condamne les manipulations de la monnaie par l’État. Toutes ces idéessont développées aux XV e et XVI e siècles par les Jésuites de l’École de Salamanque.Au XVII e siècle, Vauban supplie Louis XIV de se contenter d’un impôt uniforme de 10% surtous les revenus, affirmant que « l’argent le mieux employé est celui qui demeure entre lesmains du peuple ». Les famines du XVIII e siècle conduisent d’autres penseurs à conclureavec Boisguilbert, Quesnay, Vincent de Gournay et Turgot, que les mécanismes naturelsde fixation des prix créent les incitations à corriger la situation, et que toute interventiondu pouvoir pour empêcher la « spéculation » ne peut qu’aggraver le problème.Les grands synthétiseurs du XVIII e siècle, au premier rang desquels Turgot, Smith et Say,ne feront que rassembler, ordonner et prolonger toutes ces idées, faisant de l’économieune discipline distincte, mais dont l’objectif reste de comprendre l’ordre naturel, pas de leremettre en cause. Leur libéralisme en économie, qui dominera tout le XIX e siècle, est uneapplication du libéralisme philosophique des Lumières. En même temps, leur analyse dufonctionnement de l’ordre naturel confirme la nécessité, prônée par le libéralismepolitique, de limiter les pouvoirs de l’État. Ce n’est guère qu’au début du XX e siècle que leséconomistes poseront l’intervention de l’État en principe et se mettront à son service pourlui en donner les moyens, avec les résultats qu’on constate.- 28 -

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