11.07.2015 Views

La_Main_Invisible-Libres-100-auteurs

La_Main_Invisible-Libres-100-auteurs

La_Main_Invisible-Libres-100-auteurs

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Mon Travail, Mon Argent – Le Génocide Batelier No.20chacun de ses voyages, sans possibilité d’intervention sur les tarifs ni sur la modernisationdu réseau appartenant à l’État, sans autre choix que de courber l’échine et subir.Dans cet environnement défavorable, où la concurrence se joue entre un État toutpuissantaux moyens illimités et un artisan isolé suspendu au découvert autorisé par sabanque, comment est-il possible de rivaliser ? Comment lutter dans un pays où unchauffeur routier ou un conducteur de train est autorisé à être seul aux commandes de samachine, mais où l’on surveille attentivement la présence de deux personnes à la barred’une péniche lancée à la vitesse folle de 20 km/h, pouvant au pire couler, seule, au beaumilieu de la Seine sans faire courir de risque à quiconque si ce n’est à son capitaine ?Toutes les polices observant le plus grand zèle sur ce sujet les vendredis soirs lorsque nosépouses sont parties chercher nos enfants (au pensionnat toute la semaine), dans le butde nous infliger des peines de prison et des amendes disproportionnées, tels de grandscriminels.Mais peut-être le bilan économique et environnemental de notre activité justifierait-ilnotre disparition ? Prenons un exemple concret : imaginons le transport de 1 300 tonnesde céréales entre les villes de Montereau-Fault-Yonne (77) et de Rouen (76) distantesd’environ 220 km. Le bilan financier est simple : le coût du transport revient à 6€ /tonnepar péniche, 16€/t par camion et 16€/t par train. Voilà donc le résultat plutôt pitoyablede décennies d’investissement public en faveur des privilégiés de la SNCF et au détrimentde la batellerie, moyen de transport pourtant rapide, fiable et respectant l’environnement.Oui, car côté environnement, le bilan carbone n’est pas plus flatteur que le bilanéconomique pour cette SNCF surprotégée et dopée aux contributions publiques. Oncomptera 55 g de CO2 par kilomètre parcouru pour une bonne vieille locomotive, 196 gpour un camion, mais seulement 38 g pour la péniche faisant partie d’une flotte pourtantvieillissante en raison d’un sous-investissement chronique, car à investissement égal avecle fret ferroviaire, nous pourrions approcher le bilan carbone neutre ! Vous chercherezdonc l’erreur quand vous saurez que 82,9% du transport français s’effectue par la route,10% voie ferrée et seulement 1,9% par voie d’eau.Cette gabegie financière orchestrée par une gestion calamiteuse des pouvoirs publics àtous les échelons, couplée à un archaïsme portuaire des plus célèbres, n’a produit qu’unechose : une dégradation de la compétitivité française sur le fret et une fuite des tonnagesvers des pays plus enclins à la liberté comme les Pays-Bas avec Rotterdam, curieusementgrande place batelière. L’État français a réussi l’exploit de désarmer sa batellerie, rendrechroniquement déficitaire le transport par voie ferrée, rendre inévitable la délocalisationdu transport routier, tout en ratant l’explosion du fret maritime international récupéré pard’autres grands ports d’Europe.L’État français préfère fiscaliser un marinier âgé de 50 ans qui voudrait changer debateau pour investir dans un plus gros en le soumettant à l’impôt sur la plus value(amputant d’autant son budget), créer des « éco-taxes » stériles faisant payer un recyclagede déchets qui ne sont collectés par personne, pendant que le monde avance – sans nous– la croissance s’en allant en Europe du Nord, Asie ou ailleurs, laissant le batelier en calesèche dans un pré, telle la vache regardant le train passer… Impuissant, privé de saliberté, de sa dignité, mais debout, car fier de ce qu’il est ! Mais jusqu’à quand ?- 62 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!