<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>Plus <strong>de</strong> c<strong>en</strong>t cinquante élèves ont participé <strong>en</strong> 2006-2007. Mélissa Ferron(c<strong>en</strong>tre Saint-François-Xavier, Syndicat <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s Vieilles-Forges, Commission scolaire du Chemin-du-Roy) avoue qu’elle ne s’att<strong>en</strong>daitpas à gagner et <strong>en</strong>core moins à ce point, elle qui avait participé « pourl’amour <strong>de</strong>s mots, qu’elle écrit avec son cœur », comme <strong>en</strong> témoigne cetexte qu’elle a rédigé pour prés<strong>en</strong>ter son œuvre :Mes mots, mes chers mots.Je me souvi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> vous, d’une <strong>en</strong>seignante, <strong>de</strong> quelques lettres que je <strong>de</strong>vais composerpour un concours qui ne me disait ri<strong>en</strong>.Cette femme croyait <strong>en</strong> vous et <strong>en</strong> ma façon <strong>de</strong> jouer avec vous, je me suis donclancée.À cette époque, je voulais avoir ce bout <strong>de</strong> papier que l’on appelle diplôme, je voulaistrouver l’amour, un av<strong>en</strong>ir. Je voulais construire ma place avec les outils que le tempsm’apportait, finalem<strong>en</strong>t je voulais être bi<strong>en</strong> dans ma peau.J’ai composé et recomposé mes façons <strong>de</strong> voir la vie. Vous savez mes mots, meslettres que je vous aime.Vous ne m’avez jamais quittée, grâce à vous j’ai gagné, je me suis remplie <strong>de</strong> fierté etc’était la fête dans tout mon corps. Parmi toutes les écoles <strong>de</strong>s adultes <strong>de</strong> la province,nous étions les meilleurs, du coup, je croyais <strong>plus</strong> <strong>en</strong> mes capacités à relever les défis.<strong>Ma</strong>int<strong>en</strong>ant, mes chers mots, j’ai <strong>de</strong>ux papiers que l’on appelle diplômes pour mesétu<strong>de</strong>s secondaires et professionnelles. Je suis une préposée aux bénéficiaires, je suismariée et je vais bi<strong>en</strong>tôt fon<strong>de</strong>r une famille dans cette jolie maison que nous avonschoisie.Et je vous retrouve <strong>en</strong>core <strong>en</strong> parcelles <strong>de</strong> lettres, je vous acrostiche, je vous voismême <strong>en</strong>dormie. My love, je m’y love les mots, maint<strong>en</strong>ant et pour toujours.Mélissa a marqué la mémoire <strong>de</strong>s personnes qui l’ont accompagnée, et son<strong>en</strong>seignante <strong>de</strong> l’époque, Christiane Asselin, se souvi<strong>en</strong>t d’une jeune femmeattachante :La classe est pleine. J’offre un cours <strong>de</strong> grammaire aux élèves <strong>de</strong> la 1 re à la 5 e secondaire.Mélissa Ferron est <strong>en</strong> <strong>alphabétisation</strong> avec Jocelyne Hébert, son <strong>en</strong>seignante,aussi éprise qu’elle et moi du verbe et <strong>de</strong> la poésie. Avec la permission <strong>de</strong> Jocelyne,pour qui elle compose <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> poèmes, Mélissa assiste donc à mes cours.Jocelyne la sait <strong>en</strong> quête <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s qui savour<strong>en</strong>t l’écriture. Si la matière ne l’interpellepas vraim<strong>en</strong>t, les mots le font allègrem<strong>en</strong>t. C’est par cette porte que nous <strong>en</strong>tronsdans son univers où se bataill<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> textes qui veul<strong>en</strong>t sortir… Elle <strong>en</strong>écrit sans relâche et nous les partage comme <strong>de</strong>s trésors qu’ils sont.31
<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>Le concours est annoncé. Évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, je le propose au groupe <strong>de</strong> jeunes que jeconsidère comme <strong>de</strong>s artistes. Certains sont musici<strong>en</strong>s sans guitare, d’autres chanteurssans parole et <strong>en</strong>fin, quelques-uns poètes sans papier. Plusieurs élèvess’inscriv<strong>en</strong>t.Mélissa travaille fort. Les émotions jailliss<strong>en</strong>t avec une application nouvelle. C’est ainsiqu’elle remportera le prix. L’épopée <strong>de</strong> ce voyage à Montréal est gravée dans nosmémoires. Mélissa voit tout, photographie tout, cause <strong>de</strong> tout.Après la lecture <strong>de</strong> son texte, le brin <strong>de</strong> tristesse qui voilait parfois son regard est<strong>de</strong>v<strong>en</strong>u soleil levé. Elle signe <strong>de</strong>s autographes à chaque personne <strong>de</strong> la salle, mais pasn’importe comm<strong>en</strong>t : un poème exclusif pour chacune !Oui, ce jour-là, Mélissa Ferron, qui se t<strong>en</strong>ait <strong>en</strong> marge du mon<strong>de</strong>, y est véritablem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>trée, par la plume et par l’amour <strong>de</strong>s mots, mais aussi par ce concours qui lui apermis d’approfondir l’une et d’exister par l’autre.4. Mots fusionnésCoup <strong>de</strong> cœur2007Petit jardin <strong>de</strong> souv<strong>en</strong>irs, j’ai parsemé <strong>de</strong>s fleurs pour les couleurs <strong>de</strong> mesjours, pour la beauté <strong>de</strong> moi-même.Toi, petit soldat <strong>de</strong> pierre, tu gui<strong>de</strong>s mon cœur dans les éclats <strong>de</strong> granite,parcourant mes fantaisies multiples.Mon retour aux étu<strong>de</strong>s me ramène à toi, comme chacun <strong>de</strong> mes pas dans lajungle <strong>de</strong> la vie complexe.Des chiffres <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> lettres, <strong>de</strong>s lettres <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> mots.J’ai <strong>de</strong> la difficulté, car quand tu n’es <strong>plus</strong> là, je ne trouve aucun s<strong>en</strong>s à ma<strong>de</strong>stinée, je me refoule dans d’innombrables cahiers pour te trouver <strong>en</strong> parcelles<strong>de</strong> lettres. Je t’acrostiche, je te vois, même <strong>en</strong>dormie.Tu m’alphabétises dans la folie, tu me jures d’être mon ami, d’être là, aussiprés<strong>en</strong>t que les cheveux sur ma tête.32