<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Ainsi, nous pouvons concevoir <strong>de</strong> merveilleux poèmes, chansons,articles, scénarios, <strong>histoire</strong>s et même <strong>de</strong> touchantes missives.Ces précieux écrits faits à la main, il est dommage que, <strong>de</strong>puis l’arrivée <strong>de</strong>leurs rivaux, ces chers courriels, ils ai<strong>en</strong>t perdu leur pouvoir magique.Vraim<strong>en</strong>t dommage. Qui n’aime pas recevoir une <strong>belle</strong> lettre écrite avecminutie et att<strong>en</strong>tion ? Il y a aussi les <strong>histoire</strong>s, celles que nous avons lachance <strong>de</strong> raconter ou d’écouter. Ah ! Les <strong>histoire</strong>s ! Ces univers emplis <strong>de</strong>mots formant <strong>de</strong> merveilleux livres. Grâce à eux, nous avons la chance <strong>de</strong>voyager et <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong> nombreuses av<strong>en</strong>tures aussi excitantes les unes queles autres. Ce peut être un bref conte <strong>de</strong> fées que nous pouvons lire à notre<strong>en</strong>fant et qui le fait rêver toute la nuit. Sans oublier les <strong>histoire</strong>s qui sont <strong>de</strong>courts fragm<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> notre vie, <strong>de</strong> nos rêves et <strong>de</strong> nos espoirs.Ah ! Les mots, ils ont tant <strong>de</strong> pouvoir comme, <strong>en</strong>core, celui qui nous permetd’appr<strong>en</strong>dre ou bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> travailler ! Ils nous transmett<strong>en</strong>t l’<strong>histoire</strong>, celle <strong>de</strong>nos ancêtres, mais aussi <strong>de</strong> ceux qui ont combattu pour nous. Les motspeuv<strong>en</strong>t voyager à travers le temps. Qui ne connaît pas les Molière, les Hugoou, <strong>plus</strong> près <strong>de</strong> nous, les Nelligan, les Vigneault ? Qui ne connaît pas lapuissance <strong>de</strong> leurs mots ?Les mots sont magiques. Ils mérit<strong>en</strong>t notre respect. Ils mérit<strong>en</strong>t notre amour.Ils ne mérit<strong>en</strong>t pas d’être banalisés ou mal utilisés. Constamm<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>s motsmeur<strong>en</strong>t et d’autres naiss<strong>en</strong>t. C’est ce qui gar<strong>de</strong> notre langue vivante.J’imagine mal notre vie sans eux.Ils sont notre humanité.Pierre-Luc Audit, 2 e cycleC<strong>en</strong>tre <strong>Ma</strong>rius-Ouellet (Disraeli), CS <strong>de</strong>s AppalachesEnseignante : Nathalie Fecteau, Syndicat <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Amiante89
<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>24. La fourmi et la feuilleJe me suis réveillée et j’ai comm<strong>en</strong>cé à bouger chacune <strong>de</strong> mes six jambes.Une par une, elles ont comm<strong>en</strong>cé à participer, touchant délicatem<strong>en</strong>t un gazblanc qui m’<strong>en</strong>veloppait. C’était doux comme un oreiller, à chaque fois queje le touchais, il rebondissait vers moi délicatem<strong>en</strong>t et doucem<strong>en</strong>t.Les <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> mon corps, dur comme une armure, étai<strong>en</strong>t très lour<strong>de</strong>scomme si j’avais bu une boisson <strong>de</strong> cim<strong>en</strong>t qui avait glissé dans mon corps.J’avais l’impression que mon v<strong>en</strong>tre était plein <strong>de</strong> cette ancre <strong>de</strong> cim<strong>en</strong>t etma tête était un bateau flottant sur l’eau, sans int<strong>en</strong>tion délibérée. Cettes<strong>en</strong>sation d’être collée sur place m’empêchait <strong>de</strong> bouger, harponnée parl’ancre <strong>de</strong> cim<strong>en</strong>t.<strong>Ma</strong> tête était brumeuse et mes p<strong>en</strong>sées étai<strong>en</strong>t cachées dans un imm<strong>en</strong>sebrouillard, jouant à cache-cache avec moi, mais je ne voulais pas jouer.J’étais consci<strong>en</strong>te <strong>de</strong> mes p<strong>en</strong>sées et je sondais les <strong>en</strong>droits sereins, maiscomme <strong>de</strong>s fragm<strong>en</strong>ts qui nag<strong>en</strong>t dans une mer <strong>de</strong> sil<strong>en</strong>ce, elles n’étai<strong>en</strong>tpas touchables.Tout à coup, comme une bombe qui avait explosé, tous mes objectifs, mesobligations, mes p<strong>en</strong>sées se précipitèr<strong>en</strong>t vers moi <strong>en</strong> même temps. Je mes<strong>en</strong>tais comme quelqu’un sur qui on avait jeté un seau d’eau froi<strong>de</strong>, presquecongelée, sur la tête. Une chute d’eau remplie <strong>de</strong> fourmillants souv<strong>en</strong>irs seversait sur mon corps, laissant un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> r<strong>en</strong>ouveau rafraîchissant.Mon bateau flottant coulait pour rejoindre mon corps. C’était extraordinairecomm<strong>en</strong>t le cim<strong>en</strong>t dans mon v<strong>en</strong>tre s’était brisé immédiatem<strong>en</strong>t, comme laglace qui se fissure sur un lac p<strong>en</strong>dant l’hiver pour trouver le chemin le <strong>plus</strong>rapi<strong>de</strong>. Dans une flaque <strong>de</strong> transition, j’étais libre.Je <strong>de</strong>vinais le grand ciel bleu, tellem<strong>en</strong>t loin, une <strong>de</strong>mi-sphère qui protègetout. Les arbres autour <strong>de</strong> moi donnai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ombre aux <strong>en</strong>droits choisis parleurs amples branches. L’herbe était droite, comme au gar<strong>de</strong>-à-vous, avec unmilliard <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s au milieu <strong>de</strong> cette vaste florissante nature. J’aiprofondém<strong>en</strong>t accepté ma vulnérabilité dans ce champ émotionnel etdélicat.À cet instant, mes multiples yeux fur<strong>en</strong>t émerveillés par une feuille verte etbrillant d’une telle énergie. La petite feuille, cet aimant qui m’attirait, étaitcomme un oasis, un festin pour les yeux, au milieu du désert ; une pierre90