<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>dans les abysses noirs <strong>de</strong> la mélancolie et <strong>de</strong>s mauvais choix. Je me dis queje n’arriverai jamais à vivre sans lui. Je me lève donc pour trouver un moy<strong>en</strong>d’étouffer toutes les émotions <strong>de</strong> mon cœur.Je me r<strong>en</strong>ds dans ma salle <strong>de</strong> bain et me regar<strong>de</strong> dans la glace. Je n’ai l’air<strong>de</strong> ri<strong>en</strong>. Les yeux bouffis, les cheveux emmêlés et la peau si pâle. Puis soudain,j’éprouve l’irrésistible <strong>en</strong>vie d’aller le rejoindre. Sans pr<strong>en</strong>dre le temps<strong>de</strong> réfléchir, j’ouvre la pharmacie et pr<strong>en</strong>ds tous les médicam<strong>en</strong>ts qui s’ytrouvai<strong>en</strong>t.J’allais vraim<strong>en</strong>t le faire. J’allais sincèrem<strong>en</strong>t commettre l’irréparable pourlui. Je le voulais tellem<strong>en</strong>t...<strong>Ma</strong>is elle est arrivée et elle a tout changé !– <strong>Ma</strong>man !Mon <strong>de</strong>rnier souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> toi. Notre petite <strong>Ma</strong><strong>de</strong>line vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> perdre sonpapa. Et <strong>en</strong> la voyant, les larmes aux yeux, je me suis dit qu’elle ne pouvaitpas perdre sa maman. Elle est ma bouée, mon rivage et je m’accrocherai àelle... Pour toi... Parce que je t’aimerai toujours !Stéphanie Gagnon-Lafleur, 2 e cycleC<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s <strong>Ma</strong>skoutains (Saint-Hyacinthe), CS <strong>de</strong> Saint-HyacintheEnseignant : Louis Rousseau, Syndicat <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t Val-<strong>Ma</strong>ska21.B. Elle sera toujours làOn m’a raconté une fois, lorsque j’étais petite, que tous ceux qui vivai<strong>en</strong>taujourd’hui allai<strong>en</strong>t mourir un jour. Que chaque mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> bonheur quipasse, il faut <strong>en</strong> savourer tous les instants. Une seule petite chose peut toutchambouler, et ce, sans avertissem<strong>en</strong>t, pour <strong>en</strong>suite tout changer <strong>en</strong> souv<strong>en</strong>irslointains.Devant mon miroir, je m’observe. J’ai grandi. Le temps passe si vite que j<strong>en</strong>’ai même pas <strong>en</strong>core réalisé tout à fait ce qui s’est passé.83
<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>Dire qu’elle était <strong>en</strong>core là hier. Je me souvi<strong>en</strong>s avoir plongé mon regarddans le si<strong>en</strong>. Perdue dans sa tête, elle semblait placi<strong>de</strong>. Comme si elle neress<strong>en</strong>tait <strong>plus</strong> ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> l’extérieur. Elle montrait <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> fatigue évi<strong>de</strong>nts.Ses yeux cernés comme jamais, la vieillesse assombrissait son visagequi, autrefois, était si beau à regar<strong>de</strong>r.Après toutes ces longues années, sa peau était si douce sous la caresse <strong>de</strong>mes doigts sur sa main. Le sil<strong>en</strong>ce s’abattit sur la petite pièce blanche quisemblait, elle aussi, compatir au combat intérieur qu’elle m<strong>en</strong>ait. Seul lebruit <strong>de</strong>s battem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> son cœur nous accompagnait, comme une paisiblelitanie.Elle ne bougeait pas. <strong>Ma</strong>lgré tout son courage, elle savait que ça ne servaità ri<strong>en</strong>. Elle qui s’était battue p<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>s années durant une guerre qu’elleseule pouvait m<strong>en</strong>er. Elle a cru pouvoir s’<strong>en</strong> sortir. <strong>Ma</strong>is hélas, c’est écrit quel’on n’obti<strong>en</strong>t que rarem<strong>en</strong>t ce que l’on désire si ar<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t. Le résultat futnégatif. Résignée, elle att<strong>en</strong>dait avec impati<strong>en</strong>ce le mom<strong>en</strong>t où elle iraitretrouver celui qui lui avait tant manqué.Une larme s’échappa. Elle v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> moi. Une seule chance <strong>de</strong> laisser allerma détresse. Trop fière, je laisse rarem<strong>en</strong>t tomber ce masque que je mets <strong>en</strong>perman<strong>en</strong>ce sur mon visage. <strong>Ma</strong>is pour elle, c’est si facile. Son regard azurtombait sur moi, une <strong>de</strong>rnière étincelle au fond <strong>de</strong>s yeux. Elle leva péniblem<strong>en</strong>tle bras, j’avais compris.Je la pris donc dans mes bras. Je pouvais s<strong>en</strong>tir tous les os <strong>de</strong> son corps tantil était maigre. J’avais peur <strong>de</strong> la briser, <strong>de</strong> lui faire <strong>en</strong>core <strong>plus</strong> mal. Elle quiavait tant vécu. Elle aimait la vie, je me souvi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> toutes ces fois où elleme parlait <strong>de</strong> sa jeunesse. J’aimais beaucoup l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre parler. <strong>Ma</strong>is, pointpositif, je pouvais toujours s<strong>en</strong>tir sa chaleur rassurante, apaisante.Je me rappelle lorsqu’elle nous a annoncé que le cancer lui rongeait lecorps. Elle qui était si pleine <strong>de</strong> vie, la voilà maint<strong>en</strong>ant qui dép<strong>en</strong>dait <strong>de</strong>nous. C’était si dur <strong>de</strong> se dire qu’une personne comme elle, qui avait tantdonné aux g<strong>en</strong>s, <strong>de</strong>vait s’<strong>en</strong> aller d’une manière aussi pénible.Durant <strong>de</strong>s mois, mon petit frère et moi avons fait la navette <strong>en</strong>tre l’école, letravail et la maison <strong>de</strong> ma mamie. <strong>Ma</strong> mère dut pr<strong>en</strong>dre un autre emploi afin<strong>de</strong> pouvoir payer tous ses soins, tandis que mon père nous sout<strong>en</strong>ait dumieux qu’il pouvait.84