<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>De retour à l’intérieur, laissé à lui-même, il réfléchit quelques instants à lasituation dans laquelle il se trouvait. S’il s’attardait sur ses premières p<strong>en</strong>sées,il n’irait pas bi<strong>en</strong> loin, car tout ce qu’il avait <strong>en</strong> tête était qu’il était seulet <strong>en</strong>fermé au milieu <strong>de</strong> nulle part, coincé dans une tempête. Il se mit doncà fouiller un peu partout : dans les papiers, les tiroirs, les placards… Il essayamême <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> fonction les ordinateurs. <strong>Ma</strong>lheureusem<strong>en</strong>t, aucun nerépondait, à l’exception d’un qui n’affichait que <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> chiffres et <strong>de</strong>lettres sans aucune ordonnance appar<strong>en</strong>te. Le temps passait, ses idées sebousculai<strong>en</strong>t. Finalem<strong>en</strong>t, il mit la main sur une trappe qui se situait non passur le plancher ni au plafond, mais bi<strong>en</strong> sur le mur. Il l’ouvrit et traversa <strong>de</strong>l’autre côté. Il se retrouva dans ce qui semblait être un mélange <strong>de</strong> chambreà coucher, <strong>de</strong> salle <strong>de</strong> bain, <strong>de</strong> salon, <strong>de</strong> cuisine et <strong>de</strong> salle d’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t.La pièce n’était pas très gran<strong>de</strong>, mais tout y était. Voyant le réfrigérateur,malgré son manque d’appétit apparemm<strong>en</strong>t causé par les nausées qu’ilavait, il se dit que s’il était pour rester là quelque temps, un peu <strong>de</strong> nourritur<strong>en</strong>e lui ferait pas <strong>de</strong> mal. Lorsqu’il l’ouvrit, ri<strong>en</strong> ne s’y trouvait, mis à part uneinfime quantité <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> dans le congélateur.<strong>Ma</strong>is que faisait-il là, comm<strong>en</strong>t s’y était-il r<strong>en</strong>du ? Il ne se souv<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> ri<strong>en</strong>.Comm<strong>en</strong>t était-ce possible, qu’avait-il fait ? Lorsqu’il regarda par l’uniquef<strong>en</strong>être du bâtim<strong>en</strong>t, située dans la pièce récemm<strong>en</strong>t découverte, le tempsn’avait étrangem<strong>en</strong>t pas changé. Il v<strong>en</strong>tait toujours autant, la neige prisedans les bourrasques ne semblait jamais vouloir se déposer au sol. Le ciel,ni clair ni sombre, était du même gris terne et sans vie <strong>de</strong>puis maint<strong>en</strong>ant…il n’aurait su le dire. Il se s<strong>en</strong>tait seul au mon<strong>de</strong>. Il avait déjà exploré les <strong>de</strong>uxpièces au moins une c<strong>en</strong>taine <strong>de</strong> fois sans ri<strong>en</strong> y trouver <strong>de</strong> <strong>plus</strong>. Il était aussiinutile <strong>de</strong> retourner à l’extérieur puisqu’il était au milieu d’un champ <strong>de</strong>neige interminable et qu’il n’avait aucun vêtem<strong>en</strong>t chaud. Le désespoir legagnait petit à petit.Soudain, par magie, exactem<strong>en</strong>t comme dans un rêve, la police débarqua.Les ag<strong>en</strong>ts lui <strong>de</strong>mandèr<strong>en</strong>t s’il allait bi<strong>en</strong> et s’il était capable <strong>de</strong> marcher. Illeur répondit par un hochem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tête, puis ils l’emm<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t vers l’extérieur.Le <strong>plus</strong> étrange était que, comme lui, aucun n’avait <strong>de</strong> manteau.N’ayant pas trop le choix, il les suivit. Le petit groupe franchit le seuil qui lesséparait du champ <strong>en</strong>neigé. Le temps extérieur, toujours aussi maussa<strong>de</strong>, luidonna froid dans le dos. Quand ils dépassèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quelques pas l’<strong>en</strong>droit oùil semblait s’être arrêté <strong>plus</strong> tôt, ils traversèr<strong>en</strong>t une porte découpée à mêmele vi<strong>de</strong>. Il s<strong>en</strong>tit immédiatem<strong>en</strong>t une chaleur bi<strong>en</strong>faisante l’<strong>en</strong>vahir. D’où ilse trouvait à prés<strong>en</strong>t, il pouvait voir ce dans quoi il avait été <strong>en</strong>fermé. C’étaitune cage <strong>en</strong> verre un peu <strong>plus</strong> grosse qu’un gymnase munie <strong>de</strong> canons àneige et d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> v<strong>en</strong>tilateurs.71
<strong>Ma</strong> <strong>plus</strong> <strong>belle</strong> <strong>histoire</strong>Avant qu’il n’ait eu le temps <strong>de</strong> questionner tout le mon<strong>de</strong>, le policier <strong>en</strong>chef lui prés<strong>en</strong>ta la situation. Il avait été attaqué dans un bar cinq jours <strong>plus</strong>tôt pour <strong>en</strong>suite être am<strong>en</strong>é à un chercheur faisant diverses expéri<strong>en</strong>ces surles humains et, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, ses recherches n’étai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> aucun cas,approuvées par qui que ce soit. Celui-ci disait s’être écœuré <strong>de</strong>s animaux etvoulait <strong>de</strong>s sujets p<strong>en</strong>sants. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas dans laquelle il avait été impliquépar la force et sans vraim<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre compte à cause <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> ladrogue qu’on lui avait administrée consistait à savoir jusqu’où l’humain étaitprêt à aller <strong>en</strong> situation désespérée. Heureusem<strong>en</strong>t, cette fois-ci, les policiersétai<strong>en</strong>t fiers d’être arrivés à temps, car ce n’était pas la première situation dug<strong>en</strong>re qu’ils avai<strong>en</strong>t eue à affronter. <strong>Ma</strong>lheureusem<strong>en</strong>t, le résultat <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresopérations n’avait pas eu un dénouem<strong>en</strong>t aussi joyeux. En effet, lechercheur démoniaque leur avait causé bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s soucis durant les six <strong>de</strong>rnièresannées. En tout, il avait m<strong>en</strong>é à terme quatre expéri<strong>en</strong>ces du g<strong>en</strong>re,toutes aussi répugnantes les unes que les autres. Les trois premières victimesavai<strong>en</strong>t été retrouvées complètem<strong>en</strong>t démembrées et la <strong>de</strong>rnière avait finifolle et s’était mangé un pied et un bras, <strong>en</strong> <strong>plus</strong> <strong>de</strong> s’arracher la moitié ducuir chevelu.Le chef <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> policière, qui avait participé à toutes ces <strong>en</strong>quêtes,cesserait peut-être <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’insomnie <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sant aux autres victimespuisque le chercheur fou était maint<strong>en</strong>ant sous surveillance et <strong>en</strong> direction<strong>de</strong> la prison à sécurité maximale la <strong>plus</strong> redoutée <strong>de</strong> l’Amérique. Pour l’instant,le calme était rev<strong>en</strong>u. Peut-être pas éternellem<strong>en</strong>t, mais pour un bonbout <strong>de</strong> temps… du moins, l’espérait-il.Gabriel Bugeaud, Préparation aux étu<strong>de</strong>s postsecondairesC<strong>en</strong>tre Nouvel-Horizon (Québec), CS <strong>de</strong>s Premières-SeigneuriesEnseignante : Sylvie Pageau, Syndicat <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Québec72