LE PAYS DE GALLES, L'ECOSSE. 27L'I<strong>le</strong> de Man nous offre aussi un bel exemp<strong>le</strong> de résurrection celtique.El<strong>le</strong> possède un par<strong>le</strong>ment autonome, une société préservatrice dulangage Manx, des journaux, des services religieux de Manx, des éco<strong>le</strong>s,<strong>et</strong>c.Quant à la Cornouail<strong>le</strong> anglaise, son dia<strong>le</strong>cte, <strong>le</strong> cornique, n'est pasaussi éteint qu'on <strong>le</strong> prétend, nombre de famil<strong>le</strong>s <strong>le</strong> par<strong>le</strong>nt encore.« <strong>Le</strong> Cornubien, écrit <strong>Le</strong> Goffic, comme <strong>le</strong> Br<strong>et</strong>on de France, qu'ilrappel<strong>le</strong> si étrangement, est resté en communication permanente avecl'Au-delà. Il vit comme lui dans une sorte de familiarité douloureuseavec <strong>le</strong>s esprits des morts, il <strong>le</strong>s consulte, il <strong>le</strong>s entend <strong>et</strong> il <strong>le</strong>scomprend. »** *<strong>Le</strong> pays de Gal<strong>le</strong>s est considéré comme <strong>le</strong> plus ancien <strong>et</strong> <strong>le</strong> plusimportant des foyers ou éco<strong>le</strong>s du bardisme. Voici ce qu'écrit à ce suj<strong>et</strong>Jean Reynaud dans son bel ouvrage l'Esprit de la Gau<strong>le</strong> (p. 310) :« On peut dire que <strong>le</strong>s Druides, tout en se convertissant au Christianisme, ne se sont pas éteintstota<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> pays de Gal<strong>le</strong>s, comme dans notre Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> dans <strong>le</strong>s autres pays de sanggaulois. Ils ont eu pour suite immédiate une société très solidement constituée, vouéeprincipa<strong>le</strong>ment, en apparence, au culte de la poésie nationa<strong>le</strong>, mais qui sous <strong>le</strong> manteau poétiquea conservé avec fidélité l'héritage intel<strong>le</strong>ctuel de l'ancienne Gau<strong>le</strong> : c'est la Société bardique dupays de Gal<strong>le</strong>s, qui s'est maintenue comme société tantôt secrète, tantôt patente, depuis laconquête normande, <strong>et</strong>, après avoir primitivement transmis par voie ora<strong>le</strong> sa doctrine à l'imitationde la pratique des druides, s'est décidée dans <strong>le</strong> courant du moyen âge à confier secrètement àl'écriture <strong>le</strong>s parties <strong>le</strong>s plus essentiel<strong>le</strong>s de c<strong>et</strong> héritage. »En réalité <strong>le</strong> barde est un poète, un orateur inspiré. On peut l'assimi<strong>le</strong>raux prophètes de l'Orient, à ces grands prédestinés sur qui passe <strong>le</strong>souff<strong>le</strong> de l'invisib<strong>le</strong>.A notre époque <strong>le</strong> titre de barde a perdu de son prestige, par suite del'abus qu'on en a fait, mais, si l'on remonte au sens primitif du terme onse trouve en présence de fortes personnalités tel<strong>le</strong>s que Talièsin,Aneurin, Llywarch-Hen, <strong>et</strong>c. Après tant de sièc<strong>le</strong>s <strong>le</strong>urs mâ<strong>le</strong>s accents,lorsqu'ils affirment <strong>le</strong>ur patriotisme <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur foi, font encore vibrer <strong>le</strong>sâmes celtiques.Il ne faut pas voir dans l'oeuvre des anciens bardes un simp<strong>le</strong> exercicede la pensée, un jeu de l'esprit, une musique de mots. <strong>Le</strong>urs vers, <strong>le</strong>urschants, sont tout un commentaire <strong>et</strong> un développement des Triades, unenseignement, un art qui ouvre des perspectives immenses aux destinéesLE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr
LE PAYS DE GALLES, L'ECOSSE. 28de l'âme en l'é<strong>le</strong>vant vers Dieu. Il confère à ses interprètes une sorted'auréo<strong>le</strong> <strong>et</strong> d'apostolat.C<strong>et</strong> enseignement est en avance considérab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s temps qui vontsuivre. Prenons par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> Chant du <strong>monde</strong>, de Talièsin 15 : « Grandvoyageur est <strong>le</strong> <strong>monde</strong>, dit ce barde, tandis qu'il glisse sans repos, ildemeure toujours dans sa voie <strong>et</strong> combien la forme de c<strong>et</strong>te voie estadmirab<strong>le</strong> pour que <strong>le</strong> <strong>monde</strong> n'en sorte jamais ! » Il décrit la course duglobe à travers l'espace longtemps avant <strong>le</strong>s découvertes de Galilée quimirent fin à l'antique préjugé biblique de l'immobilité de la terre.Quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s contestations qui se sont é<strong>le</strong>vées sur la dateexacte de ces oeuvres, on ne peut douter qu'el<strong>le</strong>s ne soient de beaucoupantérieures à la science du moyen âge <strong>et</strong> il en est de même de l'ensemb<strong>le</strong>des Triades affirmant la nature spirituel<strong>le</strong> de l'être humain, l'évolution del'âme par étapes successives à travers des vies renaissantes, vérité que lascience actuel<strong>le</strong> commence seu<strong>le</strong>ment à entrevoir.Ces inspirés étaient aussi des voyants. <strong>Le</strong>urs facultés psychiques <strong>le</strong>urperm<strong>et</strong>taient de plonger dans l'avenir <strong>et</strong> d'y lire <strong>le</strong>s vicissitudes, <strong>le</strong>srevers, <strong>le</strong>s épreuves douloureuses qui attendaient <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s celtes.Mais ils savaient que l'idéal gravé en eux ne peut périr : Ils savaient quela souffrance trempe <strong>le</strong>s âmes <strong>et</strong> que plus tard ces peup<strong>le</strong>s rendraient auxcivilisations perverties par <strong>le</strong>s excès du matérialisme, <strong>le</strong> concept é<strong>le</strong>véqui fait toute la va<strong>le</strong>ur de la vie <strong>et</strong> montre à l'homme la voie droite <strong>et</strong>sûre.<strong>Le</strong>s grands ancêtres sont revenus plus d'une fois sur la terre, soit enAngl<strong>et</strong>erre, soit en France, en des corps nouveaux. Ils ont porté desnoms illustres que nous pourrions citer. Mais on a tant abusé des nomscélèbres que nous préférons laisser aux chercheurs <strong>le</strong> soin de <strong>le</strong>sreconnaître parmi ceux qui ont porté bien haut, à travers <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>flambeau de l'art poétique <strong>et</strong> de la pensée radiante.15 Barddas cad. Goddeu.LE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr