PREMIERE PARTIE-LES PAYS CELTIQUES._______CHAPITRE PREMIER-ORIGINE DES CELTES. - GUERRES DES GAULOIS. -DECADENCE ET CHUTE. - LONGUE NUIT ; LEREVEIL. - LE MOUVEMENT PANCELTIQUE.Aux premières lueurs de l'Histoire nous trouvons <strong>le</strong>s Celtes établis surune grande moitié de l'Europe. D'où venaient-ils ? Quel fut <strong>le</strong> lieu de<strong>le</strong>ur origine ? Certains historiens placent <strong>le</strong> berceau de <strong>le</strong>ur race dans <strong>le</strong>smontagnes du Taurus, au centre de l'Asie Mineure, dans <strong>le</strong> voisinage desChaldéens. Devenus nombreux, ils auraient franchi <strong>le</strong> Pont-Euxin (merNoire) <strong>et</strong> pénétré jusqu'au coeur de l'Europe. Mais, de nos jours, c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>héorie paraît être tombée en désuétude en même temps que l'hypothèsedes Aryens.M. Camil<strong>le</strong> Jullian, du Collège de France, dans son plus récentouvrage sur l'Histoire de la Gau<strong>le</strong>, se contente de fixer à six ou huitcents ans avant notre ère l'arrivée en Gau<strong>le</strong> des Kymris, branche la plusmoderne des Celtes. Ils venaient, croit-il, des bouches de l'Elbe <strong>et</strong> descôtes du Jutland, chassés par un puissant raz de marée qui <strong>le</strong>s avaitcontraints d'émigrer vers <strong>le</strong> Sud.Parvenus en Gau<strong>le</strong>, ils rencontrèrent une branche des Celtes plusancienne, <strong>le</strong>s Gaëls, qui s'y trouvaient fixés depuis longtemps <strong>et</strong> quiétaient de plus p<strong>et</strong>ite tail<strong>le</strong>, <strong>et</strong> généra<strong>le</strong>ment bruns, alors que <strong>le</strong>s Kymrisétaient grands <strong>et</strong> blonds. Ces différences sont encore sensib<strong>le</strong>s dansl'Armorique, où <strong>le</strong>s côtes de l'Océan, dans <strong>le</strong> Morbihan, sont peupléesd'hommes p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> bruns, mélangés d'éléments étrangers, atlantes oubasques, qui se sont fondus avec <strong>le</strong>s populations primitives, tandis quecel<strong>le</strong>s des Côtes-du-Nord ou de la Manche possèdent des habitants deplus haute stature auxquels sont venus se joindre <strong>le</strong>s Celtes br<strong>et</strong>onschassés de la grande î<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s invasions anglo-saxonnes.LE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr
ORIGINE DES CELTES. 6<strong>Le</strong>s vues de M. C. Jullian se trouvent confirmées par la parenté deslangues celtiques <strong>et</strong> germaniques, semblab<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>ur structure, <strong>le</strong>ursguttura<strong>le</strong>s, l'abus des l<strong>et</strong>tres dures, comme <strong>le</strong> K, <strong>le</strong> W, <strong>et</strong>c. Au milieu descourants migrateurs, qui se croisent <strong>et</strong> s'entrecroisent dans la nuitpréhistorique, la science trouve un procédé plus sûr dans <strong>le</strong>s étudeslinguistiques pour reconstituer la filiation des races humaines 1 .Nous ne r<strong>et</strong>racerons qu'à grands traits l'histoire des Gaulois. On saitque nos ancêtres ont, pendant des sièc<strong>le</strong>s, rempli <strong>le</strong> <strong>monde</strong> du bruit de<strong>le</strong>urs armes. Avides d'aventures, de gloire <strong>et</strong> de combats, ils nepouvaient se résigner à une vie effacée <strong>et</strong> tranquil<strong>le</strong>, <strong>et</strong> ils allaient à lamort comme à une fête, tant était grande <strong>le</strong>ur certitude de l'au-delà.On connaît <strong>le</strong>urs nombreuses incursions en Italie, en Espagne, enGermanie <strong>et</strong> jusqu'en Orient. Ils envahissaient <strong>le</strong>urs voisins <strong>et</strong>, de par laloi du choc en r<strong>et</strong>our, ils furent envahis par la suite <strong>et</strong> réduits àl'impuissance.L'âme de la Gau<strong>le</strong> se trouve dans ses institutions druidiques <strong>et</strong>bardiques. <strong>Le</strong>s druides n'étaient pas seu<strong>le</strong>ment des prêtres, mais aussides philosophes, des savants, des éducateurs de la jeunesse. <strong>Le</strong>s ovatesprésidaient aux cérémonies du culte, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s bardes se consacraient à lapoésie <strong>et</strong> à la musique. Nous exposerons plus loin ce qu'était l'oeuvre <strong>et</strong><strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> caractère du druidisme.Au commencement de notre ère <strong>le</strong>s Romains avaient déjà pénétré enGau<strong>le</strong>, remonté la vallée du Rhône <strong>et</strong>, après avoir occupé Lyon, ilss'avançaient jusqu'au coeur du pays.<strong>Le</strong>s Gaulois résistèrent avec énergie <strong>et</strong> firent subir parfois de rudeséchecs à <strong>le</strong>urs ennemis ; cependant ils étaient divisés <strong>et</strong> n'offraientsouvent que des résistances loca<strong>le</strong>s. <strong>Le</strong>ur courage, poussé jusqu'à latémérité, <strong>le</strong>ur mépris des ruses guerrières <strong>et</strong> de la mort tournaient à <strong>le</strong>urdésavantage. Ils combattaient en désordre, nus jusqu'à la ceinture, avecdes armes mal trempées, contre des adversaires couverts de fer,astucieux <strong>et</strong> perfides, fortement disciplinés <strong>et</strong> pourvus d'un matérielconsidérab<strong>le</strong> pour l'époque.Vercingétorix, <strong>le</strong> grand chef arverne, soutenu par la puissance desdruides, réussit un moment à sou<strong>le</strong>ver la Gau<strong>le</strong> entière contre César, <strong>et</strong>1 M. d'Arbois de Jubainvil<strong>le</strong>, dans ses cours du Collège de France, se livrait parfois à unedémonstration sur <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au noir afin d'établir la parenté des langues indo-européennes. Ilprenait un mot qu'il traduisait en gaëlique, en al<strong>le</strong>mand, en russe, en sanscrit, en grec, enlatin, <strong>et</strong> il se trouvait que, sous ces différentes traductions, ce mot avait une même racine.LE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr