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Société<br />
Explosions en zones urbaines<br />
«Au moment où nous avons quitté notre maison, elle a été bombardée […]. Nous avons<br />
accouru à l’intérieur, et je n’oublierai jamais ce que j’ai vu à ce moment-là. L’image de<br />
mes enfants dans un bain de sang […]». C’est le témoigne d’un père regardant sa fille<br />
Malak bénéficier d’une session de kinésithérapie au centre Handicap International du<br />
camp de Zaatari en Jordanie (voir photo). Interview de Patrick Le Folcalvez, kinésithérapeute,<br />
référent technique réadaptation et chargé de projets pour Handicap International.<br />
“<br />
Stopper l’utilisation<br />
des engins explosifs en<br />
zone urbaine, permettre<br />
la fuite des habitants des<br />
zones de conflit et faciliter<br />
l’accès de l’aide humanitaire<br />
”<br />
Malak, durant une séance de réadaptation, avec sa<br />
nouvelle prothèse<br />
©E.Fourt /Handicap International<br />
Bombes, mortiers, artillerie, grenades<br />
et engins explosifs improvisés; parleznous<br />
du rapport intitulé «Syrie, un<br />
futur mutilé»…<br />
Nos équipes sur le terrain ont recueilli des<br />
données sur l’impact des armes explosives en<br />
Syrie. Handicap International travaille sur la<br />
crise syrienne depuis 2012, une crise qui a<br />
fait plus de 250.000 morts, 4,8 millions de<br />
réfugiés (qui ont quitté le territoire) et 6,6<br />
millions de déplacés (restés en Syrie), ce qui<br />
concerne la moitié de la population syrienne.<br />
Nous avons recueilli les témoignages de plus<br />
de 68.000 personnes et avons relevé le type<br />
de blessures et les circonstances dans lesquelles<br />
elles ont été infligées. Parmi les types<br />
de blessures répertoriés et directement liées à<br />
la crise, 53% sont causées par les armes<br />
explosives: 17% des victimes blessées par<br />
armes explosives sont des enfants, 9% sont<br />
des personnes âgées, 21% sont des filles et<br />
des femmes; ce qui nous permet d’affirmer<br />
que la plupart des victimes sont des civils.<br />
Quels sont les traumatismes que vous<br />
avez relevés?<br />
Ils ont tous la constante d’être très complexes.<br />
Les effets de souffle sont la cause de<br />
graves dégâts et les fractures sont toujours<br />
multiples avec des foyers ouverts aux grands<br />
risques d’infections.<br />
L’heure entre le traumatisme et sa prise<br />
en charge médicale est déterminante pour<br />
la survie de la victime et les séquelles invalidantes,<br />
or on estime à 50%, les infrastructures<br />
médicales syriennes endommagées ou<br />
détruites. Souffrant d’un manque de personnel<br />
et de matériel, elles ne donnent pas<br />
accès à des soins médicaux suffisants, les<br />
blessures s’aggravent et les complications<br />
entraînent des paralysies et des amputations.<br />
Il ne faut pas oublier les répercussions psychologiques,<br />
car près de 80% des victimes<br />
souffrent de lésions psychiques. Elles peuvent<br />
se développer à cause de la souffrance<br />
d’une blessure physique comme du théâtre<br />
de guerre qui est le décor de réalités quotidiennes,<br />
de la peur permanente, ou de la<br />
perte de proches.<br />
Quelles sont les actions de Handicap<br />
International?<br />
Il y a deux mois encore, j’étais en mission<br />
en Jordanie afin d’envisager la continuité<br />
des services mis en place dans les camps.<br />
Nous y recevons les réfugiés blessés et<br />
handicapés, leur faisons un bilan, les soignons<br />
et leur distribuons une aide technique<br />
(distribution de béquilles ou de chaises<br />
roulantes par exemple). Nous leur prodiguons<br />
aussi des soins de réadaptation fonctionnelle.<br />
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<strong>LG</strong> - Juillet/Août 2016