Portrait du mois Profession: CEO Issu du secteur de la sidérurgie, Jean Lucius dirige des sociétés du domaine de l’énergie depuis presque une vingtaine d’années. Il voit la fusion qui a mené à la naissance d’Enovos comme sa plus belle réussite, prône les économies d’énergie pour augmenter la part du renouvelable dans le pays et s’intéresse de très près aux nouvelles technologies. Rencontre avec cet homme pragmatique mais néanmoins rêveur... Ingénieur civil métallurgiste Né à Luxembourg-Ville en 1956, Jean Lucius grandit non loin de là, à Howald. Il étudie à l’Athénée de Luxembourg, le lycée classique qui a formé entre autre Robert Schuman, l'un des pères fondateurs de la construction européenne, ou Jean Asselborn, l'actuel ministre des Affaires étrangères. «Ensuite, je me suis dirigé vers Liège pour faire des études d’ingénieur civil métallurgiste», raconte le jeune sexagénaire. A l’époque, la sidérurgie est l’industrie la plus florissante du Grand-Duché, très attractive pour les nouveaux diplômés. Mais la crise viendra perturber les plans de bon nombred’entreeux. «Comme il n’y avait plus d’emplois disponibles dans ce secteur,j’ai débuté ma carrière au Centre de Recherches Métallurgiques de Liège». Le jeune homme poursuit ensuite son parcours en Belgique. En 1981, il est envoyé près de Gand par le groupe luxembourgeois Arbed (actuellement ArcelorMittal) et travaille pour Sidmar, la filiale en sidérurgie maritime. «J’y ai été employé pendant presque huit ans, je parle d’ailleurs bien néerlandais depuis», commente-t-il en souriant, «j’aime beaucoup cette langue». De retour au Luxembourg, il passe une année à l’aciérie de Differdange avant de rejoindre TrefilArbed à Bettembourg, en tant que directeur commercial. «Un poste qui m’a permis de toucher un peu à tout», dit-il. De 1989 à 1998, il enchaîne plusieurs postes de cadre supérieur au sein du groupe sidérurgique. Son plus grand succès C’est alors qu’il repend la direction de Soteg, la filiale d’Arbed dédiée au transport du gaz. Cette entreprise sera l’une des trois sociétés àla base de la fusion qui formera Enovos, une dizaine d’année plus tard. «C’est ma plus belle réussite», déclare-t-il d’un ton mi-fier, mi-nostalgique. «Soteg était une compagnie qui - bien qu’elle jouait un rôle important dans le secteur énergétique par son métier d’importateur et distributeur de gaz naturel - était assez petite… J’étais convaincu qu’elle était trop petite dans un marché libéralisé. C’est pourquoi en tant qu’administrateur délégué, j’ai activement œuvré à une réunion de cette société avec Cegetel et Saar Ferngas». De cette fusion en 2009 naît Enovos qui deviendra le fournisseur d'énergie le plus important du Grand-Duché. «Notre entreprise se défend bien sur le marché européen, elle a la possibilité d’encore croître, elle est active aujourd’hui dans quatre pays – le Luxembourg, la France, l’Allemagne et la Belgique – et elle a acquis une excellente réputation. Ces derniers temps, alors que le marché est pourtant en berne, Enovos s’est tout de même bien développé pour employer aujourd’hui plus de 1.500 personnes et opérer plus de 9.500 km de lignes électriques et plus de 3.700 km de gazoducs». D’abord CEO de la compagnie luxembourgeoise, Jean Lucius accède au poste de CEO d’Enovos International en 2015. Tout le long de ses presque 20 ans d’expérience en tant que directeur d’entreprise, Jean Lucius asu identifier les atouts pour être un dirigeant juste et efficace. «L’important, selon moi, est d’établir une vision pour son business. Il faut développer un projet d’avenir pour sa société et tendre vers ce modèle en développant des stratégies. Un peu comme je l’ai fait pour Soteg à l’époque». Il ajoute également qu’en tant que CEO, il faut choisir son entourage avec soin: «Le directeur pose certaines priorités, mais il a besoin d’individus sur lesquels s’appuyer pour mettre en pratiques ses idées. De plus, écouter les conseils de ses cadres est essentiel afin de prendre des bonnes décisions, dans un dialogue entre CEO et management». Dans son quotidien, Jean Lucius n’a plus l’occasion de pratiquer ce qu’il a appris comme jeune ingénieur. Mais cela ne lui manque pas tellement. «C’est trop loin», sourit-il. «Il y a un moment pour tout et l’opérationnel appartient au début de ma carrière. J’ai eu la chance de m’occuper de nombreux nouveaux domaines». Le milieu de la métallurgie ne lui manque pas non plus: «L’énergie est un domaine captivant car évolutif. Les changements actuels et à venir me passionnent». Les économies d’énergie à prioriser «Dès l’origine d’Enovos, nous avons investi dans les énergies renouvelables. C’était une décision intelligente au vu de la situation actuelle. Aujourd’hui, les débats des sceptiques
Jean Lucius