JOURNAL ASMAC No 6 - Décembre 2015

POINT DE MIRE ▶ VISIONS
«Seule, mais pas isolée»
De nouvelles formes de logement sont testées au cœur de la ville de Zurich. La coopérative Kalkbreite
propose à ses locataires non seulement des logements avantageux, mais aussi des formes
de cohabitation futuristes. La volonté de ménager les ressources et un certain esprit communautaire
sont les éléments fédérateurs. Nina Schneider, co-initiatrice, nous explique comment se déroule la
vie en groupe.
Catherine Aeschbacher, rédactrice en chef du Journal ASMAC, s’est entretenue avec Nina Schneider,
coopératrice et habitante de la cité Kalkbreite. Photos: Marco Zanoni.
Si je vous propose deux
magazines au choix, «Vogue»
ou «Schöner Wohnen»,
lequel choisissez-vous?
Nina Schneider: Je choisis «Schöner
Wohnen».
Pourquoi?
Les deux magazines ne comptent pas parmi
ma lecture quotidienne. Mais le magazine
«Schöner Wohnen» va probablement
au-delà des questions purement
personnelles, alors que «Vogue» ne s’intéresse
qu’au propre bien-être. Je m’intéresse
aux questions sociales, c’est pourquoi
une publication uniquement focalisée
sur les questions individuelles ne
m’intéresse pas.
Parlons quand même de
vous. Comment étiez-vous
logée il y a dix ans?
A l’époque, j’habitais avec une amie de
longue date dans un logement en coopérative
à Zurich. C’était un projet antérieur
à celui de Kalkbreite.
Comment êtes-vous logée
actuellement?
J’habite depuis une année dans un logement
de type «cluster» dans le lotissement
coopératif Kalkbreite.
Qu’est-ce qu’un logement
de type «cluster»?
Nous avons pour ainsi dire inventé cette
forme de logement. Il s’agit de dix ménages
individuels, c’est-à-dire de très petits
appartements de 28 à 45 m 2 de surface
avec une cuisinette et une salle de bain
qui sont réunis en une seule unité par une
grande cuisine commune avec balcon.
Mon logement a 35 m 2 .
Cela nous rappelle un couvent,
où chacun dispose de sa
cellule et où les autres locaux
sont utilisés en commun
En effet, il y a certaines parallèles. Nous
essayons de faire passer nos besoins personnels
un peu à l’arrière-plan au bénéfice
de la communauté. Comme dans un
couvent, nous avons aussi des locaux
communs à l’intérieur et à l’extérieur. Une
rue intérieure, qui regroupe toutes les
cages d’escalier. Une cour intérieure et les
terrasses, un jardin potager et en lieu et
place de chapelles, nous disposons d’un
local de gymnastique, d’un atelier de
peinture et de couture, d’une salle de musculation,
etc. Initialement, ces locaux
n’étaient pas destinés à un usage précis,
c’est la communauté qui leur a attribué
des fonctions spécifiques.
Dans quelle mesure êtes-vous
intégrée dans cette vie
communautaire? Cuisinez-vous
tous les jours ensemble avec
d’autres habitants?
Non. Nous avons un ménage comprenant
50 personnes dans le lotissement. Elles
s’alimentent dans une grande cuisine.
Toutes ces personnes ont engagé une cuisinière
qui prépare des repas tous les soirs
pendant la semaine. Ce grand ménage
compte des familles, des colocations, des
personnes en chaise roulante, des seniors
et des personnes seules. Toutes savourent
l’avantage de ne pas devoir faire à manger
Biographie express
Nina Schneider (née en 1964) a travaillé
pendant 15 ans comme monteuse
pour la télévision suisse et étudié
les sciences politiques et des religions
à Fribourg. Aujourd’hui, elle travaille
comme observatrice des élections pour
le DFAE et à la commission d’exploitation
pour le «Zollhaus», la deuxième
cité de la coopérative Kalkbreite.
N o 6 Décembre 2015
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