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POINT DE MIRE ▶ VISIONS<br />
LETTRES<br />
<br />
DE LECTEURS<br />
L’article «Nestlé et le négoce de l’eau»<br />
m’a déçue (Journal <strong>ASMAC</strong> 4/15). Sur un<br />
thème politiquement, socialement et écologiquement<br />
aussi brûlant, j’aurais espéré<br />
lire un article provenant d’une source indépendante<br />
et non pas d’un collaborateur<br />
de Nestlé. Même si d’après l’article, le négoce<br />
de l’eau en bouteille est surestimé,<br />
Nestlé a gagné en 2008 7,6 milliards de<br />
CHF (!) grâce à la vente d’eau en bouteille<br />
en l’espace de 9 mois (source: «Beobachter»,<br />
je n’ai hélas pas trouvé de chiffres plus<br />
récents). Outre les aspects intéressants de<br />
l’article, j’estime que le soutien de la durabilité<br />
et du droit humain à l’eau sont enjolivés.<br />
Régulièrement, Nestlé se retrouve<br />
sous le feu de la critique internationale, car<br />
on reproche à l’entreprise de ne guère se<br />
préoccuper de la durabilité et du droit humain<br />
à l’eau potable reconnu par l’ONU.<br />
Nestlé est même allé jusqu’à espionner des<br />
défenseurs des droits de l’homme et de<br />
l’environnement. Et au Brésil (São Lourenço),<br />
Nestlé a construit illégalement un puits<br />
profond pour exploiter une source. A la<br />
suite de cela, la nappe phréatique a été<br />
endommagée et plusieurs fontaines dans<br />
la localité ont été asséchées. Ce ne sont que<br />
deux exemples du côté déplaisant du commerce<br />
de l’eau. Heureusement, après un<br />
litige de plusieurs années, Nestlé a dû stopper<br />
l’exploitation de l’eau à São Lourenço.<br />
Je souhaiterais davantage de respect vis-àvis<br />
de l’homme et de l’environnement!<br />
Sandra Bigler<br />
L’entreprise suisse Nestlé réalise un<br />
dixième de son chiffre d’affaires global<br />
de plus de CHF 90 milliards avec de l’eau<br />
en bouteille. Une politique de reprise ciblée,<br />
l’acquisition de droits sur des<br />
sources et nappes phréatiques et un marketing<br />
agressif jouent un rôle non négligeable<br />
dans ce commerce. Le leader<br />
mondial du marché, Nestlé, profite un<br />
peu partout de dispositions dépassées<br />
concernant les droits sur l’eau et entreprend<br />
des démarches contre des communautés<br />
locales qui veulent les conserver<br />
dans le domaine public. <strong>No</strong>tamment<br />
dans les régions pauvres en eau du tiers<br />
monde, il n’est pas rare que l’approvisionnement<br />
en eau potable s’effondre et<br />
que la population locale soit contrainte<br />
d’acheter de l’eau en bouteille à Nestlé.<br />
Le tout est souligné par un lobbying<br />
agressif contre l’approvisionnement public<br />
en eau potable. Nestlé aime se présenter<br />
comme bienfaiteur et cache ainsi<br />
habilement les conséquences écologiques<br />
considérables de sa manière d’agir. Il est<br />
surprenant que le Journal <strong>ASMAC</strong> offre<br />
une plate-forme à Nestlé pour publier un<br />
concert de louanges sur ses propres affaires<br />
réalisées avec l’eau. Même si l’auteur<br />
de l’article apparaît clairement, la<br />
responsabilité pour cela incombe finalement<br />
à ceux qui le publient.<br />
Marlen Reusser<br />
PRISE DE POSITION<br />
DE LA RÉDACTION<br />
<strong>No</strong>us avons délibérément invité Nestlé à<br />
s’exprimer sur le thème de l’eau (Journal<br />
<strong>ASMAC</strong> 4/15). Un élément essentiel de<br />
notre conception journalistique est de<br />
permettre à des acteurs importants de<br />
prendre position sur des questions les<br />
concernant dans notre Point de mire.<br />
C’est pour cette raison que nous n’avons<br />
pas seulement demandé à Helvetas, mais<br />
également à Nestlé de s’exprimer sur le<br />
thème de l’eau. <strong>No</strong>us sommes d’avis<br />
qu’eu égard à l’équité journalistique, il<br />
est absolument nécessaire de maintenir<br />
à l’avenir aussi les règles du jeu démocratique<br />
audiatur et altera pars. De plus,<br />
nous partons du principe que nos lecteurs<br />
sont capables de discernement et<br />
qu’il n’est pas nécessaire de les mettre<br />
sous tutelle, puisqu’ils sont à même de<br />
tirer leurs propres conclusions.<br />
Catherine Aeschbacher,<br />
rédactrice en chef du Journal <strong>ASMAC</strong><br />
N o 6 <strong>Décembre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
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