Entrevue Social BUSINESS MEDIA 09.<strong>2019</strong> QUAND VOUS ÊTES EN VACANCES, LE VIH NE L’EST PAS Pendant les congés d’été, c’est décidé, on ne pense plus à rien. Oui, et non ! En matière de sécurité et de santé, pas de vacances pour la vigilance. Votre agence de voyages vous l’aura certainement rappelé en vous remettant une trousse contenant crème solaire, brochures et… préservatif. Une initiative de la Croix-Rouge en partenariat avec le Ministère de la Santé et l’Union Luxembourgeoise des Agences de Voyages dans le cadre d’une campagne de prévention du VIH qui s'est déroulée tout au long de cet été. TEXTE : ANNE-SOPHIE DANTEC 46 - <strong>CONNECT</strong> Le magazine de la Confédération luxembourgeoise du commerce
09.<strong>2019</strong> BUSINESS MEDIA Entrevue Social LA PRÉVENTION, À L’UNISSON Fondé en 1988 pour accompagner les personnes atteintes du SIDA dans leur fin de vie, le service HIV Berodung de la Croix- Rouge luxembourgeoise est aujourd’hui un acteur national de santé publique pour la prévention du VIH, de l’hépatite C et des IST, ainsi que pour l’accompagnement psycho-médico-social des personnes vivant avec le VIH. Le 20 juin 2018, soutenu par le Ministère de la Santé, le service a lancé la campagne de sensibilisation « Sécher ënnerwee ». Son objectif : que les gestes de prévention du VIH deviennent des automatismes au quotidien, pour tous. « Lunettes de soleil en été ? Ceinture en voiture ? Parapluie sous la pluie ? Tu as les bons réflexes pour te protéger au quotidien ! Pense aussi à te protéger du VIH ! », tel est le slogan de la campagne. Cette année, l’ULAV – l’Union Luxembourgeoise des Agences de Voyages qui regroupe la majorité des agences de voyages luxembourgeoises avec ses 43 membres – s’associe à cette campagne pour sensibiliser les voyageurs et les inciter à profiter de leurs vacances « en toute sécurité », notamment en se protégeant des IST. C’est ainsi qu’à partir du 13 juillet <strong>2019</strong>, 10 000 kits « Sécher ënnerwee » contenant un petit tube de crème solaire, un préservatif et des brochures d’informations relatives aux comportements à risque, aux voies de transmission du VIH (parfois encore méconnues du grand public), aux moyens de prévention, au dépistage et aux traitements existants en la matière, étaient mis à disposition en agence de voyages, voire automatiquement remis aux clients lors de la réservation d’un séjour. L’accueil de cette initiative de la part des vacanciers s’est révélé particulièrement positif, selon l’ULAV, à de rares exceptions près, certains clients se sentant quelque peu stigmatisés. LA CLÉ, SE PROTÉGER Croire que le VIH ne frappe qu’à la porte d’à côté est un leurre. Tourisme sexuel, week-ends entre amis, vacances en clubs de rencontres, fêtes bien arrosées, voyages et séminaires professionnels dans un cadre inhabituel, nombreuses sont les occasions d’être exposé. « À CHAQUE FOIS QU’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION ARRIVE, IL FAUT RECOMMENCER LES COMMUNICATIONS ET LA SENSIBILISATION » Si le Comité de surveillance du SIDA, dans son rapport d’activité 2018, indique que pour la première fois depuis 2013 le nombre de nouveaux cas d'infection au VIH recensés au Luxembourg connaît une baisse (43 nouvelles infections en 2018 contre 60 en 2017), la diminution des nouvelles infections étant constatée chez les hommes ayant des rapports hétérosexuels et parmi les usagers de drogues par voie intraveineuse, les nouvelles infections par voie homo- ou bisexuelle sont quant à elles en augmentation (21 cas en 2018 contre 15 en 2017), les 26-35 ans étant les plus touchés (11 sur 21). « On assiste à un relâchement des mœurs et de l’attention, à une déresponsabilisation des jeunes et à une banalisation de la maladie » déplore Docteur Simone Steil du Ministère de la Santé, ajoutant « À chaque fois qu’une nouvelle génération arrive, il faut recommencer les communications et la sensibilisation ; dans les lycées, les informations sur les risques liés au sexe sont encore insuffisantes ». Dans certains milieux, le VIH est même un concept lointain, quand il n’est pas un sujet tabou. « Les services de santé au travail au sein des entreprises devraient être beaucoup plus impliqués » souligne Docteur Simone Steil. On l’aura compris, en parler incite à adopter le geste qui sauve : se protéger. SAVOIR, UN DEVOIR Si les risques ont déjà été pris, le dépistage s’impose. Car un diagnostic précoce permet à une personne infectée d’adapter son comportement en conséquence, de se protéger soi-même et les autres, et de bénéficier d’une prise en charge médicale efficace. Dans le cadre de leur mission d’éradication de l’épidémie du SIDA d’ici à 2030, les Nations Unies (programme « ONUSI- DA ») ont déployé le projet « 90-90-90 » : à l’horizon 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90 % de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable, 90 % des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée. En 2018, il a été estimé que 85 % des personnes vivant avec le VIH au Luxembourg avaient été diagnostiquées. Pour atteindre les objectifs de l’ONUSIDA, l’accès au dépistage est déterminant : si des tests de dépistage rapides, gratuits et anonymes sont déjà proposés dans les locaux du HIV Berodung, au Centre d’Information Gay et Lesbien (CIGALE) et dans le Dispositif d'Intervention Mobile pour la Promotion de la Santé sexuelle (DIMPS), demain c’est auprès des pharmacies puis des supermarchés que toute personne pourra librement se procurer un autotest pour ensuite procéder, chez elle, à l'autodiagnostic d'une éventuelle infection par le VIH qui remonte à plus de trois mois. Le Luxembourg rejoint ainsi la France et la Belgique qui disposent déjà de ces dispositifs en pharmacies. SANS MAINTIEN DES EFFORTS, PAS D’AVENIR SANS SIDA Les statistiques « 90-90-90 » ne deviendront réalité qu’au prix d’une persévérance dans l’effort. Un ensemble de mesures concrètes défini par le plan d’action national VIH 2018-2022 continuera ainsi d’être déployé jusqu’en 2022, sur le terrain et sur Internet (www.aids.lu, www.safersex.lu, www.sante.lu), par des équipes qui seront quant à elles renforcées. Les efforts collectifs ne pouvant toutefois se substituer à la vigilance individuelle, de rigueur quels que soient l’âge, le milieu socioprofessionnel, ou le moment dans l’année… Le magazine de la Confédération luxembourgeoise du commerce <strong>CONNECT</strong> - 47