VOL. IV (XXI) 2009 - Departamentul de Filosofie si Stiinte ale ...

27 VALENCES ÉTHIQUES DE LA RATIONNALITÉ COMMUNICATIVE
L'universalité de l'accord motivé rationnel, tout comme l'aplication de
l'éthique du discours, respectivement du discours pratique supporte toujours
des autolimitations et des limites. L'autolimitation est inévitable à cause de la
médiation moralité-moeurs, ou comme dit Habermas, à cause "de l'habitation
de la moralité en moeurs". Inévitables sont aussi les limitations à cause des
circonstances du contexte historique-social de la raison, des ingérinces des
conflits sociaux ou des pressions d'un pouvoir politique. À cause de ces
facteurs - qui actionnent plus ou moins perturbateur - la perspective de
l'accord motivé rationnel est autoprotégée par une
telle: l'argumentation soit suffisamment ouverte et continue pour
suffisamment de temps 23 .
Les limitations (et les autolimitations) du discours moral argumentatif
deviennent plus compliquées si on considère le hiatus conviction et
responsabilité, par l'ocultation des différences entre les pratiques
manipulatives et celles non-manipulatives ou entre les rôles sociaux et les
personnages. Ces discordances sont commentées suggestivement par
MacIntyre, qui détermine les personnages comme "incarnation" d'un modèle
culturel et moral, comme légitimation morale d'une façon de l'existence
sociale 24 . Pour cette raison, les convictions intimes et celles exprimées ou
présumées par rôle doivent coïncider, pour motiver la qualité d'agent moral.
Mais ces exigences sont périclitées par ce que MacIntyre nomme "la
bifurcation du monde social contemporain" dans un domaine de
l'organisation (la bureaucratie) et un domaine de la personnalité
(l'individualisme) qui, bien qu'adversaires, concourent en même temps à ce
que c'est l'indice distinctif de notre époque: l'individualisme bureaucratique.
La conversion de l'éthique de la conviction en éthique de la
responsabilité se confronte aujourd'hui avec la multiplication des risques,
des distorsions dans un monde de plus en plus globalisé, interconnecté, ce
qu'augmente l'importance des mises existentielles, révendiquant une
responsabilité sui-generis qui excède la sphère de la proximité et aussi la
manière traditionnelle d'aborder les problèmes morales-politiques. La société
postmoderne, avec l'expansion de la pluralité des points de vue évaluatives
et interprétatives, nous nous a (presque) habitué avec l'idée d'une morale
"faible", qui identifie le désaccord avec le pluralisme, pas comme dialogue
ordonné de points de vue qui s'intercroisent mais comme "mélange des
fragments sans aucun accord ou concordance" (cf. MacIntyre). Une telle
application peut produire des périls graves dans l'orientation du
développement socio-humain parce qu'il masque la dislocation/substitution
de la raison pratique par la raison instrumentale, avec sa forme
bureaucratique, en remplaçant, par conséquent, la responsabilité avec
l'efficacité mais la relation moyen-but avec un calcul de coûts et bénéfices.
Habermas détermine les avatars de cette situation sur l'accord et sur la
compréhension réciproque obtenues dans le praxis communicatif quotidien,
puisqu'ils consacrent la scision de deux réalités: l'une des convictions
communes, des vérités culturelles partagées et des expectatives réciproques