VOL. IV (XXI) 2009 - Departamentul de Filosofie si Stiinte ale ...

ILONA BÎRZESCU 28
et une autre réalité conflictuelle, de perturbation ou de distorsion de la
communication, soutenant l'incompréhension, l'hypocrisie, la falsité ou
l'imposture 25 .Pour contrecarrer les effets de cette grave scision, le penseur
allemand nous propose l'alternative d'une communication sans contrainte et
sans domination tout comme d'un consensus rationnel en tant que critère de
la validité des normes, mais aussi de la légitimation des institutions - dans
des conditions non-manipulatives, l'accord est possible pour "tous ceux
visés". Nous reconnaissons ici le pathos de la réactualisation de
l'universalisme kantien dans la philosophie morale et politique, mais en
même temps la dénonciation des formes perfides des discours universels et
des pseudolégitimations. Ainsi l'accord, tout comme la compréhension
intersubjective ont de la chance de réussir seulement dans les conditions
symétriques de l'échange réciproque de perspective, en déterminant les
structures d'une situation communicative sans perturbations ou sans
contraintes d'une instance supérieure.
Le consensus rationnel de "tous ceux visés" est assuré, chez
Habermas, par une compétition des arguments, par "la contrainte du meilleur
argument", mais qui ne s'exerce pas coercitivement, en impliquant la voie de
quelques changements d'attitude motivés rationnellement. À la fin, la
communauté dialogale et l'action orientée vers la compréhension, tout
comme les exigences de l'éthique du discours - dans un langage trop
technicisé, selon Gadamer - supposent une conception spatiale et dialogale,
à vrai dire un espace commun de rencontre et de dialogue entre des
participants égaux à une conversation face à face, par une utilisation
publique de la raison et des règles (connues). L'action communicative se
distingue de la sorte du monologisme ou de la solitude morale impliquant
une multitude d'orateurs - en commun accord - qui reconnaissent seulement
la contrainte du meilleur argument, ayant comme principe régulateur ce que
Habermas nomme "situation idéale de conversation", avec des conditions
obligatoires: chaque participant doit avoir de chance égale, d'initier et de
continuer la communication, de faire des affirmations ou des suggestions, de
donner des explications, d'exprimer des attitudes sentimentales et des
intentions, mais d'être en même temps responsable de son propre
comportement et aussi de demander la responsabilité aux autres 26 . Le
rapport à une situation de communication idéale assure ainsi la distinction
entre un consensus rationnel, argumenté et un consensus contraint ou
trompeur, actionnant comme présupposition assumée réciproquement, mais
en même temps comme "anticipation d'une forme de vie".
L'éthique du discours et de l'action communicative conforme au
modèle de Habermas offre des suggestions ayant un véritable potentiel
explicatif quant à la clarification et à la solution des problèmes moralespolitiques
de la société contemporaine, confrontée spécialement avec
l'alternative de l'individualisme - qui soutient la suprématie des options libres,
arbitraires des individus et/ou la bureaucratie qui limite ces manifestations.
Les conséquences de cette alternative deviennent plus nombreuses et plus