(CAS) Bulletin - Tribunal Arbitral du Sport / TAS

A l’inverse, plus le choix se porte sur une des solutions
proposées par Moore dans la gauche de son tableau 17 ,
plus les intérêts des antagonistes pourront être pris en
compte, le système de négociation raisonnée pouvant
être utilisé.
Clark et Cummings illustrent ce raisonnement par le
tableau suivant :
Tableau 5: Résultats Possibles du Litige Tels que vus
par les Parties A et B
Degré de Satisfaction des Intérêts de la Partie A
10
5
0
• Gain (Win)
• Impasse
0
Ainsi peut-on conclure qu’un accord raisonné est
susceptible d’aboutir à une solution satisfaisante pour
les deux parties (“ win-win solution ” 18 ) tandis qu’un
accord ou une décision sur position aura pour effet
un résultat insatisfaisant à tout le moins pour un
justiciable (“ win-lose solution ”).
B. Les “ outils ” spécifi ques utilisés
en médiation
Les outils du médiateur sont nombreux. Il serait
fastidieux dans cette approche générale de les passer
tous en revue. Nous nous bornerons ainsi à citer trois
d’entre eux, à nos yeux essentiels.
1. L’écoute empathique
• Compromis
5 10
• “Win-Win”
• Perte (Lose)
Degré de Satisfaction des Intérêts de la Partie B
L’écoute en médiation se distingue de l’écoute,
souvent dirigiste, utilisée en procédure contentieuse.
17. A l’exception bien sûr du désistement qui relève à nos yeux plus de
l’inaction que de la gestion proprement dite d’un confl it.
18. Ce terme “ win-win ”, très en vogue dans les pays anglo-saxons, heurte
de nombreux chercheurs francophones. Ceux-ci lui reprochent, à juste
titre selon nous, son caractère très optimiste. Il est rare en effet que la
solution n’emporte que des avantages pour les deux parties. Parler de
“ Solution bi-satisfaisante ” semblerait donc plus réaliste.
L’on a coutume de parler d’écoute empathique.
Le médiateur ne recherche pas le jugement et la
solution mais encourage les médiés à se raconter, à
dévoiler ce qui est important pour eux, en d’autres
termes à aller au-delà de leurs positions initiales et à
dévoiler leurs véritables intérêts 19 .
Ce changement de paradigme s’explique par le but
fondamental du processus, celui d’effectuer avec les
parties un travail visant à leur permettre de trouver
une solution commune tenant compte de toutes les
facettes de leur différend.
2. Le questionnement ouvert
Le questionnement dit “ ouvert ” sera ainsi privilégié.
Il s’oppose au questionnement fermé, plus
communément utilisé en procédure, et qui n’a d’autre
but que de rechercher rapidement et précisément un
élément purement factuel.
Ainsi, à une question directe où la seule réponse est
“ oui ” ou “ non ”, préfèrera t’on une interrogation plus
générale permettant l’échange, la recherche de la
compréhension mutuelle et la créativité.
A l’interpellation “ êtes-vous d’accord avec cette
proposition ? ”, le médiateur choisira de s’adresser à
l’une des parties en ces termes : “ quel est votre point
de vue sur ce problème ? ”, “ qu’est ce qui est important pour
vous ? ”…
3. La reformulation
La reformulation consiste à reprendre l’idée exprimée
en la mettant en évidence avec des mots légèrement
différents et en évitant la question piège du “ pourquoi ”.
“ Si je comprends bien, vous vous sentez dans une impasse? ”
Le but de cette technique est double : permettre la
relance et l’approfondissement d’un élément souvent
émotionnel et s’assurer mutuellement d’une bonne
compréhension.
Par pudeur ou simple diffi culté de communication, de
nombreuses personnes sont incapables de formuler
leur ressenti dont le traitement peut être effi cace,
sinon essentiel, à la solution de leur confl it. Une
simple réfl exion telle “ j’entends que vous souffrez de cette
situation ” est souvent le déclencheur qui permet enfi n
d’entrer dans le “ vrai ” vif du sujet.
Cette reformulation permet aussi au médiateur de
vérifi er qu’il a bien saisi le propos et elle est essentielle
19. Sur la notion des intérêts et des positions, cf. supra chapitre IV, 2.
Articles et commentaires / Articles and commentaries
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