(CAS) Bulletin - Tribunal Arbitral du Sport / TAS
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Ces limites objectives s’expliquent principalement en<br />
raison <strong>du</strong> caractère consensuel de la médiation. Le<br />
médiateur, dépourvu de toute autorité d’adjudication,<br />
ne peut en effet remplir le rôle dévolu au juge ou à<br />
l’arbitre dans un domaine où la sanction est une de<br />
ses attributions. De même, cette absence d’autorité<br />
rend-elle le processus ineffi cace lorsqu’une solution<br />
provisoire urgente est nécessaire par exemple pour la<br />
sauvegarde des droits de l’une des parties ; certes un<br />
accord est théoriquement envisageable sur ce point ;<br />
encore faut-il toutefois que les parties aient le temps<br />
de négocier.<br />
Les différends liés exclusivement à une question<br />
purement juridique, ou encore à une question de<br />
principe ne sont à priori pas non plus des domaines<br />
médiables.<br />
Enfi n, le choix entre cette méthode alternative et<br />
la voie judiciaire ou arbitrale nous apparaît devoir<br />
être examiné avec la plus grande attention lorsqu’il<br />
s’avère que l’une des thèses a en principe toutes les<br />
chances de succès en matière juridique. Il tombe<br />
sous le sens qu’en pareille hypothèse, la partie “ forte ”<br />
n’aura que peu d’intérêts à d’éventuelles concessions à<br />
moins qu’une solution consensuelle élargie telle celles<br />
passées en revue plus haut 33 puisse offrir aux deux<br />
parties une solution “ win-win ”.<br />
Les incompatibilités subjectives, soit celles liées aux<br />
parties elles-mêmes sont souvent plus diffi cilement<br />
cernables d’emblée. Citons, sans qu’encore une<br />
fois cette liste n’aie la prétention d’être exhaustive,<br />
la mauvaise foi, un déséquilibre important dans<br />
l’autonomie respective des parties, la partie “ risquetout<br />
”, les problèmes culturels et/ou ceux liés à<br />
l’é<strong>du</strong>cation 34 .<br />
Un examen préalable et minutieux <strong>du</strong> dossier sous ce<br />
double angle objectif et subjectif est donc absolument<br />
nécessaire avant d’entamer une procé<strong>du</strong>re de<br />
médiation en vue d’éviter que celle-ci n’aboutisse à<br />
rien sinon à des frais et à une perte de temps inutile.<br />
A notre sens, cette analyse préalable devrait être faite<br />
systématiquement 35 .<br />
33. cf. Supra, chapitre V, B.<br />
34. En raison de leur é<strong>du</strong>cation, de leur culture ou simplement de leur<br />
caractère, certaines personnes refusent l’autonomie que sous-entend la<br />
médiation, préférant en tout état de cause voir leur problème trancher<br />
par une autorité. De nombreuses études identifi ent une réticence liée à<br />
la religion, les régions infl uencées par le catholicisme semblant selon<br />
celles-ci plus réfractaires à soumettre leur litige à une médiation que les<br />
contrées protestantes.<br />
35. Certains pays obligent ou recommandent une telle “ early evaluation ”.<br />
Le code de déontologie de l’état <strong>du</strong> Queensland en Australie oblige<br />
ainsi les avocats à examiner avec leurs clients et avant toute procé<strong>du</strong>re<br />
toutes les alternatives possibles à l’action judiciaire et d’en apprécier<br />
l’éventuelle utilité.<br />
VI. Tendances actuelles dans la Médiation<br />
Science jeune s’il en est, la médiation évolue<br />
rapidement surtout sous l’impulsion des pays anglosaxons.<br />
L’examen de cette évolution sort <strong>du</strong> cadre de cette<br />
étude qui se veut une seule approche sommaire de<br />
ce processus. Il nous apparaît néanmoins utile de<br />
distinguer deux grands courants 36 .<br />
A. La médiation facilitative<br />
La médiation facilitative est le processus couramment<br />
utilisé en Europe.<br />
Le médiateur recherche avant tout à faciliter la<br />
communication entre les parties en litige. Il les<br />
con<strong>du</strong>ira à une meilleure écoute et les guidera, après le<br />
traitement des émotions qui polluent éventuellement<br />
leur débat, vers tout d’abord la recherche de leurs<br />
intérêts réels puis, une fois ceux-ci mis sur la table<br />
et mutualisés, vers la recherche de solutions tenant<br />
compte desdits intérêts.<br />
Le cheminement se fait pas à pas, par étapes<br />
progressives. Le médiateur est donc garant et maître<br />
d’un processus, les participants ayant quant à eux la<br />
maîtrise <strong>du</strong> fond et des solutions.<br />
B. La médiation évaluative<br />
La médiation évaluative est plus souvent utilisée dans<br />
les pays anglo-saxons.<br />
A son rôle initial de facilitateur de la communication,<br />
le médiateur ajoute ici une deuxième mission, celle<br />
d’évaluer avec les parties leur litige et de les guider<br />
vers une solution, le cas échéant en leur proposant<br />
une ou des solutions.<br />
Ainsi, le tiers n’est plus seulement un facilitateur de la<br />
communication mais bien un expert qui, en fonction<br />
de son expérience de la vie ou/et encore de la règle de<br />
droit, conseillera les parties et les orientera.<br />
Notons afi n d’éviter toute équivoque que le médiateur<br />
se bornera à une proposition mais n’imposera pas<br />
celle-ci, auquel cas il se transformerait en arbitre 37 .<br />
36. Il existe un troisième grand courant dénommé “ médiation<br />
transformative ”. Celui-ci ne nous apparaît pas être digne d’intérêt dans le<br />
cadre de la présente étude.<br />
37. Il existe en matière commerciale notamment une procé<strong>du</strong>re dite<br />
“MED/ARB” où, moyennant l’accord des parties, le médiateur devient<br />
à l’issue <strong>du</strong> processus, lorsque celui-ci n’aboutit pas, arbitre et va donc<br />
décider <strong>du</strong> sort <strong>du</strong> litige. Diverses procé<strong>du</strong>res de résolution peuvent être<br />
proposées.<br />
Articles et commentaires / Articles and commentaries<br />
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