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(CAS) Bulletin - Tribunal Arbitral du Sport / TAS

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Cette disposition, tout comme au demeurant l’article<br />

9 in fi ne, ne devrait toutefois pas, nous l’espérons<br />

en tout cas, limiter les possibilités <strong>du</strong> médiateur<br />

de convaincre les parties d’aboutir à un accord.<br />

L’expérience démontre que nombre d’accords<br />

“ bloquent ” à la toute dernière diffi culté. Les Anglosaxons<br />

parlent <strong>du</strong> “ last gap ” et attribuent souvent<br />

sinon dans la quasi totalité des cas cette dernière<br />

résistance à la peur qu’ont les antagonistes de perdre<br />

la face. De nombreuses solutions ont été mises au<br />

point au nombre desquelles le jeu <strong>du</strong> hasard et celui<br />

<strong>du</strong> “ base-ball game ” 42 . Il serait dommage qu’une<br />

interprétation trop restrictive de ces dispositions<br />

de notre règlement interdisent ces alternatives de la<br />

dernière chance si celles-ci ont l’adhésion des parties.<br />

C. L’avenir de la médiation au <strong>TAS</strong><br />

Depuis la mise en vigueur <strong>du</strong> règlement de<br />

médiation <strong>du</strong> <strong>TAS</strong>, soit depuis 1999, seule une<br />

trentaine de médiations ont été initiées. Et sur ces<br />

trente médiations, seules six médiations ont à notre<br />

connaissance abouti à un accord.<br />

Ces chiffres, décevants, méritent qu’on s’y arrête.<br />

L’opportunité de la médiation en matière sportive<br />

ne nous apparaît pas devoir être mise en doute.<br />

L’importance <strong>du</strong> facteur émotionnel dans le domaine<br />

sportif, le besoin pour de nombreux acteurs de devoir<br />

trouver une solution rapide et peu onéreuse ainsi que<br />

la nécessité pour beaucoup d’antagonistes de pouvoir<br />

continuer à l’avenir des relations, contractuelles<br />

notamment, sont des éléments parmi d’autres qui<br />

devraient plaider pour un recours plus systématique à<br />

cette méthode de résolution des confl its.<br />

Les raisons de ce désintérêt sont à notre sens de deux<br />

ordres.<br />

La méconnaissance <strong>du</strong> processus tout d’abord. Peu<br />

d’avocats sont au fait de celui-ci. Et c’est bien connu,<br />

crainte et méconnaissance vont de pair. Le conseil ne<br />

42. Dans une récente médiation commerciale, les parties sont arrivées à<br />

résoudre leur différend de 4 millions d’euros à…50’000 Euros avant un<br />

blocage qui risquait de devenir défi nitif. Une décision à pile ou face a<br />

fi nalement prévalu. Le sort a donc tranché un dernier écueil qui n’était<br />

autre qu’une crainte, de part et d’autre, de perdre la face en faisant le<br />

premier un dernier effort !<br />

Dans une autre affaire où deux clubs de base-ball étaient en confl it,<br />

l’impasse fi nale a pu être résolue par la mise sur pied d’un arbitrage<br />

particulier. Le médiateur a proposé aux parties de consigner chacune<br />

dans une enveloppe scellée leur dernier chiffre ; l’accord prévoyait que,<br />

une fois les enveloppes remises au médiateur, les parties tenteraient<br />

encore <strong>du</strong>rant une heure la voie négociée. En cas d’échec, le médiateur<br />

trancherait en acceptant soit le montant fi gurant dans l’enveloppe A,<br />

soit le montant consigné dans l’enveloppe B ; le médiateur ne pouvait en<br />

aucun cas décider d’un autre montant que le montant A ou B. Les parties<br />

ont trouvé un accord dans l’heure ! Cette “ procé<strong>du</strong>re ” est aujourd’hui<br />

largement appliquée aux USA. Dans près de 80% des cas, les parties<br />

trouvent un accord consensuel <strong>du</strong>rant l’heure restante ; dans le 20% des<br />

cas restants, les chiffres soumis au médiateur/arbitre sont quasiment<br />

identiques !<br />

risque t’il pas de perdre la maîtrise de son dossier ?<br />

Quel rôle va t’il jouer dans cette ou ces séances bien<br />

éloignées <strong>du</strong> prétoire ? N’est-ce pas pour son client un<br />

aveu de faiblesse que de donner son aval à ce genre de<br />

négociations assistées ? En bref, ne vaut-il pas mieux<br />

en rester au confort, même aléatoire, d’une procé<strong>du</strong>re<br />

claire et bien connue ?<br />

Ces craintes sont évidentes. Elles sont bien connues<br />

des autres institutions et organisations désireuses de<br />

promouvoir le recours à cette méthode alternative 43 .<br />

Et ces craintes somme toute légitimes ne pourront<br />

être dissipées que par une orientation exhaustive des<br />

parties qui pourraient tirer avantage de ce processus<br />

et bien sûr de leurs avocats. Cette orientation<br />

passe à la fois par un examen comparatif dossier/<br />

processus à disposition et par une orientation<br />

exhaustive <strong>du</strong> ou des conseils des parties. L’examen<br />

est l’étape préalable ; il pourrait se faire par le <strong>TAS</strong><br />

lui-même qui examinerait dans le cadre <strong>du</strong> dossier<br />

qui lui est soumis sa “ potentialité ” à être envoyé en<br />

médiation : Le coût, le temps à disposition sont ils<br />

des éléments importants pour les parties en litige?<br />

Y a t’il un facteur émotionnel, des intérêts derrière<br />

les positions affi chées ? etc. Des listings énumérant<br />

tant les éléments objectifs que subjectifs peuvent être<br />

élaborés pour faciliter la “ vente ” <strong>du</strong> processus.<br />

Une fois le processus alternatif accepté dans son<br />

principe, il reste à en défi nir la procé<strong>du</strong>re pour le cas<br />

donné. C’est un travail préparatoire que le médiateur<br />

désigné se devrait d’élaborer avec les conseils avant<br />

que la médiation proprement dite ne débute. Quel<br />

rôle est dévolu aux conseils et comment, à quel(s)<br />

moment(s) ceux-ci l’exécuteront ? Quid de la partie<br />

factuelle ? Comment la présenter ? Quid de la<br />

recherche des intérêts ? Comment la travailler ? Quid<br />

de la ventilation des éventuelles émotions ? Comment<br />

éviter que cette ventilation puisse être préjudiciable<br />

au client en cas de procé<strong>du</strong>re ultérieure ? La liste est<br />

longue. Une fois encore, elle devrait se travailler dans<br />

le cadre d’entretiens préalables pour tout à la fois<br />

traiter d’éventuelles craintes et rendre le processus le<br />

plus effi cace possible.<br />

Il y a un second écueil.<br />

Ne s’improvise pas médiateur qui veut. Le sens<br />

de la négociation tout comme l’empathie sont des<br />

traits de caractère que nombre de personnalités<br />

exercent naturellement et avec effi cacité. C’est<br />

toutefois insuffi sant. Il existe des techniques, il y a<br />

des processus à respecter et des pièges à éviter sous<br />

43. Nous en voulons pour preuve les diffi cultés rencontrées par les<br />

assurances de protection juridique dont la plupart prévoient la médiation<br />

dans leurs conditions générales mais peinent à la mettre en pratique.<br />

Articles et commentaires / Articles and commentaries<br />

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