(CAS) Bulletin - Tribunal Arbitral du Sport / TAS
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pour les parties elles-mêmes. Celle qui s’exprime se<br />
sentira rassurée d’être enten<strong>du</strong>e et son interlocuteur<br />
grâce à cette répétition formulée par le tiers neutre<br />
entendra souvent pour la première fois un point de<br />
vue ou un élément de fait. A chaque médiation ou<br />
presque, le médiateur que nous sommes entend son<br />
interlocuteur s’exprimer à un moment donné plus ou<br />
moins en ces termes : “ c’est la première fois que quelqu’un,<br />
enfi n, me comprend ”. Et à chaque médiation ou presque,<br />
l’adverse partie rétorquera : “ mais tu ne me l’avais jamais<br />
dit ”.<br />
La nature humaine est ainsi faite que l’on ne peut pas<br />
entendre, notamment sous l’empire de l’émotion, le<br />
reproche de son adversaire, occupé que nous sommes<br />
à la préparation de la réplique.<br />
Le lecteur constatera donc que nous sommes loin <strong>du</strong><br />
prétoire pour s’approcher grâce à ces outils <strong>du</strong> domaine<br />
de la psychologie. C’est à ce stade qu’intervient l’art <strong>du</strong><br />
médiateur : savoir diriger quand même son processus<br />
et canaliser ces fl ux émotionnels, ne pas perdre de<br />
vue que son but est de faire avancer une négociation<br />
et non d’entamer une psychanalyse !<br />
4. Les accords de Camp David : une illustration de<br />
négociation raisonnée aboutie 20<br />
En octobre 1978, le président des Etats-Unis, Jimmy<br />
Carter, invita le président de l’Egypte, Anouar Sadate<br />
et le Premier ministre israélien, Menahem Begin,<br />
dans sa résidence de Camp David en vue d’aider les<br />
belligérants à trouver un accord de paix. Tâche à<br />
priori impossible dans la mesure où la position des<br />
parties semblait à l’évidence irréconciliable. L’Egypte<br />
exigeait en effet le retrait immédiat de son voisin<br />
<strong>du</strong> Sinai tandis qu’Israël – qui occupait le territoire<br />
depuis la guerre de 1967 - le refusait absolument pour<br />
de multiples raisons.<br />
Toutes les négociations sur position, visant notamment<br />
à un retrait partiel des troupes d’occupation ou<br />
à un partage plus ou moins équitable <strong>du</strong> Sinai,<br />
échouèrent rapidement. Examinant alors les intérêts<br />
des parties, Jimmy Carter et son équipe réussirent<br />
à cerner les besoins réels des deux pays. Alors que<br />
l’Egypte entendait recouvrer sa souveraineté sur un<br />
territoire faisant de tout temps partie de son histoire,<br />
Israël de son côté entendait avant tout préserver sa<br />
sécurité. Aux yeux de l’Etat Juif, celle-ci ne pouvait<br />
être garantie autrement qu’en conservant les terres<br />
occupées.<br />
Une option s’imposa dès lors sans autre diffi culté, à la<br />
satisfaction des deux antagonistes : le retour <strong>du</strong> Sinai<br />
20. Exemple tiré de RUBIN/PRUITT/KIM, “Social confl ict, escalation, stalemate<br />
and settlement ”, McGraw-Hill, In, 2e édition, 1994<br />
à l’Egypte en échange d’un accord de démilitarisation<br />
de la zone.<br />
V. La Médiation : Un Processus Effi cace<br />
1. Le temps<br />
A. Avantages pratiques<br />
Il ressort d’une récente étude hollandaise portant<br />
sur la médiation commerciale 21 que le temps moyen<br />
nécessaire à la résolution d’un confl it est de quatre<br />
sessions et demi. Le quinze pour cent des médiations<br />
passées en revue ont abouti à un accord en moins<br />
d’une journée de négociation.<br />
La fédération suisse de médiation arrive aux mêmes<br />
conclusions dans son enquête de 2008 puisque la<br />
<strong>du</strong>rée moyenne est de quatre séances un tiers 22 .<br />
Cette enquête de l’organisation faîtière suisse précise<br />
encore que le laps de temps total, de l’initiation de la<br />
procé<strong>du</strong>re à son terme, est en moyenne de trois mois.<br />
Il n’est pas besoin d’épiloguer pour constater que la<br />
célérité <strong>du</strong> processus est bien supérieure à celle des<br />
procé<strong>du</strong>res traditionnelles, fussent-elles menées avec<br />
le maximum d’effi cience à l’instar des procé<strong>du</strong>res<br />
arbitrales <strong>du</strong> <strong>TAS</strong>.<br />
2. Le coût<br />
La même étude hollandaise 23 fait ressortir une valeur<br />
litigieuse moyenne de cinq millions d’euros pour un<br />
coût moyen de trois mille euros par partie 24 .<br />
Ces chiffres, là également, se passent de tout<br />
commentaire.<br />
3. Autre coût: le coût psychologique<br />
Nous touchons là à l’un des inconvénients majeurs de la<br />
procé<strong>du</strong>re judiciaire ou arbitrale. Les caractéristiques<br />
essentielles de la justice traditionnelle sont ses aspects<br />
autoritaires et contradictoires. Une autorité tenant ses<br />
pouvoirs de la loi décide souverainement sur la base<br />
de textes légaux <strong>du</strong> sort des litiges qui lui sont soumis.<br />
Cette décision est prise sur la base de l’examen <strong>du</strong><br />
dossier tel que présenté contradictoirement par les<br />
parties en litige.<br />
L’on devine immédiatement sur la base de cette<br />
21. ACB research mediations 2006, http://www.mediationbedrijfsleven.nl/english.shtml<br />
22. SDM/FSM : Enquête Médiation Suisse 2008, résultats détaillés,<br />
http://www.infomediation.ch/cms/index.php?id=179&L=1<br />
23. ibidem 20<br />
24. L’usage en médiation (auquel les parties ne dérogent que peu) veut<br />
que le coût de la procé<strong>du</strong>re soit réparti entre les parties par égales parts<br />
entre elles.<br />
Articles et commentaires / Articles and commentaries<br />
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