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DE QUIMPER ET DE LÉON - Diocèse de Quimper et du Léon

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Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

— 214 - j<br />

p<strong>et</strong>it. U pleurait. Le pauvre ! Dans la caisse fermée, il pleuratt<br />

<strong>de</strong> quoi ? La caisse ouverte, il pleurait. De quoi V Lea<br />

bébés qui pleurent ont toujours <strong>de</strong> vraies raisons <strong>de</strong> pleurer,<br />

Mais lesquelles ? Et la jeune fille, <strong>de</strong> voir ce p<strong>et</strong>it garçon, ct<br />

qui pleurait, fut émue <strong>de</strong> pitié. Peut-être n'avait-elle encore<br />

jamais vu, <strong>et</strong> <strong>de</strong> si près, un p<strong>et</strong>it garçon pleurer... Quelque<br />

chose s'agite en elle, <strong>de</strong> voir un si joli p<strong>et</strong>it garçon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Ie<br />

voir qui pleurait... Noble émotion ; <strong>de</strong> l'ordre maternel. Dans<br />

la jeune fille, une maman veille, attend, mystérieuse, prête à<br />

l'amour. La jeune fille est maternelle avant d'être maman,<br />

Elle est maman en rêve, en imagination, en espoir. Mais souvent<br />

elle ne le sait pas. Pour l'apprendre, il peut lui suffire<br />

<strong>de</strong> Ia rencontrer avec un joli p<strong>et</strong>it poupon.<br />

Elle eut pitié, la jeune princesse, comme le Samaritain<br />

<strong>de</strong>vant le blessé qui gémissait, comme Jésus <strong>de</strong>vant la veuve<br />

<strong>de</strong> Xaïin qui sanglotait... Sainte pitié, mise en branle <strong>de</strong> tontes<br />

Ies charités assoupies aux profon<strong>de</strong>urs <strong>du</strong> cœur aimant. Avec<br />

c<strong>et</strong>te pitié-làvon va loin ; on est vaincu <strong>et</strong> déjà donné... Ayant<br />

pitié elle sourit, avec l'envie <strong>de</strong> pleurer. Elle toucha ce p<strong>et</strong>it ;<br />

le caressa doucement ; lui dit <strong>de</strong>s mots tendres pour qu'il ne<br />

pleurât plus. Et peut-être, en eff<strong>et</strong>, cessa-t-il <strong>de</strong> pleurer, le<br />

joli p<strong>et</strong>it garçon. Mais peut-être que non ! A c<strong>et</strong> âge-là, un<br />

baiser n'endort pas toujours «la grosse peine». Les mamans<br />

le savent.<br />

3° Et elle dit : « C'est un enfant <strong>de</strong>s Hébreux ». Elle reconnut<br />

cela tout <strong>de</strong> suite. Un enfant <strong>de</strong>s Hébreux ! C'est-à-]<br />

dire, selon la loi <strong>de</strong> pharaon — son père à elle — un enfant<br />

qui n'a pas le droit légal <strong>de</strong> vivre, qui <strong>de</strong>vrait être mort,<br />

qu'on aurait dû tuer <strong>et</strong> que" si le cœur n'avait pas <strong>de</strong>s lois<br />

que la loi ne connaît pas, elle <strong>de</strong>vrait immédiatement rej<strong>et</strong>er<br />

au Heuve... Elle ne Ie rej<strong>et</strong>a pas. Elle le laissa dans la caisse<br />

<strong>de</strong> joncs ou le prit dans ses bras... Un enfant <strong>de</strong>s Hébreux !..,<br />

Tani pis î II vivra î Elle ne vent pas qu'il meure,.. Elle expliquera<br />

Ia chose à son père. Son père fera une exception. Elle<br />

en est sûre, ll ne lui refuse rien. Il trouvera l'histoire si<br />

drôle ! — (elle <strong>de</strong>viendra tragique un jour, niais beaucoup<br />

plus tard). — II dira : «Si cela te fait plaisir, gar<strong>de</strong>-le... »<br />

Et cela lui fait plaisir. Surtout cela lui fait trop <strong>de</strong> peine <strong>de</strong><br />

i<strong>et</strong>er elle-même aux crocodiles un si joli p<strong>et</strong>it garcon... Ainsi<br />

le Samaritain quand il vit que Ie blessé était un Juif ne dit<br />

pas : «Belle occasion <strong>de</strong> s'en débarrasser î Poussons-le dans<br />

le fossé <strong>et</strong> qu'il v meure L. C'en fera un <strong>de</strong> moins à nous<br />

détester. »- Il dit : « Ce Juif vivra. Ce blessé juif guérira... »<br />

Cœur paternel <strong>du</strong> bon Samaritain. Cœur maternel <strong>de</strong> la<br />

jeune princesse...<br />

A ce moment-là accourut la sœur <strong>du</strong> p<strong>et</strong>it qui, on l'a vu,!<br />

se tenait tout près pour surveiller ce qui arriverait.<br />

4" Et elle dit : «Veux-tu que j'aille chercher une nourrice<br />

parmi les femmes <strong>de</strong>s Hébreux pour allaiter c<strong>et</strong> enfant ? —<br />

Va, dit Ia fille <strong>du</strong> pharaon... Elle alla <strong>et</strong> ramena... la mère <strong>du</strong><br />

« foli p<strong>et</strong>:t garçon. — (Bien combiné, n'est-ce pas ?) — La<br />

fille <strong>du</strong> pharaon Hil à c<strong>et</strong>te femme — (elle ne savait pas que<br />

c'était la mère !) : Emporte c<strong>et</strong> enfant <strong>et</strong> allaile-le. (Test moli<br />

qui me charge <strong>du</strong> salaire. s La femme prit l'enfant <strong>et</strong> l'allaita.<br />

— 218 -<br />

La pitié <strong>de</strong>vient agissante. Après l'émotion, qui pourrait<br />

nôtre que vaine, la réalisation pratique qui importe par<strong>de</strong>ssus<br />

tout. Selon la môme logique <strong>du</strong> Cœur aimant <strong>et</strong> sincère,<br />

le bon Samaritain dira au patron <strong>de</strong> l'hôtellerie : « Prends<br />

soin <strong>du</strong> blessé que je l'amène. Et ce que tu dépenseras en<br />

plus <strong>de</strong> ce que je te donne, je te le rendrai à mon r<strong>et</strong>our... •*><br />

Et voilà maintenant que la fille <strong>du</strong> pharaon, rentrée dans<br />

son palais, se sent la inaman d'un p<strong>et</strong>it qu'elle n'a pas<br />

enfanté <strong>et</strong> qui là-bas, dans quelque pauvre hutte, au bprd <strong>du</strong><br />

fieuve, est nourri par une femme qu'elle paye. Régulièrement<br />

elle envoie le salaire ; elle fait prendre <strong>de</strong>s nouvelles ; elle<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'on Ia tienne au courant : « Comment va-t-il ?<br />

Combien pèse-t-il ? Est-il gentil ? Se porte-t-il bien ? Est-ce<br />

quil engraisse ?-A-t-il déjà commencé à parler ?»... Et sans<br />

doute, pour ses promena<strong>de</strong>s accoutumées, le cœur Ia ramènel-il<br />

vers c<strong>et</strong> endroit où, dans les roseaux, le p<strong>et</strong>it avait pleuré...<br />

Sans doute aussi va-t-elle le voir, <strong>de</strong> temps en temps, pour<br />

que, le jour venu <strong>de</strong> le prendre chez elle, il la reconnaisse...<br />

âge, <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur àme, qui faisait comme elles font, parce qu'elle<br />

avait Ie cœur maternel qu'elles ont ?...<br />

5° « Quand l'enfant eut grandi, la nourrice l'amena à la<br />

fille <strong>du</strong> pahraon <strong>et</strong> ii fut pour elle comme un fils, Elle lui<br />

donna Ie nom <strong>de</strong> Moïse, « car, dit-elle, je l'ai tiré <strong>de</strong>s eaux. s><br />

(Croix, 17 Novembre 1938.) (A suivre.)<br />

La « Prière <strong>de</strong>s bonnes femmes ». — Si les bonnes femmes<br />

sont dévotes, assi<strong>du</strong>es à l'église, <strong>et</strong> qu'on Ies rencontre<br />

ici ou là, égrenant leur.rosaire, oh ! surtout ne vous moquez<br />

pas d'elles. Ceux <strong>et</strong> celles qui ont Ie plus <strong>de</strong> puissance près<br />

<strong>de</strong> Dieu n'en ont souvent aucune sur la terre. Je pense bien<br />

souvent que ce sont <strong>de</strong>s saintes ames inconnues, dans les<br />

cloîtres <strong>et</strong> dans le mon<strong>de</strong>, dans les villes <strong>et</strong> dans les villages,<br />

qui ont le plus heureusement travaillé à l'histoire <strong>de</strong> France,<br />

Personne ne les entendait, si ce n'est par hasard. Elles<br />

disaient : « Seigneur, voici les ennemis qui pénètrent dans<br />

Ie pays <strong>et</strong> qui menacent <strong>de</strong> tout ravager, donnez la victoire<br />

à nos gens ; voici Ia désunion parmi Ies habitants <strong>de</strong> notre<br />

cité <strong>et</strong> les partis vont s'entr'égorger, apaisez les querelles<br />

entre frères français ; voici la famine menaçante, perm<strong>et</strong>tez<br />

que les greniers publics soient ouverts <strong>et</strong> que les blés nouveaux<br />

montent bien nourris <strong>et</strong> bien drus dans le soleil ; voici<br />

<strong>de</strong>s injustices commises au préjudice <strong>de</strong>s faibles, punissez<br />

la force qui abuse ; que le royaume ne périsse point, ni la<br />

cité, ni la corporation I ><br />

Combien <strong>de</strong> fois <strong>de</strong> telles prières ont-elles été exaucées !<br />

Les choses n'allaient pas aussi vite, ni aussi simplement que<br />

les femmes l'eussent désiré. Mais le malheur redouté s'éloignait<br />

; ou bien, quand le châtiment avait passé, une grâce<br />

qu'on n'attendait point rétablissait les affaires <strong>de</strong> Ia cité <strong>et</strong>

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