DE QUIMPER ET DE LÉON - Diocèse de Quimper et du Léon

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Monseigneur Batillard, cc n'est qu'an homme : un ouvrier,
un étudiant, un professeur, an soldat, un ingénieur, un laboureur,
transfiguré par la grâce ». De mènie, l'écrivain, le journaliste,
le conférencier, l'orateur, si chacun d'eux soutient
le bon combat. Le Souverain Juge les placera, au ciel, dans
Ie groupe de saint Paul et de saint François de Sales, qui
surent si bien manier la parole et la plume.
Cette brave mére de famille nombreuse, assise là, dans le
train, en face de vous, au milieu de ses provisions, de ses
paquets, toute préoccupée, dirait-on, de son ménage, ne lit
pas le journal. La voici qui se recueille, ferme Ies yeux. Les
mains un peu jointes, allongées sur sa robe, elle profite d'un
moment de répit pour faire sa prière, dire un « bout de
chapelet». C'est sans doute une vraie sainte. Bien sûr qu'elle
ne Ie croit pas. Regardez son beau et calme visage, si bon,
si maternel. Quelle vie surnaturelle intense s'y reflète, aux
veux qui savent voir !
De rares indices signalent donc les saints au public distrait.
Les initiés ne s'y trompent pas : un rosaire égrené
dans l'ombre d'une poche de pardessus ; des yeux fennes,
— il est si bon d'échapper ainsi aux laideurs et vulgarités
si fréquentes! — des lèvres recueillies ou agitées d'une
imperceptible prière, une lecture absorbante, méditée. Penchez-vous,
voyez le titre. C'est V Evangile, VImitation de Jésus-
Christ, ou quelque livre substantiel.
Et ce sont surtout des jeunes, au visage fin et spirituel,
que vous vovez agir ainsi. Ils sont beaucoup plus nombreux
qu'on croit les hommes tentés, secoués par Ies orages des
passions, et qui ne cèdent pas ; les jeunes qui savent rester
purs. Combien; après une chute, qui est le plus souvent
simple surprise, savent se relever aussitôt ! Cette faute leur
devient comme un ressort pour bondir plus loin, plus haut,
plus près de Dieu. Et voilà qui est beau ! Sans se décourager
jamais : « 7/ n'y a personne qui, après avoir commencé sa
journée en misérable, ne puisse la finir en sainte, dit la
grande sainte Thérèse d*Avila.
Qu'il est grand là surtout X — Dans une de ses plus
belles odes, après avoir chanté en termes magnifiques l'épopée
de Napoléon I er , Victor Hugo s-arrete pour contempler
le dernier stade de cette prodigieuse existence, la captivité
à Sainte-Hélène, et il lance ce dernier cri d'admiration devant
la personnalité de l'Empereur : « Qu'il est grand là
surtout ! »
Archives diocésaines de Quimper et Léon
L i » . . . . . . . . . . . .
La France conserve dans ses annales, à l'instar des pages
les plus glorieuses, le récit de la captivité d'un autre de ses
souverains.
Saint Louïs, qui aimait Ia paix plus que tous les autres
biens matériels, qui n'avait jamais ambitionné la plus petite
conquete territoriale et n'avait iamais rêvé d'imposer sa
volonté à personne, avait entrepris la croisade pour procurer
la gloire de Dieu et le .bien des âmes en délivrant le tombeau
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du Christ et en libérant Ies chrétiens de l'oppression musulmane,
Il était parti d'Aigues-Mortes au chant du Veni Creator
avait tout le long du voyage, donné l'exemple de la piété et
des plus hautes vertus. A l'arrivée à Damiette, au cours de
tous Jes combats, nul ne l'avait surpassé en intrépidité
f F 0L L V ' ait 'Jf. sc ? m P ler ta victoire, ayant tout fait poJr me-
tionnait beaucoup. Lannée, enveloppée par les ennemis et
décimée par la peste, est contrainte de se rendre après une
retraite désastreuse.
Louis est emmené en captivité. Ah ! c'est bien à lui que
doit s appliquer la parole du poète : « Qu'il est q rand là
surtout!» Et comme il va plus faire en sa prison pour Ie
renom et le prestige de la France que s'il eût conquis l'Afrique
et la moitie de l'Asie ! j M
« Le bon saint homme de roi », comme l'anpelle Joinville
honore sa captivité par son courage, sa douceur, sa grandeur
d ame et la noblesse de tous ses sentiments.
«Vraiment, s'écrient les Arabes surpris, celui-ci est Ie
plus fier chretien que nous ayons vu, (nous le gardons dans
Jes iers et il nous parle comme si nous étions ses captifs. »
Aussi, quand il a payé sa rançon et que, passé en Palestine,
il emploie son ascendant et son zèle à maintenir la
concorde entre les chrétiens, ses ressources à réparer Ies
fortifications des places qu'ils occupent encore, voit-on ce
vaincu obtenir du vainqueur plusieurs avantages pour ses
coreligionnaires !
Cependant qu'en France, à l'annonce des désastres, de la
captivité du roi et de l'admirable patience qu'il montre dans
la captivité, l'enthousiasme populaire s'exalte, une foule
innombrable de serfs et de paysans .s'assemblent pour passer
Ia mer et aller au secours du roi. C'est Ia croisade des
Pastoureaux, qui, faute de guides et de chefs, finit lamentablement.
Saint Louis, vingt ans plus tard, se montre aussi grand
par la patience et Ia résignation lorsque, au cours d'une
ultime croisade, il échoua et meurt à Tunis, le 25 Août 1270.
« Echec politupie apparent, mais qui achève de consacrer
le saint roi aux yeux du peuple dont il fut le maître et le
père H a dit -Sy E. Ie cardinal Baudrillart.
. À
« La patience est actuellement la forme la plus nécessaire
du courage», disait récemment aux Français le maréchal
Petain. Saint Louis nous offre de cette fonne de courage 3e
meilleur modèle dont nous puissions nous inspirer à l'heure
présente. Louis IX n'avait pas mérité la captivité. U Ia supporta,
non seulement sans murmure et avec résignation, mais
presque avec joie, avec la sérénité d'âme que nous devons
avoir lorsque le Ciel nous envoie quelque épreuve. Comment
pourrions-nous récriminer, nous qui ne pouvons reprocher