DE QUIMPER ET DE LÉON - Diocèse de Quimper et du Léon

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L'orgue, à maintes reprises, a exécuté, entre divers morceaux
goûtés méme pur de simples profanes, de nombreuses
variations sur le Pange sol em nes. La chorale, dirigée par
M. Le Marrec, et soutenue par M. Abai ea, a chaulé aprés
l'élévation un beau Tantum ergo, harmonisé à quatre parties.
A vêpres, une foule encore plus dense, débordant la nef,
Ie sanctuaire, même les bas-côlés, jusqu'aux portes extérieures,
et pénétrée d'un respect profond pour la présence de
Dieu, les crérémonies saintes et Ie Bras fie saint Corentin qui
domine entouré de cierges au milieu du sanctuaire, dans son
reliquaire merveilleux. Elle prend part au chant des Psaumes,
avec Ia chorale, la psallette et le grand orgue. Elle va se
recueillir un bon moment, pour entendre le beau panégyrique
prononcé par M. Barvet, curé de Saint-Martin de Brest, et
s'émouvoir à l'évocation du grand Saint fondateur et patron
du diocése, suscité par le bon Dieu qui choisit toujours à
l'heure ses instruments, au temps du roi Gradlon, pour rassembler
et convertir ce peuple de Cornouaille par la prière
et la pénitence, et pour lui assurer ensuite, par son travail
et sa prévoyance, des prêtres ses collaborateurs, et des successeurs
dignes de lui, dans cette série (l'illustres pontifes,
couronnée par celui, remarquable entre tous, qui gouverne
actuellement.
ainsi le #estc du grand Saint s'avançant au milieu de son
peuple incliné et recueilli.
La bénédiction du Saint-Sacrement termina la grande
journée. Un beau cantique pieux en même temps et original :
Je crois en toi, mon Dieu..,, Plus près de toi, mon Dieu,
accueillit d'abord l'hostie sortant du tabernacle pour venir
n l'ostensoir. Aprés l'Ave Maria, le Tu es Petrus, Ie Tantum
erqo, et la bénédiction, un chant plus populaire, Christus
vincit, Christus reanat..., la reconduisit de même au tabernacle.
CHRONIQUE GENERALE
La poésie de l'Avent. — Les quatre dimanches de l'Avent
se rencontrent avec les plus longues nuits de l'année. Ils^ ne
jouissent que d'un rare soleil ; ils ne recoivent aue de pales
rayons, souvenirs fuyants des magnificences de l'été.
S'il fait gris dehors- dans les églises il fait sombre. Les
cierges et les lampes combattent péniblement cette obscurité
plus tenace que celle de la nuit complète.
Et la liturgie prend la couleur de la saison el revêt sa
mélancolie. Ce ne sont pas les lamentations ni les sanglots
de la Semaine douloureuse, mais une tristesse traversée
d'espérance, une attente illuminée de certitude, de plaintifs
désirs qui s'élancent, pareils à des colombes blessées.
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l'n chant, entre tous Ies autres, condense la poésie de
l'Avent; C'est le Borate cœli desuper...
Quel musicien de génie inventa cette mélodie qui, én
(puiques notes, jaillit jusqu'au ciel, et qui en retombe, avec
une grace exquise connue un jet (l'eau lassé, en pluie de
fraîcheur et de lu mi ef e ?
Chaque fois que j'entends le Borate.,, je songe à ces ré­
gions t mystérieuses où les justes de l'Ancienne Loi ont langui,
durant des siècles et des siècles, dans l'attente du Rédempteur.
Je songe à ces «enfers» dont, Jésus, sitôt accomplie
l'œuvre de la Croix, descendit briser les portes et délivrer
les captifs.
Notre pauvre imagination ne peut se les représenter que
sous des images un peu terrestres. On rêve d'une incommensurable
église, emplie d'ombre, où palpiterait' pourtant un
conimencément de lumière. Dans cette ombre, des ombres à
fonne humaine sont assemblées qui célèbrent un Avent long
dc plusieurs milliers d'années. La liturgie des limbes ! Une
liturgie sans sacrifice, toute en supplication, eri élancements,
en soupirs. Un chant à demi-voix, un chœur qui s'éteindrait
parfois pour sc ranimer toujours dans la douceur du Borate
c(vli...
Ces ombres ont des noms augustes : Adam, le père des
hommes, est là, et Eve, abîmée dans le repentir de la grande
faille, et Abraham, et Melchisédec, et Jacob, et Moise, et David.
Et de nouvelles ombres, au long des temps, viennent
grossir la multitude das sainies ombres. Alors celles-ci de
s'assembler -autour de nom elles venues : « Que se passe-t-il
sar la Ierre ? Conunence-t-on à v percevoir l'aube du Salut ?
— Oui, répond Isaïe, les temps approchent ; une vierge
enfantera l'Emmanuel. »
Et Daniel d'ajouter : «Encore soixante-dix semaines dannées
et le soleil du salut se lèvera !»
Alors, avec des voix revivifiées par l'esperance, le chœur
des ombres chantait :
« O sagesse, sortie de la bouche du Très-Haut ; toi qui, de
toute éternité, disposes toutes choses avec force et douceur,
viens nous enseigner la voix de la sagesse.
« O Adonnï, chef de la maison d'Israël, toi qui apparus a
Moise daus Ia Hamme du buisson ardent et qui lui as donne
ia loi sur Ie Sinaï, viens nous racheter par la force de tou
bras
«O racine de Jessé, étendard de ton peuple, devant qui
les rois sc tairont et que les nations imploreront, viens nous
racheter, ne tarde plus ! _
«O Clé de David et Sceptre de la maison d Israel, toi qui
ouvres sans que personne puisse fermer ce que tu as ouvert,
toi aui fermes sans que personne puisse ouvrir ce que tu as
fermé, viens, détache les chaînes des captifs assis dans les
ténèbres et à l'ombre de la mort.