DE QUIMPER ET DE LÉON - Diocèse de Quimper et du Léon
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12 -<br />
CHRONIQUE GENERALE<br />
i « vie chrétienne dans les tranchées. - On nous com-<br />
„,„ntqne la l<strong>et</strong>re d'un diacre, caporal Je chasseurs alptns :<br />
Bien cher Monsieur le Curé,<br />
Nous venons <strong>de</strong> prendre six jours <strong>de</strong> repose?) -»-»»«<br />
canon allemands... cependant nous - ^ f . J ^ ^ *<br />
„„., IP, * Fritz » Demain, nous remontons en ligne. Alors,<br />
nous les « «»"• *" em ? t'errib|e <strong>de</strong> la tranchée va recommencer'<br />
R I I S ravalller' le jour <strong>et</strong> se battre la nuit<br />
Crtmser tranchées, abris, boyaux dc communication e le<br />
SSs • ïàr-*af^%a--V-- tt<br />
tout près, <strong>de</strong>rrière. J'espère que nogs dirons toujoms . «ll<br />
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vfsaïe'<strong>et</strong> h fus en mi<strong>et</strong>te». J'avais sur ma poitrine le Saint-<br />
Sacrfment que j'avais apporté pour les montante <strong>et</strong> que je<br />
nWmi déposer; c'est Lui qui m'a sauve ; .1 nei voulait<br />
naTrester seul avec son serviteur mort. Dieu est bon.<br />
P Pai nu dé à baptiser trois copains, faire faire une premiè're<br />
Communio <strong>et</strong> régulariser quelques situations. Que <strong>de</strong><br />
belles âmes sous ces carapaces <strong>de</strong> boue, sous ces visages couverts<br />
d'une barbe hirsute sous ces traits t res par 1- fatigue<br />
"•J souffrance ' Les veux se sont purifies au contact <strong>de</strong><br />
rénreuve les âmes montent... Un <strong>de</strong> mes néophytes frappe<br />
,u? Ie champ <strong>de</strong> bataille : « Père, quelle joie d'étre baptise !<br />
îë vaU aller voir le bon Dien. Jadis je ne croyais pas, comm<br />
mon Dire <strong>et</strong> ma mère - que Dieu ait leur ame ! J ai fait<br />
aptis P er .non p<strong>et</strong>it René avant <strong>de</strong> partir ; comme j'ai bien<br />
f-dt ' Te voudrais le revoir. Nous nous r<strong>et</strong>rouverons la-haut<br />
Oh •' «HteV-moi, le bon Dieu ne m'en voudra, pas <strong>de</strong> 1 avoir<br />
connu si tard ? Père, restez à côté <strong>de</strong> moi, je veux mourir<br />
:,Vl 'ïc V ^ U rs est revenu, il guérira. D m'a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> lui faire<br />
fitire si première Communion, <strong>de</strong> le faire confirmer <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
le marier. Je m'occupe <strong>de</strong> lui. tombe<br />
Et c<strong>et</strong> autre, son camara<strong>de</strong>, vient d <strong>et</strong>re tue. Il tomDe<br />
ina " i îV Ù est à côté <strong>de</strong> toi.» TI ouvre ses grands yeux <strong>et</strong> bal-<br />
,,„,;,. Facie <strong>de</strong> contrition que je formule, « Ve ux-hi comm «nier<br />
? » Sa tète bouge dans un signe g****- Surl pan<br />
.l'une canote ie dépose le corps <strong>du</strong> Christ... « (.orpus vo<br />
Iffli rLodik.. ln vitam n<strong>et</strong>ernam... » Ses yeux refermes,<br />
il est avec son Dieu. TI-n'a plus repris connaissance.<br />
Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
— 13 -<br />
Et maintenant je vais remonter saus fusil; sans grena<strong>de</strong>,<br />
n'emportant que Ie bon Dieu pour le donner à ceux qui vont<br />
le rencontrer. Nous sommes en marcher vers lui <strong>et</strong> les âmes<br />
nous suivent. Elles ont soif <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vérité, <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
justice, <strong>de</strong> c<strong>et</strong> amour qu'elles ignoraient. Que <strong>de</strong> fois je leur<br />
ai parlé <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> famille <strong>de</strong> Dieu, dont ils font partie.<br />
Ah ! ces C. E. au front, ces cours <strong>de</strong> catéchismes !.„ héritiers,<br />
frères <strong>du</strong> Christ, nature divinisée, nos souffrances ont un<br />
sens, notre vie un but. Hs comprennent, même les «avancés»,<br />
les « viveurs ».<br />
Ainsi me voilà «fonctionnaire-aumônier». Il n'y a pas<br />
<strong>de</strong> prêtre au bataillon. De plus, me voilà proposé comme<br />
aumônier régimentaire. On attend les démissoriales pour<br />
m'ord on n er, <strong>et</strong> puis je revêtirai la soutane. Comme le Christ,<br />
son prétre vivra dans la paille, dans la boue <strong>de</strong> la tranchée,<br />
sous la mitraille. Eux, les gars, sont fiers d'avoir leur prêtre.<br />
Quelle responsabilité î Priez pour moi !<br />
Je vous embrasse. ft. H., Diacre.<br />
L'heure <strong>de</strong> la France. — « Pour l'unité » publie un im<strong>et</strong>,<br />
dont nous repro<strong>du</strong>isons ci-<strong>de</strong>ssous un extrait (1) :<br />
Nous sommes entrés dans c<strong>et</strong>te guerre avec la conviction<br />
<strong>de</strong> remplir un grand <strong>de</strong>voir.<br />
C<strong>et</strong>te guerre, pour nous, n'est pas une guerre comme les<br />
autres. Guerre <strong>de</strong> conquête ? Nous ne pouvons même plus<br />
en supporter l'idée. Guerre <strong>de</strong> simple défense <strong>et</strong> pour notre<br />
sécurité ? C'est ce que nous avons dit <strong>et</strong> répété. On a tellement<br />
abusé autour <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>s conflits idéologiques que<br />
nous répugnons à définir par là nos buts <strong>de</strong> guerre.<br />
Nous sentons bien pourtant que ce n'est pas seulement<br />
pour notre terre que nous nous battons. L*instinct <strong>de</strong> conservation<br />
ne joue que dans le péril immédiat, <strong>et</strong> notre sécurité<br />
n'était pas immédiatement menacée.<br />
Nous avons été poussés par autre chose.<br />
Nous n'avons pas pu su p poil er <strong>de</strong> voir indéfiniment les<br />
p<strong>et</strong>its mangés par les forts.<br />
Non, c<strong>et</strong>te guerre n'est pas une guerre comme les autres.<br />
Malgré toutes les manœuvres, une force mystérieuse nous<br />
a remis dans le sens dc notre <strong>de</strong>stin. Le bol chevi sme. dont<br />
certaines apparences faisaient illusion à beaucoup d'entre<br />
nous, s'est démasqué soudain, révélant sa parenté avec le<br />
nazisme. Alors, comme sous l'action d'un réactif, sont apparues<br />
les affinités profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s vieilles nations chrétiennes,<br />
ramenées elles aussi à leur <strong>de</strong>stin. Ce coup <strong>de</strong> théâtre, aux<br />
conséquences incalculables, n commencé le salut <strong>de</strong> Ia civilisation...<br />
Mais nous comprenons aussi qu'il rie suffira pas d'abattre,<br />
qu'il ne s'agit pas <strong>de</strong> remplacer une hégémonie par une<br />
autre, qu'il faudrait enfin édifier la paix sur <strong>de</strong>s bases<br />
<strong>du</strong>rables.<br />
(1) Franco le 100 : 10 fr. f les 500 : 35 fr. (6, place Saint<br />
Michel, Paris (6*).