tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

un Jugement dernier avant l’heure et, chemin faisant, les feux de camp
seraient devenus des feux de géhenne de circonstance où l’on aurait brûlé vif
les Romains et les Hérodiens rencontrés au hasard de la route. Pour éviter
tout débordement meurtrier, Jésus comptait ne leur divulguer la nouvelle que
le matin même de son entrée messianique.
Judas, Simon le Zélé et Jean étaient les seuls au courant.
À tous, Jésus annonça qu’il partait pour sauver son ami Lazare. Depuis
la veille, un mauvais pressentiment avait submergé Jésus, il était certain
qu’il était arrivé quelque chose de fâcheux à l’émissaire de Maria et de
Marthe. Il devait aller lui-même porter secours à son ami. Déjà, il voyait la
scène où, le croyant mort, ses sœurs allaient le mettre en terre. Il imagina le
malheureux enterré vivant, sortant de sa léthargie, hurlant à la mort pour
finalement la trouver quelques jours plus tard sans eau ni nourriture.
Il n’avait pas pu se rendre à Béthanie pour ne pas briser son futur sacre,
pour que tous croient en lui, notamment Simon le Zélé qui avait
personnellement émis quelques doutes polis concernant la réelle
détermination de Jésus à vouloir la concrétisation prochaine du Royaume
de Dieu sur terre.
Mais à présent, sa destinée convergeait vers la Judée et il devait s’y
rendre rapidement. Accompagnés par une foule de disciples, Jésus et ses
apôtres prirent la route du sud. Le pressentiment que Jésus avait eu
concernant l’émissaire des sœurs de Lazare se révéla exact. Cheminant
pendant la nuit, le jeune homme était tombé dans un ravin et il avait perdu la
mémoire. Désormais, Jésus savait que le sort de son ami reposait
entièrement entre ses mains. Il accéléra la cadence de marche, ne faisant que
de très rares pauses, se déplaçant même une bonne partie de la nuit. La
troupe à sa suite avait l’habitude de ces grandes marches et malgré la fatigue,
elle resta auprès du Messie, ne voulant pas le quitter.
En chemin, Jésus ne resta pas inactif pour autant, il prit le temps de
guérir les malades qu’il croisait.
Les lépreux…
À l’entrée d’un village, dix lépreux l’interpellèrent de loin. Ces malades
n’approchaient jamais les gens sains car, par la peur qu’ils suscitaient, ils
risquaient de se faire lapider. Le peuple savait que la lèpre était contagieuse
et on évitait de les côtoyer en les mettant soigneusement à l’écart. Pourtant,
cette fulgurante épidémie de lèpre qui sévissait partout en Terre promise
n’en était pas une et n’était pas transmissible : Jésus savait qu’il ne s’agissait
là que de l’une des nombreuses ramifications de la maladie de l’ergot. La
consommation du poison entraînait la nécrose des mains mais également des
bras ou même des jambes. Pour la grande majorité des intoxiqués aux
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