tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

Ce nombre de douze avait été ingénieusement choisi pour faire
apparaître, aux yeux des croyances romaines ou égyptiennes, le Messie
comme étant une incarnation vivante des divinités adorées à l’étranger et
qui étaient précisément entourées de douze fidèles.
Sept membres de cette assemblée avaient déjà été désignés par le chef
de l’Ordre : Judas, Thaddée, Philippe, Barthélemy, Thomas, Simon le Zélé
et Jean. Ceux-ci étaient tous des disciples esséniens ayant reçu un
apprentissage à Qumran sous l’œil du chef de l’Ordre. Ce dernier laissa à
Jésus le choix de sélectionner les cinq autres apôtres. Jésus n’était pas dupe
de cette faveur, il savait que le chef de l’Ordre pensait que s’il avait voulu
voler de ses propres ailes après son sacre, il n’aurait jamais eu la majorité
absolue devant l’assemblée car les sept Esséniens étaient à la solde du chef
de l’Ordre.
Du moins, en était-il persuadé.
Pour s’affranchir de son obligation, Jésus rechercha les cinq candidats
idéaux. Néanmoins, il ne souhaitait pas recruter parmi les rangs des
Zélotes, il voulait auprès de lui des hommes sans haine viscérale. Il y avait
deux conditions formelles que devaient satisfaire tous les membres de cette
assemblée : être juif et parler une langue étrangère. Les apôtres devaient
pouvoir dialoguer et négocier dans les différents idiomes des pays voisins
pour flatter l’ego de ces derniers, évitant ainsi bien des conflits futurs en
garantissant l’intégrité de la souveraineté restaurée.
Les sept Esséniens pratiquaient une langue étrangère : soit on la leur
avait enseignée à Qumran, soit de par leur parcours personnel, ils avaient
eu l’occasion d’en apprendre une. Jean était dans ce dernier cas : sa mère
était morte en le mettant au monde. Son père Zébédée s’était remarié avec
une Crétoise parlant également le libyque. Elle s’était amusée à apprendre
à Jean le crétois et à Jacques l’aîné le dialecte de la Libye.
Jean allait parfois rendre visite à son père Zébédée et à son frère et il en
profitait pour pêcher avec eux. Il connaissait bien Simon-Pierre et son cadet
André qui s’étaient associés avec son père. Ces deux frères parlaient
également une langue étrangère : Simon-Pierre avait été marié avec une jolie
fille de Pamphylie et André avec une de Cappadoce. Ils avaient vécu une
idylle fougueuse, apprenant la langue de leur épouse respective par amour.
Cependant, elles finirent par les quitter presque le même jour.
Correspondant en tout point aux critères requis, Jean proposa à Jésus
de recruter les trois pêcheurs pour les investir à la fonction d’apôtres.
Jésus hésita car il ne pensait pas devoir aller jusqu’à la sacralisation
effective de l’assemblée voulue par le chef de l’Ordre, il comptait prendre
possession du Temple par le ralliement de Caïphe et l’institution des
Douze apôtres n’était donc pas nécessaire. Néanmoins, établir cette
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