tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

ouche de sa mère, qu’il n’était que le pantin du Temple, conditionné à
œuvrer pour lui.
Mon Maître…
Le mystérieux homme qui venait chaque matin pour l’instruire et qui
avait fait jaser plus d’une commère dans son village, s’était joué de lui.
Celui en qui il avait une grande estime et une dévotion profonde, le
considérant même comme un second père, l’avait trahi. Ce maître grec à
l’immense savoir, à l’éternelle tunique noire, à la démarche boiteuse, à la
barbe coupée en pointe qui accentuait un peu plus la sensation de longueur
chez ce quadragénaire à la mince silhouette, avait épousé la cause, la
religion juive et travaillait pour le Temple.
Pendant toutes ces années d’apprentissage, le berçant et l’endoctrinant
par la foi d’un devenir royal, le Maître l’avait éduqué à sa fonction
promise, le menant habilement à adorer, à respecter le Temple et ses
prêtres autant que Yahvé.
Jésus n’était pas l’enfant divin que le Maître prétendait : il n’était qu’un
rejeton d’Hérode, un sale bâtard issu d’un viol dont on voulait se servir
pour endosser le titre de roi des Juifs, un Messie de pacotille, le Christ
comme lui susurrait en grec son Maître, pour le voir agir conformément à
la cause du Temple et, en bon sbire, se prosterner docilement aux pieds des
religieux.
Le choc psychologique de ces révélations avait été rude pour la
conscience de Jésus à l’époque. Tout l’univers qu’il s’était construit, qu’on
avait édifié pour lui dans le mensonge avait été détruit, balayé par
l’ouragan nommé réalité.
De lui, il semblait ne rester plus rien. Seul le Père céleste paraissait
battre encore en lui, mais si loin, si profondément enfoui au fin fond de son
âme blessée que Jésus croyait que jamais plus il ne pourrait côtoyer l’être
divin qui enflammait son cœur aux jours heureux.
Un jour nouveau…
Dans le jardin paradisiaque où il se trouvait, Jésus se tourna vers le
soleil dont les rayons chauds éclairèrent son visage tourmenté.
Longtemps, il avait marché vers lui et vers lui-même, toujours vers une
aurore nouvelle, se cherchant et cherchant ce Père céleste qui semblait
l’avoir abandonné.
Méthodiquement, utilisant le factuel et les indices pour orienter ses
recherches, Jésus avait longuement réfléchi le soir où, s’étant réfugié dans
une grotte, il avait fui la maison familiale.
Malgré les mensonges nécessaires à son conditionnement, le Maître
grec lui avait apporté un enseignement neutre concernant les croyances des
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