tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

dernier fut agréablement surpris de tant de douceur de la part de celui qui
l’avait fait tant souffrir par ses coups de fouet.
Brutus et Marcus le saisirent doucement par les bras et le relevèrent.
Dans un coin de la pièce, un grand baquet d’eau était présent. Poisseux de
sang, Jésus imagina pendant une paire de secondes le plaisir qu’il allait
avoir à s’y baigner.
Pas un seul instant, il n’imagina que ce bain serait pire que la
crucifixion à laquelle il avait échappé.
Pas un seul instant, il ne se douta que ce liquide vital allait être pour lui
le pire des éléments de la nature, bien pire que le feu de la géhenne.
L’eau…
Brutus attrapa brutalement Jésus par les cheveux et plongea sa tête dans
l’eau. Marcus en profita pour se saisir des mains de Jésus, les ligotant dans
le dos et en fit de même pour les jambes.
Jésus rua tel un cheval paniqué. Mais Brutus avait prévu sa réaction et il
le maintint dans l’étau de ses bras monstrueux. Sous l’effet de la peur,
Jésus avala une grande quantité d’eau dont une partie s’engouffra dans ses
poumons. Ceux-ci furent parcourus par un incendie dévastateur et, malgré
la présence du liquide, ils brûlèrent de mille feux.
Pourquoi Brutus voulait-il le tuer ? Quelle folie l’animait ? Jésus n’en
avait aucune idée. Dans l’ignorance totale, perdu dans l’abysse de
l’incompréhension, Jésus se sentit partir. Il se mourait : la mort était en train
de l’étreindre de son souffle pernicieux.
Juste avant qu’il ne meure noyé, Brutus lui releva la tête hors de l’eau.
Jésus s’enivra de la bouffée d’air qui éteignit pour un temps l’incendie de
ses poumons. Il se mit à cracher en râlant.
Marcus eut un sourire carnassier en voyant la peur dans les yeux
ruisselants de Jésus. À peine avait-il repris sa respiration que Brutus lui
replongea la tête dans le baquet. Les secondes défilèrent semblables à des
minutes et Jésus se demanda s’il allait cette fois revenir à la vie. Après une
interminable souffrance, Brutus le sauva in extremis de la noyade.
Pendant ce court laps de temps où ses poumons se gorgeaient d’air,
l’esprit angoissé de Jésus s’interrogea : pour quelle raison Marcus et
Brutus agissaient-ils ainsi ? De toute évidence, ils n’avaient pas dû
supporter qu’un homme condamné à la crucifixion s’en sorte indemne. Ils
voulaient le voir périr lentement comme il aurait dû périr sur la croix.
Pilate n’était pas au courant de leurs agissements et, s’il avait été présent,
nul doute que le Romain aurait ordonné à ses soldats d’interrompre cette
folie.
Cependant, Pilate n’était pas là pour le sauver et Brutus continua de le
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