tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

faire mourir. Car à chaque nouvelle immersion, Jésus se sentait mourir. Il
n’arrivait pas à surmonter l’effroi de cette sensation. À chaque plongeon
dans la noirceur du fluide, la peur panique submergeait son esprit,
engloutissant sa volonté dans le néant et cette peur prenait le dessus sur luimême.
Combien d’heures dura ce supplice ? Rapidement, Jésus n’en eut plus
aucune notion.
Au bout d’un temps infini, Pilate pénétra dans la salle. Il était vêtu
d’une longue cape rouge tombant sur ses grandes jambes poilues.
Lorsqu’il le vit, le cœur de Jésus se mit à battre la chamade. Il était
sauvé, Pilate était là et son tourment allait enfin s’arrêter.
Et effectivement, Brutus relâcha sa poigne. Marcus sortit son poignard
du fourreau et coupa les liens de Jésus qui s’écroula sur les dalles. Suivi du
centurion, Marcus quitta les lieux.
Calmement, Pilate s’assit sur un tabouret en dévisageant le supplicié.
Celui-ci était exténué physiquement et mentalement. Mais à présent que
Pilate était là, son cauchemar était terminé.
Du moins, le croyait-il.
Brutus revint avec une lourde traverse de bois qu’il posa au sol. Portant
un sac en bandoulière, Marcus le rejoint l’instant d’après avec un épais
billot dans les mains. Le regard flou, Jésus ne comprenait pas ce qu’ils
étaient en train de manigancer. Brutus s’approcha et tira Jésus par les
cheveux jusqu’à la traverse. Puis, par la force, il lui positionna la main à
plat sur le bois.
Alors Marcus fondit sur le prisonnier.
En trois coups de marteau, il cloua la paume de Jésus. La douleur fut
fulgurante et Jésus trouva les ressources nécessaires pour hurler. Sans se
préoccuper de ses cris, Brutus et Marcus s’activèrent à lui planter un large
clou dans l’autre main. Puis, prenant le billot, ils y clouèrent les pieds de
Jésus. Celui-ci se tordit semblable à une chenille au corps sectionné.
– Jésus, il faudra m’obéir, dit Pilate. Je suis celui qui peut t’aider, qui
peut arrêter tes tourments. Mais si tu ne m’obéis pas, je te ferai mal… très
mal…
Comme pour donner du poids à ces propos, Marcus enfonça
profondément un morceau de bois pointu dans la côte de Jésus. Satisfait,
Marcus considéra cette blessure : elle était censée correspondre au coup de
lance qu’avait reçu Judas sur la croix par un légionnaire voulant s’assurer de
sa mort.
– Non ! Pas ce côté, maugréa Brutus, c’était l’autre côté…
– Peu importe, coupa Pilate.
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