tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

L’immobilisme du Temple concernant l’ergot était troublant. Jésus finit
par réaliser que c’était là un acte volontaire et réfléchi. Il comprit que
Caïphe et ses sbires avaient probablement empoisonné sciemment les
champs. Le Grand Prêtre devait espérer voir déferler les malades à
Jérusalem et monnayer les guérisons qu’il orchestrerait lui-même.
Néanmoins, tout cela restait des suppositions et il devait avoir la preuve
formelle que c’était bien Caïphe qui était derrière cette horrible
machination, avant de pouvoir trouver une solution adéquate pour contrer
cette folie, sans déclencher une guerre civile vengeresse.
Le récit du paysan était troublant et il pointait le coupable un peu plus
du doigt.
Caïphe…
Malgré les risques qu’il encourait, Jésus décida d’aller à Jérusalem pour
poursuivre son enquête. De plus, il voulait s’y rendre pour se ressourcer, se
ravitailler en Onction divine : il allait acheter lui-même les ingrédients
nécessaires pour la potion assyrienne. Cette tâche incombait normalement
à son ami Lazare mais celui-ci était souffrant et ne pouvait se déplacer.
Jésus allait lui faire livrer les ingrédients nécessaires pour la réalisation de
l’Onction.
Lazare était un ami de Jean de longue date et ce dernier avait pensé à lui
lorsque la logistique des guérisons avait dû se mettre en place dans
l’urgence. Quand Lazare avait rencontré Jésus en Galilée, une franche
amitié s’était immédiatement établie entre eux. En toute quiétude, Jésus
avait pu faire confiance à Lazare : désormais, l’homme de Béthanie
s’occupait de préparer et d’envoyer à Jésus le remède dans des amphores
censées contenir du vin.
Lazare mandatait ses sœurs Marthe et Maria Magdalena pour déposer
ces amphores dans des endroits précis et secrets. Les jeunes femmes ne
savaient pas ce que contenait véritablement ce qu’elles transportaient dans
leur chariot. À vrai dire, elles ne s’en préoccupaient pas, œuvrant par
amour du Christ, lui vouant une vénération et une passion immense depuis
qu’il avait guéri Maria Magdalena de sa condition de Démoniaque.
La nuit, Jésus ou Jean allait discrètement récupérer les amphores pour
en remplir les outres dissimulées dans le manteau du Christ et en cacher le
surplus dans leurs affaires personnelles.
Pour ces deux raisons, investigation sur le Fléau et ressourcement
permettant de l’éradiquer, Jésus partit à Jérusalem.
En route, il échappa à une tentative d’assassinat par une dizaine de
malfrats alléchés par l’appât du gain, celui promis par Caïphe pour la mort
du Christ.
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