tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

Tom réfléchit un instant avant de demander :
– Mais pourquoi porter Jésus sur son testament s’il croyait que son fils
était mort ? Il avait vraiment perdu toute sa raison…
– Non, malgré sa folie, il avait encore parfois la maîtrise de sa raison. Un
espion du roi a filé un messager du Temple qui partait pour l’Égypte où
s’étaient réfugiés Joseph et Marie. L’espion a vu Jésus là-bas et le messager
a fini sur la table de torture d’Hérode pour savoir ce qu’il tramait. Hérode
voyait des complots de partout et il croyait que certains religieux
complotaient avec les Égyptiens pour le renverser.
Le Pape resta un instant silencieux, puis il ajouta que lorsque Hérode
apprit que Jésus était toujours vivant, il en fut profondément ému. De plus,
en décrivant précisément comment était physiquement l’enfant, Hérode
comprit que Jésus lui ressemblait beaucoup et qu’il possédait ses yeux
bleus. Son cœur se mit à battre la chamade pour ce fils qu’il n’avait jamais
vu. Avant de mourir, il modifia son testament et partagea son royaume en
tétrarchie, en quatre parties dont trois allèrent à ses fils déjà en âge de
régner : Archélaos recevait la Samarie, Antipas la Galilée et la Pérée et
Philippe les territoires au nord-est du Jourdain. Jésus, lui, allait hériter du
plus beau, du plus prestigieux royaume d’Israël : celui de l’Idumée et de la
Judée comprenant la ville de Jérusalem. Jésus était le nouveau roi et il avait
reçu le titre de roi des Juifs.
Perplexe, Tom fronça les sourcils.
– Mais je croyais que le testament d’Hérode avait été lu devant une
partie du peuple juif en présence de la famille royale ?
– Oui, c’est vrai et c’est même Archélaos, l’un des héritiers de la
tétrarchie qui en a fait la lecture. Seulement, il a fait une fausse lecture
parce que lui n’avait hérité que du plus vil territoire : celui de la Samarie. Il
était jaloux de Jésus qu’il considérait comme un bâtard et il a déclaré
publiquement que le territoire de la Judée et de l’Idumée lui était légué et
qu’il était le roi. Il s’est accaparé la cité de Jérusalem et le peuple a scandé
son nom en croyant qu’il était leur nouveau roi légitime. Les soldats et
leurs chefs ont promis fidélité au nouveau roi en lui souhaitant un heureux
règne.
Le Pape poursuivit en disant que, bien sûr, des dissensions éclatèrent
entre Archélaos et Antipas. Ce dernier n’avait pas apprécié le coup de force
d’Archélaos pour s’approprier le territoire le plus envié du royaume et le
titre de roi. Antipas ne voulait pas ébruiter l’affaire devant le peuple,
croyant lui aussi pouvoir tirer profit de ce testament loufoque du roi qui
donnait la Judée à un enfant bâtard qui n’était même pas en âge de régner.
Antipas espérait pouvoir faire tomber cette immense province dans son
giron car pour valider le testament, il fallait l’aval d’Auguste, l’empereur
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