tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

Thomas, en présence également de Jean et son frère Jacques ainsi que Lévi
et Simon le Zélé, Simon-Pierre s’était embarqué la veille pour aller pêcher
comme au temps où il vivait du fruit de la nature. Cependant, cette nuit-là,
le lac n’avait rien voulu offrir au pêcheur. Certes, il était bredouille mais il
était rassasié d’avoir pu communier une nouvelle fois avec ces flots
paisibles qui berçaient son cœur de marin.
Une voix puissante s’éleva du rivage.
– Enfants, avez-vous quelque chose à manger ?
Lâchant un instant sa rame, Simon-Pierre se retourna. À environ quatrevingts
mètres, une silhouette se dressait sur les bords du lac. Simon-Pierre
crut qu’il s’agissait d’un villageois venu acheter du poisson.
– Non, lui cria-t-il.
Il voulut se saisir de sa rame mais il suspendit son geste. Tout autour de
lui, les eaux du lac se mirent à frémir comme si elles étaient en ébullition.
– Jetez donc le filet ! clama l’inconnu.
Jean exécuta l’injonction. En quelques minutes, le filet fut rempli de
carpes, frétillant d’une ardeur un peu démente.
– C’est le Seigneur ! s’exclama Jean.
À ces mots, le regard de Simon-Pierre s’embrasa d’un amour fou.
Comme s’il ne pouvait résister à l’appel d’une sirène, il noua sa longue
tunique entre ses jambes et il se jeta à l’eau. Nageant avec une fougueuse
détermination, il finit par reprendre pied et se mit à courir jusqu’au Christ
ressuscité. Il tomba à genoux et, les bras ballants, il leva son visage vers
son Seigneur. Celui-ci scruta les yeux de Simon-Pierre dont les pupilles
ruisselantes scintillaient de mille feux.
Jésus avait toujours été fasciné par ce qu’engendraient les croyances
tronquées des hommes, notamment concernant les « miracles ». Ces actes
qui dérogeaient aux lois naturelles et qui étaient attribués à une puissance
divine n’étaient qu’en fait, tout comme le hasard, que la somme des
ignorances.
Le savoir…
Le savoir était l’arme la plus puissante pour contrôler et dominer
quiconque. Ce savoir, dès son plus jeune âge, Jésus avait dû le canaliser
lui-même pour ne jamais en perdre le contrôle.
Jésus se souvint de son Maître grec qui venait chaque matin pour
l’instruire. Outre de multiples langues, le boiteux, surnommé ainsi par les
commères du village, lui avait prodigué une érudition infinie qu’il avait dû
absolument garder confidentielle. L’instruction n’était pas à divulguer à
tous. Seuls les plus hautes élites et le Fils de Dieu y avaient accès. Du
moins, c’était ce que lui avait affirmé son Maître. D’ailleurs, sa mère Marie
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