tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

Pilate connaissait la configuration de la demeure où s’étaient réunis les
onze apôtres. Pour marquer les esprits de ces lieutenants, Pilate eut l’idée
de faire apparaître le Christ comme par magie : au crépuscule du jour,
profitant d’un très court moment d’absence du groupe sorti pour prendre
l’air, Jésus pénétra furtivement dans la maison et se cacha tant bien que
mal à l’intérieur d’une vieille penderie.
Comme pour tout bon tour de magie, le magicien Pilate avait besoin de
complices dans l’assistance. En plus de Lévi, Jean faisait partie intégrante
de son plan. Ce furent ces deux compères qui persuadèrent les autres de
sortir de la demeure pour se dégourdir les jambes après une nuit et une
journée d’immobilisme presque total.
Alléguant qu’il aurait besoin d’un acolyte pour la suite de sa mission,
Jésus avait demandé à Pilate de mettre Jean dans la confidence. Jésus
répondait de Jean comme de lui-même et Pilate accepta. Ce fut un
soulagement pour Jésus qui trouvait auprès de Jean un réconfort pour
l’épauler dans cette terrible épreuve. Jésus avait besoin d’un véritable allié
dans ce camp ennemi pour lequel il devait désormais œuvrer. Cependant, il
était uniquement motivé pour le bien du peuple, pour éradiquer le Fléau
divin et essayer de briser l’enchaînement du destin dressé devant lui.
Pour faire croire à l’apparition d’un esprit, rien ne valait mieux au
préalable que d’entendre une histoire de fantômes pour préparer les
consciences à y adhérer. Pilate ordonna à deux de ses hommes de main de
se faire passer pour des disciples du Christ et de relater l’histoire
fantastique qui était censée s’être passée à Emmaüs. Toutefois, ce binôme
tardait à venir et Jean décida d’œuvrer seul avec Lévi, espérant détourner
suffisamment l’attention pour que Jésus puisse sortir de sa cache en toute
discrétion. Les hommes de Pilate arrivèrent à ce moment-là et la comédie
initiale fut finalement jouée devant les apôtres. Puis, Jean éleva la voix,
attirant à lui les regards, et Jésus apparut. Jean affirma qu’il l’avait vu
traverser le mur et, conditionné par le récit d’Emmaüs, les apôtres le
crurent.
Jésus était affamé par cette longue journée où il n’avait quasiment rien
mangé et il s’empressa de demander de la nourriture. Son apparition
dissipa immédiatement tous les doutes et les dissensions. Les apôtres
furent profondément marqués et leur dévotion à son égard s’éleva audessus
de leur propre considération. Désormais, la conscience du Christ
dominait irrémédiablement la leur. Corps et âme, les apôtres s’assujettirent
docilement à lui.
Le Pape détacha son regard de la fenêtre et le porta sur Tom.
– L’apôtre Thomas n’était pas présent. Lorsqu’il est revenu après le
départ de Jésus, il ne voulait pas croire qu’il était ressuscité. Nous
165