tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

invisibles.
Personne n’avait jamais eu le moindre doute sur la provenance
miraculeuse de l’Onction divine comme l’avaient appelée les disciples
zélotes car émanant véritablement du Christ, l’Oint de Dieu. Mais à
quelques reprises, le secret avait failli être révélé incidemment aux yeux de
tous : ce fut le cas lorsqu’une vieille dame aux cheveux blancs s’était
accrochée à lui. Énième victime de l’ergot, elle avait essayé de trouver le
salut en touchant la frange de son manteau. Sans le vouloir, elle pressa
l’une des outres cachées à l’intérieur du vêtement et le précieux liquide
jaillit brutalement, se répandant dans sa main. Lors de ces désagréments,
Jésus avait pris le malade à part en lui ordonnant le plus grand secret, de
s’isoler et de lécher l’Onction divine qui, tel un effluve céleste émanant de
toutes les parties de son corps, allait guérir le Mal.
Par la suite, Jésus commanda à ses disciples que personne ne l’approche
sans qu’il en ait exprimé le souhait. Sans relâche, il s’activa à guérir le plus
d’intoxiqués possible, œuvrant au grand jour. Cependant, pour les
étrangers, il agissait en toute discrétion : il craignait les réactions des
Zélotes s’ils apprenaient qu’il soignait aussi bien les Juifs que les
mécréants qui souillaient la Terre promise de leur présence.
La Cananéenne…
Devant Judas et ses sbires, Jésus avait renvoyé sèchement cette femme
étrangère qui s’était jetée à ses pieds, affirmant avec un mépris
parfaitement feint que les guérisons étaient octroyées exclusivement aux
Juifs, aux brebis perdues de la maison d’Israël. La jeune femme s’était
alors avilie par ses propos, s’humiliant elle-même, s’abaissant à un état
d’asservissement total. Jésus avait vu l’œil goguenard et malsain de Simon
le Zélé, se réjouissant de la servitude de l’étrangère. Jésus comprit qu’il
pouvait en simulant le dédain lui octroyer, comme on octroie un os à un
chien, la guérison qu’elle suppliait pour sa fille. En secret, comme à de
maintes fois, il envoya l’apôtre Jean pour qu’il donne de l’Onction divine à
l’enfant. Quand les disciples zélotes apprirent la guérison miraculeuse de la
petite Cananéenne, croyant que la simple foi dans le Christ en avait été la
cause, leur exaltation pour Jésus s’accrut encore plus.
Même Judas le regardait désormais d’un œil différent. Autour de Jésus,
ils n’étaient qu’un cercle très restreint à savoir qu’il n’était qu’un simple
candidat jouant le rôle du Messie. Ces guérisons miraculeuses et cette
Onction divine qui suintait des mains de leur poulain étaient des
révélations ahurissantes et ils le regardaient même à présent comme s’il
était l’incarnation véritable, la renaissance du Maître de Justice, le
fondateur de l’Ordre essénien.
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