tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

pouvant la contacter lui-même, Jésus avait envoyé Jean à sa place. L’apôtre
s’était brièvement entretenu avec Marie, lui demandant de ne pas revoir
son fils et d’en rester éloignée. En des termes obscurs, il invoqua une
menace de mort imminente. Marie consentit à ne plus s’approcher de
Jésus. Néanmoins, elle changea d’avis lorsqu’on lui rapporta les prêches
zélotes que tenait le Christ. Elle fut horrifiée d’entendre qu’il ordonnait au
peuple de se soulever contre l’occupant romain et contre les Hérodiens
pour la restauration légitime de la royauté d’Israël.
Avec les demi-frères de son fils, elle essaya de le rencontrer pour lui
faire entendre raison, croyant qu’il avait perdu l’esprit. Elle ne put pénétrer
dans la demeure où discourait le Christ. Informé de sa présence, celui-ci
mandata de nouveau Jean. Pour parvenir à convaincre Marie, Jean dut la
mettre dans la confidence de la situation. Elle réalisa alors toute l’étendue
de la crise. Elle accepta d’aller se réfugier à Jérusalem pour le bien de
Jésus et pour elle-même.
Maman…
Désormais, tout danger zélote semblait écarté.
Le regard de Jésus se porta au loin. Simon-Pierre avait rejoint les
silhouettes assises autour du feu. Depuis la résurrection du Christ, Simon le
Zélé était devenu le plus fidèle disciple de Jésus, plus royaliste que le roi
lui-même. Il n’avait pas ménagé ses efforts pour diffuser le message du
« Saint-Esprit », rejetant son passé zélote même s’il escomptait encore le
temps où Dieu restaurerait la royauté en Israël. À ce sujet, sous l’injonction
de Pilate, Jésus avait ménagé les consciences des Zélotes pour les rallier
massivement au Christ : il avait affirmé que son Père avait fixé de sa seule
autorité ce temps-là mais qu’il n’appartenait à quiconque de le connaître.
Simon le Zélé avait été profondément marqué par le retour à la vie du
Christ et il mettait toute sa folle véhémence à imposer la foi dans le Fils de
Dieu. Il laissait parfois sa nature violente prendre le dessus sur ses
résolutions de miséricorde et il imposait, par la peur, le baptême pour le
salut.
L’apôtre Thomas avait lui aussi fait table rase de ses frères esséniens.
Humblement, comme tous, il avait abandonné toute idée de récompense, de
richesse ou de pouvoir effectif sur les tribus d’Israël que lui avait promis le
chef de l’Ordre. La vénalité des apôtres avait disparu depuis la résurrection
du Christ, modifiant leur façon de voir les choses, brisant les barrières de
l’égoïsme. Ils voulaient goûter au paradis promis et ils avaient peur que cette
vénalité les empêche d’y accéder comme l’avait soufflé Jésus par le passé.
Des fortunes entières étaient déposées à leurs pieds par les prosélytes mais,
de ces trésors, ils n’en voulaient rien pour eux. La nature de l’homme était
ainsi faite : un jour bourreau avide de biens concrets et, le jour d’après,
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