tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

de la royauté pour que les Zélotes lèvent leurs troupes contre lui. Pilate
jouait sur tous les tableaux pour que le peuple juif soit anéanti.
Tom acquiesça du menton. Songeur, il murmura comme pour luimême
:
– Si les renaissances existent vraiment, Pilate et Hitler ne sont peut-être
qu’une unique et même entité… sa haine pour les Juifs a transcendé sa
renaissance et elle a dicté sa conduite à son esprit nouveau…
Ne sachant si Tom parlait sérieusement ou non, le Pape ne répondit pas.
Gardant un silence gêné, il porta son attention sur la fenêtre de son bureau.
Dehors, la nuit constellée d’étoiles projetait sur la cité papale ses fleurs
de l’ombre.
*
* *
Au rythme des sabots martelant le sol, l’attelage fendit l’obscurité.
Dans la nuit sombre, le chariot chahutait la malle en osier où Jésus était
recroquevillé. Les soubresauts du chemin avaient réactivé les morsures des
coups de fouet qu’il avait reçus, brûlant sa peau où coulait encore le sang
de certaines plaies.
Jésus serrait les dents.
Il savait que c’était là l’ultime épreuve de son chemin de croix et que
tout finirait dès qu’il arriverait au palais de Pilate.
Comme pour lui donner raison, les portes massives de la forteresse
d’Antonia s’ouvrirent et le chariot arrêta sa course quelques instants après.
Marcus et Brutus saisirent la malle et la transportèrent à l’intérieur de
l’édifice. Marchant d’un pas vif le long des couloirs déserts, ils parvinrent
jusqu’à une petite salle blanche éclairée de lampes de naphte.
Le couvercle de la malle s’ouvrit et Jésus leva difficilement la tête. Le
corps nu, déchiré et courbaturé par l’absence prolongée de mouvements, il
n’arriva pas à se relever. Brutus lui tendit une main amicale et il l’aida à
sortir de sa cache. La démarche chancelante, Jésus finit par s’asseoir, non
sans peine, sur le tabouret que lui présenta Marcus.
À la lueur des lampes faisant danser les murs vides, Jésus considéra les
deux hommes. La mince silhouette de Marcus contrastait avec l’imposante
carrure de Brutus. Celui-ci s’approcha et, à l’aide d’une pince, coupa la
couronne d’épines.
Une fois extraite, délicatement, le centurion prodigua un soin
bienveillant ; levant son biceps aux dimensions surhumaines, il enleva les
quelques épines encore profondément enfoncées dans le front de Jésus. Ce
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