tome 3 - Le Rapport Ponce Pilate-The Pontius Pilate Report

partie comme un tétrarque. Le terme tétrarque implique bien le fait d’une
division d’un État en quatre. Mais sur ce testament, la tétrarchie n’était pas
effective. Le nom de Jésus a été effacé et des historiens ont pu croire que
Salomée était ce quatrième tétrarque qui manquait pour faire le compte.
D’ailleurs, si les historiens s’étaient un peu plus intéressés aux termes
présents, ils auraient compris que quelque chose était singulier : pourquoi,
Monsieur Anderson, désigner Archélaos comme ethnarque s’il avait hérité
de la Samarie, de la Judée et de l’Idumée ? Le titre d’ethnarque désignait
celui qui gouverne une unique province. Or, officiellement, il en avait trois
sous sa coupe. Les Romains étaient très tatillons sur les termes juridiques
qu’ils employaient, notamment ceux notariés. Cette étrangeté dévoile la
manipulation qu’il y a eue sur le testament et sa falsification par l’Église
naissante pour supprimer l’existence terrestre de Jésus.
Le Pape poussa un soupir :
– Tout cela est une contrefaçon à l’époque de Constantin. Tout a été
effacé concernant la véritable filiation de Jésus pour faire apparaître en lui
le Fils de Dieu, le remplaçant de Mithra dans la religion d’État. Il ne fallait
surtout pas que Jésus apparaisse comme le fils d’un homme, même si
c’était un roi. Et tous les documents ont été détruits ou falsifiés par la
suite…
Les paroles émanant du Pape étaient acerbes : un mea culpa qui se
voulait sincère. Mais Tom n’était pas dupe. Il savait que le Pape, en faisant
amende honorable, essayait de le convaincre du bien-fondé de l’action de
l’Église.
– Que pensait Jésus du testament d’Hérode le Grand et de la tétrarchie ?
s’enquit Tom.
– Il ne le savait pas et il ne l’a jamais su, affirma le Pape. S’il l’avait su,
je ne serais probablement pas là en train d’essayer de vous convaincre de
ne pas commettre l’irréparable.
Son regard était posé sur la main de Tom.
– Mais j’y reviendrai tout à l’heure, ajouta-t-il. Le Temple n’a jamais
rien révélé à la mère de Jésus en ce qui concerne la tétrarchie ni sur la
régence parce qu’il craignait que Marie change de camp en pensant
qu’Archélaos serait un bon tuteur et qu’elle ne prenne pas au sérieux la
volonté d’Archélaos de tuer son fils. Elle aurait pu croire que c’était un
mensonge du Temple pour la maintenir sous sa coupe. Les prêtres ne
voulaient pas qu’elle se défasse de leur emprise. Marie était une femme et
une femme pour un religieux reste toujours imprévisible, alors ils ont
préféré garder le secret de la tétrarchie. Et somme toute, c’était peu
important pour le devenir de l’enfant puisque, de toute façon, il était déjà
prévu depuis longtemps qu’un jour il devienne le roi des Juifs et qu’il
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