Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

André Marfaing a été un des pionniers de l'abstraction
à Toulouse, dans un travail fondé sur
l'opposition du blanc et du noir. Beaucoup de
critiques ont vu dans sa peinture une influence
directe de Pierre Soulages, son aîné de six ans,
mais, en réalité, il parait qu'André Marfaing
obéit à une démarche toute différente de celle
du ruthénois : loin de travailler les grilles de
bandes en contre-jour, Marfaing recherche des
rapports de forces planaires de surfaces opposées,
en portant toute son attention sur les fractures
ou les rapprochements, les percées ou les
passages et en investissant la problématique de
l'opposition forme/fond, soit dans le contraste
du noir et du blanc en lui-même, soit dans la
confrontation de deux forces de même couleur
et de même lumière. L'ceuvre actuellement en
prêt à l'extérieur ne peut pas être exposée.
D.M.
Bengt LINDSTROM
(Stôrsjekapelle-Hârjedalen (Suède)- 1925-
246
Les amoureux
Huile sur toile, H. 0,92; L.0,72.
104
246
Signé " Lindstrom "en bas au centre, non
daté.
Atelier de l'artiste, Galerie Protée, Toulouse.
Achat du musée, 1973.
inv. 73-9-1.
Formé, au lendemain de la dernière guerre,
dans les académies de Stockholm et Copenhague,
avant de venir à Paris, atelier Lhote, Bengt
Lindstrom s'est très tôt affirmé comme un
expressionniste gestuel et matiériste de la figure.
Comme nombre d'expressionnistes, ses
aînés, comme Rouault, Nolde, Kokoschka,
Lindstrom s'est forgé un langage provocant
émotivement et chromatiquement agressif qui,
dans sa permanence, lui permet de traiter, à la
fois, la violence de la matière colorée et la
forme expressive de la figure déformée dans le
mouvement graphique nourri de la matière qui
exacerbe le sens dramatique des scènes et des
sentiments. Les rapports de contrastes violents
déclarent, dans un mode ambigu de sarcasme
et de tendresse passionnée, le bouillonnement
volcanique de l'étreinte érotique et des matières
maçonnées sur la toile.
D.M.
Manolo MILLARES
(Las Palmas de Gran Canaria 1926-Madrid
1972)
247
Composition aux textures harmoniques
Huile sur toile et technique mixte,
H. 1,11; L. 0,83.
Signé " Millares " en bas à droite, non
daté (1956).
Collection de Madame Escubio de Minares,
Madrid.
Achat du musée, 1982, avec le concours
du Fonds Régional d'acquisitions des
Musées de Midi-Pyrénées.
inv. 82-6-1.
Bibi. : José Augusto FRANCA, Millares, Barcelone,
1977, p. 35, n°46.
Exposition : Manolo Millares, Toulouse, Musée des
Augustins, été 1982, n° 13.
248
Anthropofaune 1971
Huile sur toile et technique mixte,
H. 1,00 ; L.0,81.
Signé " Millares " en haut à droite, non
daté (1971).
Collection de Madame Escubio de Millares,
Madrid.
Achat du musée, 1983, avec le concours
du Fonds Régional d'acquisitions des
Musées de Midi-Pyrénées.
inv. 82-6-2.
Exposition : Manolo Millares, Toulouse, Musée des
Augustins, été 1982, n° 54.
249
Sans titre
Encre sur papier, H. 0,70; L.0,50.
Signé et daté " Millares 71 "en bas à droite.
Collection de Madame Escubio de Millares,
Madrid.
Don, 1983.
inv. 82-7-1.
Exposition : Manolo Millares, Toulouse, Musée des
Augustins, été 1982, n° 74.
Grâce à la très généreuse collaboration de la veuve
de l'artiste, Madame Elvireta Escubio de Millares, le
Musée des Augustins présentait, durant l'été 1982,
une très importante retrospective de Millares, le
peintre le plus profond et le plus révolutionnaire du
groupe "El Paso" qui, à la fin des années cinquante,
témoigna de la force originale de l'informalisme
espagnol et catalan dans la recherche picturale européenne.
A la suite de cette exposition le musée décidait
d'acquérir deux oeuvres de Millares : la première,
significative du travail des formes colorées sur les
serpillières et les toiles à sac et sur leurs accidents,
avec un traitement tachiste du plan où Millares développait
la rigueur formelle dont il s'était nourri dans
son admiration pour Torres-Garcia, Picasso et Miro
et où il proposait une pratique nouvelle et originale
de la peinture faite de réel pour le transmuer en le
représentant ; la seconde, fondée sur le travail du
blanc et du noir et sur l'avènement du support froissé,
bouchonné, volumisé, où Millares propose une
vision troublante de l'homme né de la terre, mort
dans la terre, fossile de sa propre condition et promesse
organique de sa propre naissance dans les
entrailles de la terre. A ces achats consentis à des
conditions extrêmement avantageuses, Madame
Escubio de Millares a ajouté le don d'un beau dessin
sobre et austère, caractéristique du travail graphique
de Millares sur les excavations archéologiques et sur
les animaux au désert, expérience d'écriture qui a
puissamment nourri sa peinture dans les dernières
années de sa vie.
DM.