Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

Notre catalogue, en effet, se veut exhaustif en ce qui
concerne les acquisitions faites depuis quinze ans, mais,
même dans le cadre exceptionnel et temporaire de cette
exposition, toutes ces acquisitions n'ont pas pu être exposées
: trop d'oeuvres sont trop fragiles ou dans un état critique,
état qui a souvent été la raison de leur acquisition
pour en assurer le sauvetage, et, soit qu'elles se trouvent en
cours de restauration, donc indisponibles, soit que leur état
ait interdit leur manipulation et leur exposition, nous
n'avons pas pu les montrer au public, nous contentant, par
ce catalogue, de donner mention de leur acquisition. Dans
certains cas c'est la mort dans l'âme que nous avons dû
renoncer à l'exposition des oeuvres, et je pense, en particulier,
à l'ensemble des tableaux de Lassave qui nous ont été
donnés généreusement par les descendants du peintre, nous
apportant ainsi huit toiles d'un peintre qui n'était publiquement
connu que par le seul tableau que nous conservions
déjà, son autoportrait, qui fut son morceau de réception à
l'Académie en 1788. Ces huit tableaux sont actuellement
en restauration et ne seront visibles que dans quelques
mois. Par les absences mêmes qu'elle manifeste dans ce
qu'elle devrait théoriquement montrer, cette exposition
sera, aussi, le témoignage de la vie technique active du
musée dans son rôle de sauvetage du patrimoine. Dans certains
cas, comme celui du tableau de Louis Germain d'Aubuisson,
les dimensions de l'oeuvre ont interdit sa présentation
dans le cadre actuel du musée, mais pour autant, tout
en sachant cette impossibilité présente d'exposition, nous
n'avons pas hésité à faire l'acquisition d'oeuvres capitales
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pour notre histoire artistique et pour le patrimoine public,
nous obligeant, par ces acquisitions, à penser, fût-ce à terme,
les modalités de leur mise à la disposition du public.
A la qualité du travail des conservateurs du musée, sur
laquelle il serait outrecuidant que j'insiste, encore que je ne
regretterai jamais de proclamer la valeur et l'excellence du
travail de ceux de mes collaborateurs dévoués à la cause
du patrimoine et du Service Public, il faut ajouter la qualité
de la compréhension de la Municipalité dont les efforts
financiers ont été exceptionnels, compréhension qui impliquait,
de notre part, que l'on fasse fructifier culturellement
ces investissements considérables. Cette exposition entend
donc, non seulement porter à la connaissance de la population
toulousaine ce qui a été fait pour elle, mais, aussi et
surtout, participer à un vaste travail d'ensemble de tous les
établissements culturels de la ville pour que cette population
soit en harmonie active avec son patrimoine et sa culture,
et pour que ce patrimoine et cette culture soient vivifiés
et exploités en fonction de cette harmonie sans cesse en
train de se créer et de se développer.
Denis Milhau
Conservateur en Chef
du Musée des Augustins.