Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

Les éléments d'architecture qui font l'objet des notices placées
ci-dessous proviennent du domaine appelé le Galant,
sur la commune de Saint-Hilaire, au canton de Muret.
Avant l'acquisition effectuée par le Musée des Augustins,
ces épaves étaient disposées comme ornement dans l'entourage
de la résidence de l'importante exploitation agricole
appartenant à M. Chappuis. Un pilier d'angle de cloître du
XIV' siècle, avec sa base et son chapiteau, se dressait au
milieu du parc avoisinant. Le chapiteau d'un pilier similaire
au précédent venait d'être retiré d'un canal d'irrigation
situé à proximité. Deux clefs de voûtes de même époque
étaient présentées, l'une sur le mur de clôture de la cour
précédant l'habitation, l'autre tout contre. A ces éléments
essentiels de la collection s'ajoutaient une petite clef de
voûte armoriée du XIV' siècle, un feston de pierre découpée
ayant appartenu, semble-t-il, à l'arcature d'un cloître
de même époque, un tronçon de colonnette en marbre, un
morceau de couvercle de sarcophage (voir notice n° 19), un
fragment de meneau de fenêtre d'une construction civile du
XVII' siècle (voir notice n° 120). Ces épaves passent pour
provenir de l'ancienne abbaye de l'Oraison-Dieu située
jadis sur le même territoire, à un kilomètre, environ, à l'est
de la résidence du Galant, non loin de la bordure de la terrasse
naturelle de la vallée de la Louge.
Fondée au milieu du XII' siècle par l'abbaye de Fabas,
grâce aux libéralités des Comtes de Comminges, l'Oraison-
Dieu comprenait au XIV' siècle un effectif de vingt-quatre
moniales cisterciennes.
Deux épreuves consécutives occasionnèrent bientôt la mort
de la maison. Ce furent : le pillage, la dévastation et l'incendie
des bâtiments, causés en 1442 ou 1444, par les
compagnies de Routiers qui profitèrent de l'isolement du
monastère pour exercer leurs exactions, ensuite l'épidémie
de peste qui décima la totalité de la communauté des religieuses
survivantes repliées à Muret.
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L'ensemble lapidaire gothique
du domaine du Galant
Devant la situation extrême, en 1445, l'abbé de Morimond,
réformateur général des maisons de l'Ordre de Cîteaux,
accorda la propriété des terres des moniales défuntes aux
moines cisterciens d'Eaunes. Ces derniers mirent en vente,
à leur profit, une grande partie du domaine, et le nouvel
acquéreur édifia, sur le site de l'ancien monastère, une
métairie appelée l'Oraison, perpétuant ainsi le souvenir du
passé. Ce domaine appartint au XVII' siècle à la famille
toulousaine de Mansencal.
A Muret, au début du XVII' siècle, se reconstitua une
communauté de moniales, issue de Fabas, qui reprit le nom
ancien de l'Oraison-Dieu. Cette résurgence dura un siècle
environ et se confondit ensuite dans l'union avec la communauté
des religieuses des Salenques, repliées elles aussi,
à Toulouse, depuis le milieu du XVII' siècle.
La métairie de l'Oraison, devint une vaste exploitation
agricole jusqu'au milieu du XIX' siècle. Elle disparut alors
et fut remplacée à son tour, sur un site voisin, par une autre
métairie appelée Bordeneuve.
A partir du début du XXe siècle les différents propriétaires
du domaine sont les familles de Roquettes-Buisson, de
Suarez d'Almeida, de Saint-Blanquat-Savère, le Professeur
Padova, MM. Vivente, Lombardini et enfin Chappuis. En
1980, parfaitement conscients de la valeur historique et
artistique des éléments lapidaires que nous allons décrire
ici, monsieur et madame Chappuis permirent au musée de
les intégrer à ses collections. En contrepartie l'atelier de
restauration des musées de Toulouse procéda à la remise
en état du décor du portail d'entrée de la résidence du
Galant.
Le souvenir de l'ancien monastère fut remis en révidence
en 1863 par Victor Fons, juge au tribunal civil de Toulouse,
qui lui consacra une étude historique publiée dans l'Illustration
du Midi reposant essentiellement sur les références
de la Gallia Christiana et les archives conservées au