30.06.2013 Views

Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

A l'automne 1982, notre attention avait été attirée par un<br />

ensemble <strong>de</strong> terres cuites qui ornait une orangerie du<br />

XVIIIe siècle dans le domaine <strong>de</strong> la Redorte à Toulouse.<br />

Quelques mois plus tard, en février 1983, ses propriétaires,<br />

Monsieur A. <strong>de</strong> Martrin-Donos et Madame <strong>de</strong> Laplagnolle,<br />

soucieux <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres d'un indéniable<br />

intérêt pour l'histoire <strong>de</strong> Toulouse au XVIIIe siècle, décidaient<br />

<strong>de</strong> donner au musée l'ensemble du décor qui couronnait<br />

l'orangerie. L'état <strong><strong>de</strong>s</strong> sculptures ne permettait pas en<br />

effet d'envisager leur conservation in situ. Les originaux<br />

furent donc remplacés par <strong><strong>de</strong>s</strong> copies moulées et teintées<br />

dans la masse réalisées par l'Atelier <strong>de</strong> restauration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

musées <strong>de</strong> Toulouse dirigé par J.-L. Laffont.<br />

L'ensemble conservé se compose d'un groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

enfants qui présentaient un médaillon central aujourd'hui<br />

disparu (n° 124), <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnages encadrant<br />

un cartouche (ffs 125 et 126), <strong>de</strong>ux jeunes femmes à<br />

<strong>de</strong>mi allongées (n°' 127 et 128) et trois vases ornementaux<br />

(n°' 129 à 131). En 1982 le groupe d'enfants avait été<br />

déposé et les éléments restants avaient été agencés selon<br />

une disposition nouvelle. La composition antérieure peut<br />

être restituée grâce aux renseignements donnés par Monsieur<br />

<strong>de</strong> Martrin-Donos. Elle répondait au rythme <strong>de</strong> la<br />

faça<strong>de</strong> marqué par l'importance <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvertures : temps<br />

fort, <strong>de</strong>ux temps faibles, temps moyen, temps faible, temps<br />

fort <strong>de</strong> l'axe <strong>de</strong> symétrie. Chaque groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnages,<br />

cantonné par <strong>de</strong>ux vases, était placé à une extrémité<br />

du bâtiment alors que le grand groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants présentant<br />

un médaillon se dressait au centre ; les <strong>de</strong>ux jeunes<br />

femmes marquaient les temps moyens.<br />

Malgré sa cohérence, cette composition pourrait être infirmée<br />

par le fait que l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes, probablement une<br />

allégorie <strong>de</strong> la Science et du Temps (n° 126), est sûrement<br />

postérieur aux autres sculptures. La maladresse <strong>de</strong> la graphie<br />

du texte inscrit sur la brique et non plus la pierre, mais<br />

aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> moulures du cartouche supérieur, la sécheresse<br />

du traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> drapés, le manque d'aisance dans le<br />

mo<strong>de</strong>lé <strong><strong>de</strong>s</strong> corps en font une pâle imitation <strong><strong>de</strong>s</strong> autres<br />

ceu.vres, d'une facture rapi<strong>de</strong> mais sûre. Ceci est confirmé<br />

par la présence au dos <strong>de</strong> larges évents circulaires alors<br />

que le revers <strong><strong>de</strong>s</strong> autres sculptures est traité — même s'il<br />

n'est pas achevé — et que les évents sont soigneusement<br />

dissimulés. Le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants fait exception car il était<br />

prévu pour être adossé. L'allégorie <strong>de</strong> la Science et du<br />

Temps a-t-elle été mo<strong>de</strong>lée à l'occasion <strong>de</strong> l'adaptation à<br />

l'orangerie d'un programme <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à un autre édifice ? Ou<br />

bien s'agit-il <strong>de</strong> la copie d'une oeuvre aujourd'hui dispa-<br />

60<br />

L'ensemble <strong>de</strong> terres cuites<br />

<strong>de</strong> l'Orangerie <strong>de</strong> la Redorte<br />

rue ? En dépit <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> documents, il serait possible<br />

d'admettre que le décor ait été réalisé pour l'orangerie. Il<br />

faut en effet noter que la taille <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres suppose un bâtiment<br />

en rez-<strong>de</strong>-chaussée et que la nécessité, qu'imposent<br />

ses dimensions, d'un mur pour adosser le groupe d'enfants<br />

ne s'oppose pas à ce qu'il ait été dressé sur la corniche<br />

placé au centre, la vision frontale est privilégiée et il ne<br />

peut être vu <strong>de</strong> dos... Dans cette hypothèse <strong>de</strong>ux groupes<br />

placés aux extrémités du bâtiment sont nécessaires.<br />

Mais le groupe d'enfants pouvait également décorer le<br />

corps <strong>de</strong> logis reconstruit entre 1791 et 1829 autant que<br />

l'on puisse en juger en comparant le plan Grandvoinet au<br />

plan du cadastre napoléonien. Dans cette hypothèse le<br />

groupe <strong>de</strong> Cérès et Jupiter (n° 125) aurait alors occupé le<br />

centre <strong>de</strong> la composition. Le vers <strong>de</strong> Virgile : DEUS<br />

NOBIS HAEC OTIA FECIT, gravé sur la pierre et<br />

comme placé en exergue se trouverait exprimé par les <strong>de</strong>ux<br />

jeunes femmes, probablement <strong><strong>de</strong>s</strong> allégories du Printemps<br />

et <strong>de</strong> l'Eté, placées <strong>de</strong> part et d'autre ; le programme ne<br />

serait plus tempéré par la citation biblique du second groupe:<br />

UMBRAE TRANSITUS EST TEMPUS NOS-<br />

TRUM. Deux <strong><strong>de</strong>s</strong> trois vases pouvaient fermer la composition,<br />

ou tous trois pouvaient trouver place ailleurs dans le<br />

domaine.<br />

Dans leur état actuel aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres n'est signée, mais<br />

un ensemble <strong>de</strong> terres cuites d'un jardin <strong>de</strong> Mascarville (cf.<br />

dossier à la Commission régionale d'Inventaire Midi-<br />

Pyrénées) présente une telle parenté avec celles-ci qu'elles<br />

peuvent être attribuées sans hésitation au même atelier, et<br />

le champ <strong><strong>de</strong>s</strong> comparaisons stylistiques en est élargi. Ainsi,<br />

un Marzocco <strong>de</strong> Mascarville peut-il être rapproché d'une<br />

maquette conservée au <strong>Musée</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Augustins</strong> et signée <strong>de</strong><br />

François Lucas. On peut aussi reconnaître sa manière dans<br />

le traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> chevelures, l'utilisation d'un vêtement<br />

fendu sur la cuisse et arrêté par un bouton, évoquer les<br />

génies du tombeau <strong>de</strong> Roux <strong>de</strong> Puivert <strong>de</strong> la cathédrale<br />

Saint-Etienne <strong>de</strong>vant le mo<strong>de</strong>lé <strong><strong>de</strong>s</strong> corps <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants... Il<br />

nous semble pourtant plus intéressant d'en rester, dans l'attente<br />

<strong>de</strong> travaux ultérieurs, à la certitu<strong>de</strong> que nous sommes<br />

en présence d'oeuvres <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitié du XVIIIe siècle,<br />

le seul Almanach <strong>de</strong> 1781 ne mentionnant pas moins<br />

<strong>de</strong> seize sculpteurs exerçant alors à Toulouse.<br />

Bibi.: RICAUD (M. -F. <strong>de</strong>), La vogue <strong><strong>de</strong>s</strong> orangeries dans la région toulousaine<br />

aux XVIII' et XIX' siècles, dactylographié, mémoire <strong>de</strong> maitrise d'Histoire <strong>de</strong><br />

l'Art, Université <strong>de</strong> Toulouse-le-Mirail, novembre 1982.<br />

M.S.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!