Bilan des acquisitions de 1984 - Musée des Augustins

Guillaume Goudin était totalement absent de
nos collections. Il eut un atelier à Toulouse, à
la fin du XVIII' siècle et fut mentionné à plusieurs
reprises dans les catalogues des Salons
de l'Académie Royale de Toulouse. Il reste,
pourtant, un artiste méconnu, sinon inconnu,
malgré le rôle qu'il paraît avoir joué dans la
diffusion de néo-classicisme à Toulouse. Ne
serait-ce qu'a ce titre il était opportun d'acquérir
une oeuvre de Goudin. La facture, au graphisme
acéré sur lequel se répartissent les
valeurs et les ombres en larges plages prestement
lavées, fait écho, au XVIII' siècle, aux
techniques et au style graphique de Raymond
Lafage et Antoine Rivalz, mais, aussi, aux
apports de Poussin et de Claude, en s'inscrivant
dais le courant de conception de grandes
compositions historiques spectaculaires dont la
pratique reprit son essor, à l'incitation du
Surintendant des Bâtiments et de l'Académie, à
partir de 1773-1775.
D.M.
Pierre Henri de VALENCIENNES
(Toulouse 1750 - Paris 1819)
181
Eruption du Vésuve arrivée le 24 août de l'an
79 de J.-C. sous le règne de Titus
Huile sur toile, H. 1,475; L. 1,955.
Signé et daté "P. Valenciennes 1813 ", en
bas à droite.
Marshall Spink Gallery, Londres.
Achat du musée, 1977, subventionné par
la Direction des Musées de France.
inv. 78-1-1.
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Pierre Henri de Valenciennes, qui avait supprimé
sa particule depuis la Révolution, peignit ce
grand tableau à soixante trois ans et l'exposa
au Salon de 1814 où il fit, ainsi, une rentrée
très remarquée après plusieurs années d'absence.
Quoique tardif dans l'ceuvre du peintre, ce
paysage à thème lui permet, à nouveau, de
réaffirmer sa théorie et sa pratique du genre
qu'il prône, "le paysage historique ", genre
pour lequel, grâce à sa rentrée au Salon, il
obtient, en 1816, la création d'un Prix de Rome
spécifique. Une fois encore, en se fondant sur
la double étude de la nature, abordée avec un
oeil attentif, bienveillant ou émerveillé et
effrayé, avec un oeil récréatif et des règles
expressives et de composition des paysages de
Poussin et de Claude, l'image et le récit à
mettre en peinture, selon les convenances de
l'expression vraie et de la perspective, doivent
harmoniser l'humain et le naturel, l'histoire, la
morale et la nature. A l'événement historique
réel et connu de la mort de Pline l'Ancien, le
naturaliste, victime de sa trop grande curiosité
naturelle et scientifique, dont l'image doit être
reconstituée figurativement et narrativement
selon un juste dessein, s'ajoute, ici, la description
picturale d'une éruption du Vésuve effectivement
vécue par Valenciennes, les 8 et 9 août
1779, lors de son voyage de formation en Italie
et dont il nous a laissé ses impressions personnelles
dans son journal de voyage. Cette éruption
avait été la plus forte connue au XVIII'
siècle et pouvait très valablement servir de
modèle pour la représentation imaginaire de
celle de l'an 79, motif majeur de l'oeuvre, la
scène de la mort de Pline occupant modestement,
dans une intention éthique et édifiante
évidente, la partie inférieure droite du tableau,
comme l'un des accidents de la catastrophe
naturelle infligeant sa loi au monde et aux
humains, scène traitée dans son immersion
même dans la tonalité générale de l'embrasement
et dans le romanticisme du récit global.
Le peintre offrit ce tableau à son ami le naturaliste
Bernard Germain Etienne Comte de Lacépède
; le fils de Lacépède en fit ensuite don au
neveu du peintre, le naturaliste Achille Valenciennes
et le tableau resta dans sa famille jusqu'au
XX' siècle.
Historique : Collection du Comte de Lacépède ; collection
Achille Valenciennes et ses descendants
vente Bardinet, Paris, 1945 ; Marshall Spink Gallery.
Bibl. : C.P. LANDON, Salon de 1814, Annales du
Musée et de l'Ecole Moderne des Beaux-Arts, Paris,
1814, p. 116; R.I. DURDENT, L'Ecole Française
en 1814, ou Examen critique des Ouvrages de Peintures,
Sculpture, Architecture et Gravures exposées
au Salon du Musée Royal des Arts, Paris, 1814,
pp. 119-120; P.H. Valenciennes, Elémens de Perspective
Pratique à l'usage des Artistes, Paris, 2' éd.,
1820, pp. 479-480; Th. MONOT, P. NOIROT,
I. THEODORIDES, Achille Valenciennes, Paris,
1967, pp. 93-94; Geneviève LACAMBRE, "Toubuse,
Musée des Augustins : l'éruption du Vésuve
par Pierre Henri de Valenciennes" dans La Revue
du Louvre, f0 516, 1980, pp. 312-314 (repr.).
Expositions : Salon de 1814 (n° 893) ; Visions of
Vesuvius, Museum of Fine Arts, Boston (U.S.A.),
1978, cat. p. 15, repr. p. 12; French Painting.' The
revolutionnary Decades 1760-1830, Sydney et Melbourne
(Australie) 1980-1981, n° 115 (repr.).
D.M.
181