NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library
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A <strong>NOTRE</strong>-<strong>DAME</strong> <strong>DE</strong> LOUR<strong>DE</strong>S.<br />
des éf'laiitiers, quelques arbres dont le vent cassait souvent les branches^<br />
avaient poussé leurs racines dans les fentes du roc, partout où quelque<br />
éboulement des montagnes, partout où l'aile des vents avaient porté une<br />
pincée de terre. Le Semeur éternel, Celui dont linvisible main remplit<br />
d'étoiles et de soleils les immensités de l'espace, Celui qui a tiré du néant<br />
le sol que nous foulons, les plantes et les animaux, le Créateur de tant de<br />
millions d'hommes qui ont peuplé la terre et de tant de milliards d'anges<br />
qui peuplent le ciel, ce Dieu dont l'opulence est sans bornes et la puis-<br />
sance sans limites, entend que nul atome ne soit perdu dans les vastes<br />
régions de son œuvre. Et voilà pourquoi il ne laisse stérile rien de ce qui<br />
peut produire; voilà pourquoi, sur toute l'étendue de notre globe, des<br />
«Termes innombrables flottent dans les airs, couvrant la terre végétale par-<br />
tout où elle paraît, n'eût-elle de place que pour l'existence d'une touffe<br />
d'herbe ou pour la vie d'ur brin de mousse. Et de même, ô Divin Semeur,<br />
vos grâces, comme une invisible poussière de graines fécondes, flottent<br />
autour de nos âmes, à l'affût de la bonne terre. Et si nous sommes si sté-<br />
riles, c'est que nous vous présentons, tantôt des cœurs plus durs et plus<br />
arides que le rocher, tantôt des chemins battus que foule sans cesse le pied<br />
des passants, tantôt des buissons d'épines où la mauvaise plante occupe<br />
tout et étouffe la bonne semence.<br />
Il était nécessaire de décrire le pays où devaient se passer les scènes<br />
diverses que nous avons à raconter. Il n'importe pas moins d'indiquer à<br />
l'avance quelle lumière, je veux dire quelle profonde vérité morale éclaire<br />
le point de départ de cette histoire, dans laquelle, ainsi qu'on le verra, la<br />
main de Dieu est apparue visible. Ces réflexions ne retarderont d'ailleurs<br />
que d'un instant notre entrée dans le récit.<br />
C'est, ce semble, une banalité de remar(|uer que tout est contraste sur<br />
cette terre, où sont mêlés ensemble les méchants et les bons, les riches et<br />
les indigents, et où la chaumière du pauvre n'est parfois séparée que par<br />
un simple mur de la demeure d'un personnage opulent. D'un côté, tous<br />
les plaisirs d'un vie facile, doucement organisée au milieu des délicates<br />
recherches du confortable et des élégances du luxe ; de l'autre, les hor-<br />
reurs de la misère, le froid, la faim, la maladie, le douloureux cortège des<br />
souffrances humaines. Autour des premiers les adulations, les visites em-<br />
pressées, les amitiés bruyantes : autour des autres l'indifférence, la soli-<br />
tude, l'abamlon. Soit qu'il craigne l'importunité de ses demandes formelles<br />
ou tacites, soit qu'il redoute comme un reproche le spectacle de cet affreux<br />
dénûment, le Monde évite le pauvre et s'organise en dehors de lui. Le3<br />
riches, se formant en un cercle exclusif que leur orgueil appelle " la bonne<br />
compagnie," considèrent comme n'ayant en quehjue sorte qu'une existence<br />
secondaire et indigne d'attention tout ce qui est en dehoi d'eux, tout ce<br />
qui n'appartient pas à la classe des " gens comme il faut." Lorsqu'ils font<br />
travailler l'ouvrier, lors même qu'ils sont bons et qu'ils secourent l'indi-