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NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library

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<strong>NOTRE</strong>-<strong>DAME</strong> <strong>DE</strong> LOUR<strong>DE</strong>S. 215<br />

—Tu as parfaitement raison, lui r^jpondis-je, et je ferai ce que tu me<br />

dis. Mais il faut avouer que tu es un singulier protestant. Ces jours-ci<br />

tu me prêchais la foi, aujourd'hui tu me prêches les pratiques religieuses.<br />

Les rôles sont étrangement intervertis, et qui nous entendrait, toi, le pro-<br />

testant, moi, le catholique, serait fortement étonné ; et, je Tavoue, hélas î<br />

l'impression produite ne serait pas à mon avantage.<br />

—Je suis un homme de science, répliqua de***Et je veux tout naturel-<br />

lement que, puisque nous faisons une expérience, nous la fassions dans les<br />

conditions voulues. Je raisonne comme si je faisais de la physique ou de la<br />

chimie.<br />

Je le déclare, à ma honte, je ne me préparai point comme me le conseil-<br />

lait si judicieusement mon ami. J'étais en ce moment même dans une<br />

très-mauvaise disposition d'urne : ma nature était profondément agitée,<br />

troublée et inclinée au mal.<br />

.<br />

Je reconnaissais cependant la nécessité d'aller me jeter aux pieds de<br />

Dieu ; mais comme je n'avais point commis de ces fautes matérielles et<br />

brutales, contre lesquelles on réagit soudain, je différais de jour en jour.<br />

L'homme est plus rebelle au sacrement pendant la tentation que lorsque la<br />

faute commise est venue l'abattre et l'humilier. C'est qu'il est plus diffi-<br />

cile de combattre et de résister, que de demander grâce après la défaite.<br />

Qui ne l'a éprouvé ? .<br />

Une semaine environ se passa ainsi ; M. et Mme d *** s'informaient<br />

chaque jour si je n'avais point encore de nouvelles de l'eau miraculeuse?<br />

et si le Curé de Lourdes ne m'avait point écrit. M. le Curé me répondit<br />

enfin, m'annonçant que l'eau de Lourdes avait été mise au chemin de fer<br />

et qu'elle ne tarderait point à me parvenir.<br />

Nous attendions ce moment, avec uue impatience bien concevable; mais,<br />

le croira-t-on ? la préoccupation était beaucoup moins grande chez moi que<br />

chez mes amis protestants-<br />

L'état de mes yeux était toujours le même : impossibiUté absolue de<br />

lire et d'écrire.<br />

Un matin,—C'était le vendredi 10 octobre 1862,—j'attendais M. de***<br />

dans la galerie d'Orléans, au Palais-Royal. Nous devions déjeuner en-<br />

semble. Comme j'étais en avance au rendez-vous, je regardais çà et là<br />

aux boutiques de la galerie, et je lus à la devanture du libraire Dentu<br />

deux ou trois affiches de livres nouveaux. Il n'en fallut point davantage<br />

pour jeter mes yeux dans une fatigue excessive. J'en étais venu à ne<br />

pouvoir pas même arrêter ma vue sur ces gros caractères, sans être saisi<br />

aussitôt par une lassitude invincible. Cette petite circonstance me plongea<br />

dans une profonde tristesse, en me faisant mesurer une fois de plus toute<br />

l'étendue de mon mal.<br />

Dans l'après-midi je dictai trois lettres à M. de*** ; et, à quatre heures,<br />

après l'avoir quitté, je rentrai chez moi. Au moment où j'allais monter<br />

V escalier, mon concierge m'appela.

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