NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library
NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library
NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
<strong>NOTRE</strong>-<strong>DAME</strong> D^î LOUR<strong>DE</strong>S. 193<br />
—Mais comment, monsieur le docteur, n'eûtes-vous point la curiosité de<br />
vérifier par vous-même le fait extraordinaire que vous apprit immédiate-<br />
ment la rumeur publique, qui fut énorme dans ce pays ?<br />
—Ma foi ! monsieur, me répondit-il, je suis un vieux médecin ; je sais<br />
que les lois de la nature ne sont jamais bouleversées ; et, pour vous parler<br />
franchement, je ne crois pas à tous ces miracles.<br />
—Ah ! docteur, vous péchez contre la foi, s'écria l'abbé qui m'avait<br />
servi d'introducteur.<br />
—Et moi, monsieur le docteur, je ne vous accuse pas d'avoir péché<br />
contre la foi, mais je vous accuse d'avoir péché contre la science particulière<br />
que vous professez : la Médecine.<br />
—Comment donc, et en quoi ?<br />
—La Médecine n'est pas une science spéculative, c'est une science<br />
expérimentale. L'expérience est sa loi. L'observation des faits, voilà son<br />
principe premier et fondamental. Si on vous eût dit que Mme Rizan avait<br />
été guérie de la sorte en se frottant avec une infusion de telle ou telle<br />
plante récemment trouvée dans la montagne, vous n'auriez certainement<br />
pas manqué d'aller constat» " la cruérison, examiner la plante et euregistror<br />
une découverte qui vous aurait peut-être parue aussi importante que celle<br />
du quinquina au siècle dernier. Il en eût été de même si cette cure sou<br />
daine eût été produite par quelque nouvelle source sulfureuse ou alcaline<br />
Mais, ici, on parlait d'une eau jaillie miraculeusement et vous n'avez pas<br />
voulu aller voir. Oubliant que vous étiez Médecin, c'est-à-dire le très-<br />
humble serviteur des faits, vous avez refusé de regarder, comme les aca-<br />
démies des sciences qui nièrent la vapeur sans daigner vérifier, et qui<br />
proscrivirent le quinquina au nom de je ne sais quels principes médicaux.<br />
En médecine, quand un fait se présente qui contredit un principe accepté,<br />
c'est la preuve que le principe est faux. L'expérience est le juge suprême.<br />
Et tenez, monsieur le docteur, permettez-moi de vous faire observer que si<br />
vous n'aviez pas eu une vague conscience de ce que je vous dis-là, vous<br />
n'auriez pas hésité à aller vérifier, et vous vous seriez donné le plaisir de<br />
convaincre d'imposture un Miracle qui mettait tout le pays en émoi. Mais<br />
c'eût été vous exposer à rendre les armes. Et vous avez été comme ces<br />
hommes de parti qui ne veulent p?s entendre les raisons de leur adver-<br />
saire. Vous avez écouté vos préventions philosophiques et vous avez man-<br />
qué à la loi de Médecine, qui est d'affronter l'étude des faits, quels qu'ils<br />
soient, pour en tirer des enseignements. Je vous dis ces choses, docteur,<br />
avec d'autant plus de liberté que je sais votre haut mérite, et (|ue je<br />
n'i^more point que votre très-grand esprit est capable d'entendre la vérité.<br />
Beaucoup de médecins refusent de certifier des faits de cette naturre par<br />
respect humain, n'osant braver ni le mécontentement de la Faculté, ni les<br />
railleries des confrères. Quant à vous, docteur, si votre philosophie voua