NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library
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<strong>NOTRE</strong>-<strong>DAME</strong> <strong>DE</strong> LOUR<strong>DE</strong>S. 23<br />
Quelques-uns de ceux qui tenaient ce langage voulurent voir Bernadette,<br />
l'interroger, assister à ses extases. Les réponses de Fenfant furent simple? J<br />
naturelles, sans aucune contradiction, faites avec un accent de vérité<br />
auquel il était impossible de se méprendre, et qui portait dans les esprits<br />
les plus prévenus la conviction de son entière sincérité. Quant aux extases,<br />
ceux qui avaient vu à Paris les grandes actrices de notre temps, décla-<br />
rèrent que l'art ne pouvait aller jusque là. Le thème de la comédie ne<br />
tint pas vingt-quatre heures devant l'évidence.<br />
Les savants, ceux qui avaient laissé d'abord les philosophes trancher la<br />
question, prirent en ce moment le haut du pavé :<br />
Nous connaissons parfaitement cet état, déclarèrent-ils. Rien n'est plus<br />
naturel. Cette petite fille est sincère dans ses réponses, parfaitement sin-<br />
cère ; mais elle est hallucinée ; elle croit voir et ne voit pas, elle croit<br />
entendre et n'entend ^as. Quant à ses extases, également sincères de sa<br />
part, elles ne relèvent ni de la comédie ni de l'art, qui seraient impuissants<br />
à produire de tels résultats ; elles relèvent de la Médecine. La fille Sou-<br />
birous est atteinte d'une maladie ; elle est cataleptique. Un dérange-<br />
ment du cerveau compliqué d'un trouble musculaire et nerveux, voilà toute<br />
l'explication des phénomènes dont le populaire fait tant de bruit Rien<br />
n'est plus simple.<br />
La petite feuille hebdomadaire de la localité, le Lavedan, journal avancé<br />
qui para'if.îsait habituellement en retard, différa son tirage d'un jour ou de<br />
deux pour parler de cet événement, et, dans un article aussi hostile qu'il<br />
sut le faire, il résuma les hautes considérations de philosophie et de méde-<br />
cine élaborées par les fortes têtes de l'endroit. Dès ce moment, c'est-à-<br />
dire dès le vendredi soir ou le samedi, le thème de la comédie était déjà<br />
abandonné devant la clarté des faits, et Messieurs de la Libre Pensée n'y<br />
revinrent plus, comme on peut le constater par tous les journaux d'alors.<br />
Conformément à la tradition universelle de la Haute Critique en matière<br />
de religion, le bon rédacteur du Lavedan commençait par calomnier un<br />
peu et par insinuer que Bernadette et ses compagnes étaient des voleuses:<br />
" Trois enfants en bas âge étaient allées ramasser des branches d'arbres,<br />
" débris d'une coupe faite aux portes de la ville. Ces filles, se voyant<br />
" surprises par le propriétaire, s'enfuirent à toutes jambes dans l'une des<br />
" grottes qui avoisinent le chemin de la forêt de Lourdes." (1.)<br />
C'est toujours de cette façon que la Libre Pensée a écrit l'histoire.<br />
Après cette loyale action, qui témoignait clairement de son bon vouloir<br />
et de son admirable équité, le rédacteur du Lavedan faisait, sans de trop<br />
grosses inexactitudes, le récit des faits mêmes qui se passaient aux Roches<br />
(1.) Le Lavedan du 18 Février 1858. Malgré la date, ce naméro ne parut en réalité<br />
qne le 18 au soir, ou le 20, ainsi que le prouvent, dans le texte, les faits eux-mêmes, et,<br />
aux annonces, un extrait d'un jugement postérieur à la date du Journal.